Antoine Barthélémy Clot-Bey
Aperçu général sul l’Égypte

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Chapitre II.

Histoire naturelle.

§ I.

Minéraux

Composition minéralogique et géologique des montagnes. Nel testo: – Grès. – Calcaire. – Granit. L’ordine corretto è nell’ed. Bruxelles 1840 — Granit — Grès. — Calcaire. — Maitières apportées par les courants. — Lydienne, brèche siliceuse agatifère, caillou d’Égypte. — Brèche verte d’Égypte. — Carrèires d’albâtre. — Émeraudes. — Bois pétrifié. — Pétrifications animales. — Pierres diverses. — Métaux. — Soufre. — Huile de pétrole. — Gypse. — Charbon fossile. — Natron. — Nitre. — Alun.

1. On peut diviser les minéraux de l’Égypte en deux grandes sections: la première comprend ceux qui appartiennent en propre à la formation primitive du sol, et la seconde ceux qui ont été amenés par les divers phénomènes physiques auxquels l’Égypte a dû elle-même l’apport progressif de la plus grande partie du terrain qui la compose.

2. Composition géologique et minéralogique des montagnes. — La première de ces deux divisions est /56/ exclusivement composée des minéraux que renfermeni les chaînes Arabique et Libyque. Ces montagnes présentent au minéralogiste différentes espèces de grès, de calcaires, de granits.

3. Granits. — Aux environs d’Assouan se trouvent ces variétés de granit, si fameuses dans l’antiquité, connues sous le nom de syenits. On trouve dans ce banc minéralogique des syenits rose, phorphyrique, rose et jaune, gris, blanc et noir, gris et rose, veiné et noir; du gneiss phorphyrique, des granits blancs et quartzeux. La plupart des énormes monolithes que nous ont laissés les Égyptiens, les obélisques, les colosses, sont des syenits rouges; on voit aussi beaucoup de statues et de monuments emblématiques d’un moindre volume en syenit noir ou gris. Cette diversité de couleurs des matériaux employés dans l’antique architecture de l’Égypte, produisait, par une variété habilement combinée, les effets les plus heureux.

4. Grès. — Le grès compose les montagnes qui s’étendent depuis Assouan jusqu’à quelques lieues au sud d’Esné, pendant un espace d’environ vingt lieues de longueur. Les couches de grès reposent au-dessus de toutes les autres; vers le sud elles viennent s’appuyer au granit; vers le nord elles se joignent au calcaire. Des poudingues grossiers les séparent du granit. Ce grès, qui, comme on l’a fait remarquer dans les mémoires de l’Institut d’Égypte, se rapproche, pour la composition et l’aspect, de certains grès employés à bâtir dans plusieurs parties de la France, s’en distingue par un grain un peu plus gros et plus /57/ anguleux, et par une plus grande abondance de parcelles de mica. Les teintes qu’il affecte sont grises ou jaunâtres. Les couches, dans les grandes carrières de Gebel Selseleh, vers le milieu des chaînes, où il est d’une qualité supérieure, sont formées de bancs épais. Vers le nord et dans les parties les plus élevées, les bancs deviennent plus minces et ont moins d’adhérence entre eux. Ils sont d’ailleurs superposés horizontalement ou à peu près.

Le grès est la pierre que choisirent les anciens Égyptiens pour leurs constructions colossales. La facilité de son exploitation, la petite distance qui sépare ses carrières du Nil et rendait son transport économique, enfin sa docilité à céder au ciseau du sculpteur, voilà les motifs évidents de cette préférence.

5. Calcaire. — Au nord et au nord-est des terrains de grès, les montagnes sont entièrement calcaires. Les pyramides de Giseh et de Sakkarah ont été construites avec les différentes espèces que présente cette pierre.

