Antoine Barthélémy Clot-Bey
Aperçu général sul l’Égypte

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Chapitre XVI.

Division du temps, poids, mesures et monnaies usitées en Égypte.

Divisions de l’année. — Poids. — Mesures. — Monnaies.

1. Divisions de l’année. — Les musulmans ne connaissent que l’année lunaire. Aux approches de la nouvelle lune, les muezzins des mosquées les plus élevées passent la nuit au haut des minarets pour observer le moment précis de la nouvelle lune, qui décide du commencement du mois. Les musulmans calculent l’évolution diurne d’un coucher du soleil à l’autre. Leurs mois sont alternativemont de trente et de vingt-neuf jours, et parcourent complètement l’année solaire en trente-quatre ans environ.

Le premier mois de l’année musulmane est le mois de moharrem; il a trente jours. Les mois qui le suivent sont ceux de safer, 29; rabbi-ewel, 30; rabi-akhir, 29; djemasi-ewel, 30; djemasi-akhir, 29: redjeb, 30; chaban, 29; ramazan, 30; chewal, 29; zilkadi, 30; zilhidjé, 29.

/558/ Le 1er janvier de cette année ci, par exemple, correspond au 27 chewal de l’année 1255 de l’hégire, et le premier jour de l’année 1256, commençant le 1er moharrem, correspond au 3 mars 1840.

Le jour du Petit-Baïram est le 1er chewal. Le Grand-Baïram commence le 10 zilhidjé.

Un autre calendrier est suivi dans l’administration en Égypte, c’est le calendrier cophte.

Les cophtes divisent l’année en mois de trente jours; ils font suivre leur dernier mois de cinq jours complémentaires.

Leur année commence par le mois de touth; puis viennent ceux de babé, hatour kiakh, toubé, amchie, baramhat, barancoudi, bachan, baouné, abib, mesré.

Le 1er touth correspond au 10 septembre. Nous sommes dans l’année 1556 de l’ère cophte. L’année 1557 s’ouvrira le 10 septembre 1840. Notre 1er janvier 1840 correspond au 24 kiakh 1556.

Les cophtes, ainsi que les Arabes, comptent leur journée d’un coucher du soleil à l’autre. C’est dans la nuit du 11 au 12 baouné (17 au 18 juin) qu’ils sont dans l’usage de monter sur leurs terrasses pour recevoir la nocta ou rosée, qu’ils prétendent être le produit de la première crue du Nil.

2. Poids. — La base des poids usités en Égypte est la drachme, qui vaut 3 grammes 884 milligrammes. On combine avec la drachme deux sortes de poids qui sont:

Le rotolo, de 144 drachmes; l’ocque, de 400.

/559/ Voici les rapports de ces poids avec ceux des principales places de l’Europe:

Le quintal, composé de 100 rotoli ou 36 ocques, égale:

Livres 141 12/100 de Gènes.
id.   133 20/100 de Livourne.
Id.   99 de Londres.
Rotoli 57 60/100 de Malte.
Kilogrammes 44 47/100 de Marseille.
Livres grosses 95 33/100 de Venise.
 — petites 147 36/100   Id.
Funti 81 72/100 de Vienne et Trieste.

100 ocques égalent:

Livres 392 de Gênes.
Id.   370 de Livourne.
Id.   375 de Londres.
Rotoli 160 de Malte.
Kilogrammes 123 53 de Marseille. [sic]
Livres grosses 259 1/4 de Venise.
 — petites 409 1/3 Id.  
Funti 227 de Vienne et Trieste.

3. Mesures. — La mesure de longueur avec laquelle on mesure les objets de manufactures est le pyk qui vaut 677 millimètres; il se divise en vingt-quatre parties appelées qirrats. Voici son rapport avec quelques mesures d’Europe.

100 pyks = 99 1/2 bras de Brabant, 67 mèt. 70 c. de France, 75 yards d’Angleterre, 116 2/3 bras de Livourne, 33 1/3 cannes de Malte, 97 1/4 bras de Venise.

/560/ La mesure de longueur est la kassaba qui égale 3,15 mètres. La kassaba carrée égale 12,25 mètres carrés.

La mesure de superficie est le feddan, qui vaut 333 1/3 kassabas car., et par conséquent 4083,3333 mèt. car. ou bien 40 ares et 833/1000 d’ares.

La mesure de capacité est l’ardeb; l’ardeb du Caire vaut 184 litres. Il se divise en six oueybehs, et chaque oueybeh en quatre roubs.

4. Monnaies. — La base de la monnaie égyptienne est la piastre composée de 40 paras. Le para se divise en 3 aspres. On sait que les altérations de monnaies ont été jusqu’à ce jour très-fréquentes en Orient; aussi les piastres fabriquées aujourd’hui, pesant une drachme et contenant moitié d’argent et moitié d’alliage, ne valent plus que 25 c. environ.

Les monnaies que l’on frappait anciennement au Caire étaient le kerieh de 9 piastres; le demi-kerieh ou sadieh, de 4 piastres; la piastre et des pièces de 20, 10 et 5 paras.

Le vice-roi a voulu arrêter l’altération des monnaies pour empêcher qu’elles ne fussent exportées. Il a voulu adopter le système décimal; on fait donc aujourd’hui des pièces de 100, de 20, de 10, de 5 piastres en or; et on en fait en argent de 20, de 10, de 5 et de 1 piastre.

Toutes les monnaies qui se frappent au Caire sont au chiffre du sultan. On sait que les musulmans, qui sont iconoclastes, ne mettent pas d’effigies sur les monnaies. Cependant il y a eu quelques califes et /561/ quelques sultans qui avaient frappé les leurs sur leurs monnaies.

Les monnaies qui ont cours en Égypte, outre celles que l’on y frappe, sont:

Le quadruple d’Espagne,

Le sequin de Venise,

Le ducat de Hollande,

Le sequin hongrois,

Les guinées,

La piastre d’Espagne,

Les pièces de 5 et de 20 francs, et surtout le talari d’Autriche qui vaut 20 paras environ.

Fin du deuxième et dernier volume