Massaja
Lettere

Vol. 1

/364/

173

Al barone C. du Havelt
procuratore di M. a Parigi – Parigi

F. 17rM.r le Baron!

Zemie Frontières des Gallas 11. octobre 1852

Après mon départ de Marseille je vous ai écrit dans le voyage plusieurs fois. Dieu sait si mes lettres vous sont arrivées, comme j’écrivis encore à M.r Faugère. Maintenant je vous écris des frontières Gallas, et avant que de marcher dans l’intérieur, quoique je n’ai pas de temps, ni de papier et de tout ce qui est nécessaire, je veux ajouter cette lettre pour vous assurer que je conserve et est gravée dans mon coeur la plus tendre et religieuse amitié pour vous.

Je ne veux pas m’entretenir à vous raconter les aventures de mon voyage, parce que il serait trop long: dans ce cas, vous [f. 17v] pouvez avoir des détails chez le P. Venance, General des Cappucins. Je vous dirai seulement que j’attraversai toute l’Abyssinie à pieds; et pour cela je me suis convaincu que je suis un bon paysan. Dans le Sennar j’eus huit mois les fièvres tout de suite que je suis entré dans ce pays. Dans mon arrivée en Abyssinie je croyais de trouver mes compagnons abbattus par la terrible persécution que nous font les hérétiques: au contraire je les ai trouvés cassés, et plusieurs emprisonnés pour plusieurs mois, mais devenus plus fort qu’auparavant. Ainsi marchent les choses de Dieu. Je suis parti vite de Marseille, sans m’arréter à Rome, afin d’aller consoler mes pauvres compagnons: au contraire ils ont console moi mème à mon arrivée.

À présent je me trouve sur les bords du Nil bleu sud-est du Goggiam chez un brave prince Galla, où je m’exerce dans la langue de ce pays, dont j’ai beaucoup besoin pour m’exercer dans le ministère: à peine arrivé chez ce prince qui ce nomme Workie Jasu j’ai trouvé une personne remarquable du Goudru ici venu pour guérir de maladie chronique de ventricule: je lui appliquai mes soins avec une heureuse réussite: mais ce qui est plus remarquable, est que entré avec lui à causer sur des matières de religion, il a répondu à mes désirs de telle manière, qu’après peu de jours je l’aurais pu baptiser, s’il fut suffisamment instruit. Il a pour moi /365/ une telle affection, qu’il m’a promis de m’accompagner dans son pays, et m’assure que lui et toute sa famille sera Chrétienne, et puis il fera le possible pour réduire à la foi catholique tout le Goudru entier. Si tous les Gallas sont du caractère de ce premier prosélythe, que m’a donne le Seigneur, je serais très heureux: dans tous mes voyages je n’ai jamais trouvé un coeur aussi bon et aussi prompt à recevoir la parole de Dieu.

F. 18r Avant que de laisser l’Abyssinie pour me rendre dans ces pays, où les correspondances sont très difficiles, j’ai établi un de mes missionnaires, le Pére Juste d’Urbin, chargé de correspondre avec les amis et bienfaiteurs pour tout ce qui regarde les besoins de la Mission.

Peut-être le P. Augustin vous écrira pour obtenir une cloche destinée pour le Ras ou Roi de l’Abyssinie. Vous feriez un grand bien si vous vous occupez chez le gouvernement, ou chez le conseil Central de la Propagation de la Foi. etc.

[Fr: G. Massaja]