6. Matières apportées en Égypte par les courants. — Les vallées, les gorges transversales qui coupent les lignes de montagnes qui encaissent l’Égypte ont presque toujours à leur confluent, dans la vallée principale, des atterrissements formés par les courants. On y trouve tantôt des matières meubles et sans adhérence, tantôt des couches de poudingues et de psammites friables, les uns quartzeux, les autres composés de diverses matières étrangères. On ren- /58/ contre parmi ces pierres des lydiennes, pierres de touche connues dans l’antiquité sous le nom de basanites, et des basaltes verts et noirs, qui ont joué un rôle important dans les monuments. On trouve encore dans diverses parties de l’Égypte, et surtout dans les terrains sablonneux, des poudingues jaspoïdes, et cette espèce de jaspe connue sous le nom de caillou d’Égypte. La brèche siliceuse agatifère de Syène est une pierre qui est aussi d’un haut intérêt. La statue de Memnon, si fameuse dans l’antiquité, a été taillée dans cette sorte de brèche, à la composition de laquelle elle dut sans doute la propriété merveilleuse dont elle jouissait, de rendre des sons harmonieux au lever du soleil (1).

(1) Le fait curieux qui a donné sa célébrité à la statue de Memnon a été confirme dans l’antiquité par des témoignages trop nombreux et trop respectables pour pouvoir être mis en doute. On a cherché à en donner diverses explications. La plus probable est celle qu’a présentée M. de Rozières dans son mémoire sur la constitution physique de l’Égypte. Il est constaté que les granits et les brèches produisent souvent un son au lever du soleil; et quant à la statue de Thèbes, ses rayons, dit M. Rozières, venant à frapper le colosse, séchaient l’humidité abondante dont les fortes rosées de la nuit avaient couvert sa surface, et achevaient ensuite de dissiper celle dont ces mêmes surfaces dépolies s’étaient imprégnées. Il résulta de la continuité de celle action que des grains ou des plaques de cette brèche cédant et éclatant tout-à-coup, cette rupture subite causait dans la pierre rigide et un peu élastique un ébranlement, une vibration rapide, qui produisait le son particulier que faisait entendre la statue.

7. Brèche verte d’Égypte. — Cette brèche, l’une des plus belles pierres qui existent, se trouve dans la vallée qui unit la Haute-Égypte à la mer Rouge et /59/ emprunte son nom de la ville à laquelle elle aboutit, Koceyr; c’est une espèce de poudingue, formé de fragments roulés et arrondis de granit, de porphyre et d’une roche de couleur verte, qui se rapproche beaucoup du pétro-silex. Elle se distingue par sa dureté et la vivacité de ses teintes variées. Elle n’a jamais été très-abondante, on n’en retrouve presque plus en Égypte. Plusieurs morceaux d’art, dont elle a fourni la matière, ont été apportés en Italie. C’est dans cette contrée qu’elle a pris le nom sous lequel elle est connue actuellement: breccia verde d’Egitto. Le fameux sarcophage d’Alexandrie a été taillé dans cette roche.

8. Carrières d’albâtre. — L’albâtre d’Égypte a toujours joui d’une grande réputation. Les anciens en exploitaient une carrière, située entre la mer Rouge et le Nil, à la hauteur de Minieh, à 40 lieues du fleuve et à 15 de la mer. Ils avaient fondé auprès d’elle une ville à laquelle ils donnèrent le nom d’Alabastropolis. C’est cette carrière qui a fourni l’albâtre avec lequel ont été faits les beaux vases antiques que nous admirons encore aujourd’hui.

L’autre carrière est située à huit heures de marche de Benisouef, dans la Moyenne-Égypte. Elle a été découverte il y a peu d’années; son gisement est très-considérable et l’albâtre qu’elle produit est d’une excellente qualité. Ses blocs offrent d’ailleurs l’avantage, grâce à leur proximité du Nil, de pouvoir être transportés économiquement. Le vice-roi en a commencé l’exploitation. Il se sert de ses produits pour /60/ une mosquée qu’il fait construire dans la citadelle du Caire; ce monument religieux est soutenu par de nombreuses colonnes d’albâtre d’une seule pièce, et tous les murs en seront revêtus par des plaques de cette roche magnifque.

