Massaja
Lettere

Vol. 5

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Al padre Luigi Gonzaga Lasserre da Morestel OFMCap.
missionario apostolico dei Galla – Roma

[Beiruth, 26 aprile 1880]

[F. 1r] Merci de votre bonne lettre datée de Beyrout le 26 Avril. Vous ne sauriez croire combien je languis quand je n’ai pas de vos nouvelles. Nous sommes demeurés si longtemps ensemble – Nous nous sommes tellement habitués à nous communiquer nos pensées qu’aujourd’hui que vous êtes loin, je vous avouerai que le temps m’a duré; je suis également toujours en peine pour vous – Vous êtes seul: je sais bien que vous êtes chez des Frères – Cependant je crains que vous vous gêniez toujours un peu – J’ai déjà écrit au T. R. Père Dominique de vous envoyer de l’argent au plus tòt à Constantinople que vous étiez embarrassé pour continuer votre voyage jusqu’en France. Je dis jusqu’en France puisque c’est décide que le voyage de Rome est renvoyé pour quelque temps – Vous [f. 1v] aurez déjà reçu la lettre du Cardinal et la mienne par laquelle je vous annonçais que le Pape avait approuve votre conduite de vous abstenir pendant quelque temps encore de venir à Rome. En réponse à votre 1.ère lettre de Beyrout par laquelle vous m’annonciez votre projet de venir avec Mgr. Brandolini, je vous ai également écrit soit à Alexandrie, soit à Constantinople –

Depuis lors j’ai vu moi-même le S.t Père qui s’est montré très bon, très affectueux, qui m’a beaucoup demandé de vos nouvelles, de notre captivité, de la Mission; je lui ai fait part de la délicatesse qui vous avait fait un devoir de ne pas venir encore à Rome – Il m’a répondu[:] oui, oui, nous en avons parlé avec le Cardinal – Il est plus prudent qu’il attende encore; car s’il venait et qu’il fut invité à diner, par exemple, il serait embarrassé. Il m’a demandé ensuite si vous désiriez venir à Rome pour y rester – Je lui ai repondu que je ne savais pas, que cela dépendrait du reste des désirs de Sa Sainteté. En somme ici tout le monde est plein de respect pour votre [f. 2r] Grandeur et en parle dans un sens très honorable – A la demande que vous m’aviez faite: si vous deviez envoyer votre démission, /27/ puisque vous n’aviez pas de siège proprement dit, j’ai répondu à la hâte suivant [que] ce qu’il me semble le plus vrai et le plus utile – Depuis lors j’ai consulté et le R.me Père Procureur et le Père General lui-même – Et la réponse de tous les deux a été la même à savoir: que des l’instant que vous étiez résolu à vous décharger de la responsabilità de la mission, quand bien même le Pape pourrait changer comme il voulait les Vicaires Apostoliques – Il était néanmoins dans l’usage et devenu necessaire d’envoyer sa démission par écrit – C’est donc maintenant à votre Grandeur à examiner devant Dieu ce qui peut ètre le plus utile à la Mission [...]

[f. 2v] Monseigneur Taurin m’a écrit un petit mot daté d’Aden de 19 Avril – Il avait été repris de la fièvre et n’avait pu encore s’en débarrasser entièrement, il m’annonçait son départ pour les derniers jours d’Avril – Il doit donc ètre aujourd’hui à Alexandrie – On l’attend ici pour régler la question d’Adenla question des Provinces – chaque province veut avoir sa Mission à part – et il importe d’arranger cette affaire à temps – Enfin la question du Commissariat. Vous voyez par là que Sa Grandeur ne sera pas sans besogne ici – Dieu veuille lui donner la santé nécessaire – Quant à moi gràces a Dieu je ne vais pas mal – par quelques lettres je tâche de relever le moral en France et déjà j’ai recu la demande formelle d’un excellent Père de Toulouse – Un autre ne serait pas éloigné de revenir – [...]

P. S. Le R.me Père Procureur me dit que pour ne pas attendre trop longtemps vous feriez mieux de vous faire prèter à Constantinople et que le Père Dominique rembourserait ensuite.