Massaja
Lettere

Vol. 5

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Al padre Arsenio Berger da Châtel-Montagne OFMCap.
ministro provinciale – Parigi

[F. 1r] † Pax Très Révérend et très cher Père,

Rome, ce 2 Février 85

Combien je suis en retard pour vous remercier de vos fraternelles félicitations! Si ma promotion a eu quelque joie, cette joie consiste en ce que la barretta rossa est devenue un honneur fait à notre Ordre, un encouragement à la vie apostolique des Missions. C’est à titre de missionnaire et de capucin que ma chétive personne a été, par la bienveillance de Léon XIII, appelée à prendre place cum principibus populi sui.

Et maintenant, cher Père Provincial, que vous dire pour votre magnifique « Saint François »? Quelle œuvre grande et belle et bien exécutée! Et comme je comprends la satisfaction et la louange que S. S. a daigné vous exprimer! En lisant votre livre, je faisais une réflexion bizarre peut-être mais bien permise à un vieux missionnaire. Je me disais: Si j’avais eu un aussi beau livre à montrer à mes sauvages Somaulis ou Gallas, ils auraient cru pour sur que le livre était [f. 1v] l’œuvre de leurs dieux. Moi, qui tout en ayant vécu parmi eux, ne suis pas devenu tout à fait sauvage, je me contente de penser et de vous dire, très-cher Père, qu’il est l’œuvre de vrais enfants de S. François, qui ont travaillé, à l’honneur de leur Père et pour la gioire de Dieu, avec un goût exquis, un dévouement inépuisable et un amour tout filial.

Et puisque je vous ai parlé de mes sauvages, j’ajouterai un mot sur deux œuvres qui me les rappellent.

Vous avez recu un paquet de livres, la Relation sur le martyre des PP. Cassien et Agathange. Comme il est à désirer que cette Relation soit connue, en vue de l’introduction possible de leur Cause, je rappelle à V. P. la demande que je lui avais faite, de faire distribuer ces livres, et d’en envoyer un certain nombre à Mgr. de Nantes et à Mgr. de Blois qui ont un intérêt particulier à cette cause.

Le second point dont je veux vous dire un mot, à propos de mes sauvages, est ma Grammaire de la langue amarica. Il parait qu’il y en a encore une [f. 2r] centaine d’exemplaires à Paris. Ils doivent être très-peu utiles là-bas, et ici la Propagande en pourrait tirer parti. S. Em. le Cardinal-Préfet de Propagande, qui a connu ces détails, au courant d’une conversation, m’a exprimé le désir d’avoir ces livres ici. Et je crois même qu’il a l’intention de faire adresser à ce sujet une demande officielle à V. P.

Je vous remercie par avance, cher Père Provincial, de tout ce que vous ferez pour Tun et l’autre de ces ouvrages.

Croyez à mes sentiments d’entière estime et de vraie affection

En N.[otre] S.[eigneur] et S.[aint] Fr.Cancois]
† Fr. G. Card. Massaja Capucin