9. Émeraudes. — Les anciens ont recherché et vanté l’émeraude d’Égypte par-dessus toutes les pierres précieuses, quoiqu’elle n’occupe pas le premier rang parmi celles-ci. C’était surtout la pureté de sa couleur qu’ils aimaient en elle. « La vue déjà fatiguée se délasse, disait Pline, quand elle se porte sur une émeraude. Nulle autre gemme ne la récrée comme elle par la suavité de sa teinte. » Aussi les anciens se plaisaient-ils à porter l’émeraude en bague, afin de pouvoir y jeter fréquemment les yeux. C’est aux environs de Bérénice, port sur la mer Rouge fondé par Ptolémée Philadelphe, et à peu près sous la même latitude que Syène, que se trouvent les riches mines d’émeraude, exploitées dans l’antiquité; elles sont situées dans le mont Zabarah. M. Cailliaud les a retrouvées récemment. Il en existait une aussi sur la rive gauche du Nil, auprès de Tantah, dans la Haute-Égypte.

10. Bois pétrifié. — On trouve éparses, dans les déserts qui avoisinent la vallée du Nil, beaucoup de pétrifications ligneuses qui frappent par l’aspect primitif qu’elles ont conservé dans leur forme et dans leur couleur. A deux lieues et demie du Caire, derrière le Mokattam, on rencontre dans une vallée sablonneuse et sur une surface d’environ une lieue /61/ carrée, de nombreux fossiles végétaux, restes d’une forêt pétrifiée; les arbres qui la composaient paraissent avoir été des palmiers, des sycomores et peut-être des bambous; il en est qui ont jusqu’à 80 pieds de longueur; l’action du feu a sans doute joué le principal rôle dans la transformation qui a réduit cette forêt à son état actuel.

La vallée du Fleuve sans eau contient également des bois fossiles; il en est de même de la vallée de l’Égarement qui traverse le désert Arabique, depuis les environs du Caire jusqu’à la côte de la mer Rouge à 25 lieues au-dessus de Suez.

11. Pétrifications animales. — Presque toutes les ruches de calcaires ou de grès contiennent en grande quantité des coquilles et des poissons fossiles. On trouve aussi ces pétrifications amalgamées dans les poudingues; mais le ciment peu tenace qui unit les éléments de ces agrégations les laisse s’en détacher quelquefois; et c’est ainsi qu’au pied des montagnes viennent s’amasser les coquilles disjointes et isolées. On en rencontre beaucoup en cet état dans la vallée des Tombeaux, située eu face de Thèbes. Le désert qui avoisine les pyramides en contient de remarquables, connues sous le nom de cornes d’Ammon.

Lorsqu’on creuse dans les couches profondes du sol, surtout dans la Basse-Égypte, on rencontre des bancs entiers de coquilles et d’animaux marins: preuve frappante que la mer, dans un temps peu éloigné encore, couvrait ces surfaces.

/62/ La vallée de l’Égarement renferme des coquilles numismales qui ressemblent à des pièces de monnaie, et dont quelques-unes ne sont pas plus grosses que des lentilles.

12. Pierres diverses. — On trouve encore, dans la vallée de l’Égarement, des pierres à meule, des lapis judaica, petite pierre qui a, comme on le sait, la forme et la grosseur d’une olive. Le mont Baram, situé à l’est et un peu au-dessous d’Assouan, contient une espèce de pierre dont on faisait des marmites, et qui porte, pour ce motif, le nom de pierre ollaire.

13. Métaux. — Le sol de l’Égypte est pauvre en métaux; on en découvre à peine quelques vestiges. In ne renferme pas de mineral de fer. On sait que le Nil charrie dans ses eaux quelques parcelles de ce métal. Il existe près d’Assouan des grès ferrugineux. On a trouvé du cuivre dans le mont Baram. M. Cailliaud en a découvert, ainsi que du plomb, auprès de la mine d’émeraude du mont Zabarah.

14. Soufre, huile de pétrole, gypse. — On supposait l’existence de volcans éteints et de mines de soufre dans la partie de la côte de la mer Rouge qui est située à la hauteur d’Assouan. M. Cailliaud a trouvé en effet une mine de soufre non loin des anciennes exploitations d’émeraudes, dans le Gebel Kebrit. — Sur la côte de la mer Rouge, environ vers le 28e degré de latitude, on rencontre une montagne appelée Gebel-el-Ezeit (montagne de l’huile) au bas de laquelle est une source d’huile de pétrole, bitume li- /63/ quide qui a donné à la montagne le nom qu’elle porte. — Il existe des gisements de gypse sur différents points de l’Égypte. Ils sont nombreux et riches, mais le plâtre qu’ils donnent est de nature assez commune. Sa couleur est grisâtre. Il a du reste beaucoup de densité.

15. Charbon fossile. — L’Ègypte ayant peu de bois, on comprend combien il lui serait avantageux de posséder des mines de houille. Rien ne prouve que l’antiquité en ait connu et exploité. Les savants de l’expédition française ont fait, pour en découvrir, d’inutiles recherches. Les nouvelles explorations ordonnées par Méhémet-Ali n’ont pas produit de plus heureux résultats; on peut induire, d’après la formation géologique du sol, que toutes les recherches que l’on fera pour découvrir des dépôts houillers seront également infructueuses.

16. Natron. — Nous avons parlé du natron que l’on exploite dans les lacs remarquables qui ont emprunté leur nom à cette substance. On avait cru, jusqu’à l’expédition française, que le gisement du natron était un fait particulier à ces lacs. Mais c’était une erreur: on en a découvert, en effet, dans plusieurs parties de l’Égypte. Le natron est exploité dans une vallée de la Haute-Égypte, située à cinq lieues d’Esné. Les plages du lac Mœris en contiennent. Il s’en trouve aussi aux environs d’Alexandrie, près du lac Maréotis, et à l’isthme de Suez. Les caravanes de la Barbarie en apportent, de même que celles du Darfour.

17. Nitre. — Du reste, les substances salines que /64/ le sol de l’Égypte contient en abondance sont l’une des particularités les plus saillantes de cette contrée. Il existe plusieurs gisements de sel gemme, et entre autres, dans le terrain calcaire qui forme le lit du Birket-el-Keroun. La surface du terrain renferme une si grande quantité de principes salins, qu’il n’est pas rare de voir, après des pluies, les murs se revêtir d’une efflorescence nitreuse. Mais c’est surtout dans les nombreux décombres amassés autour des villes que le nitre est répandu dans de fortes proportions. Son extraction donne lieu à une exploitation importante, qui se fait à froid sous la seule influence du soleil, tandis qu’elle nécessite en Europe l’emploi du feu. Voici comment elle a lieu: on jette dans des bassins larges et peu profonds les décombres que l’on a amassés; le nitre se dissout par le lavage; l’eau à laquelle il s’est ainsi mêlé est divisée dans de nouveaux bassins, moins profonds encore que les premiers. Là, sous l’action d’un soleil de 40 à 50 degrés, elle s’évapore et le nitre se cristallise. C’est M. Raffi, chimiste romain, qui, en 1820, a introduit l’usage de ce procédé. De vastes bassins à nitre furent formés d’abord au Caire. Dans la suite, le vice-roi en a établi encore à Giseh, à Sakkarah, à Denderah, à Koum-Ombou, lieux où les décombres abondent.

18. Alun. — On a trouvé, depuis le gouvernement de Méhémet-Ali, des mines d’alun assez abondantes pour alimenter non-seulement la consommation intérieure, mais encore l’exportation.

/65/ 19. L’Égypte ne possède pas de minéraux proprement dits; contrée éminemment agricole, il semble que la nature ait voulu lui défendre de s’adonner à l’industrie, en lui refusant ses auxiliaires indispensables: la houille pour combustible, le fer et le cuivre pour éléments des machines.


§ II.

Végetaux.

Préambule. — Généralités. — Végétation des déserts. — Végétation du sol cultivable de l’Égypte. — Jardins de Choubrah et de Raoudah. — Jardins d’Orient — Forêts. — Acclimatation des plantes méridionales de l’Europe. — Plantes exotiques nouvellement introduites dans les jardins de leurs altesses. — Arbres indigènes. — Arbres étrangers. — Arbres fruitiers indigènes. — Arbres fruitiers et plantes nouvellement introduites. — Plantes céréales graminées. — Céréales non graminées. — Légumes ou plantes potagères. — Plantes textiles ou filamenteuses. — Plantes tinctoriales. — Plantes à graines oléifères. — Plantes fourrageuses — Plantes uliles diverses. — Fleurs et plantes d’agrément. — Pâturages des déserts et des oasis. — Plantes officinales.

20. Préambule. — Les différents écrivains de l’antiquité et du moyen âge (1) n’ont parlé des plantes de l’Égypte que d’une manière très-incomplète. /66/ C’est le célèbre botaniste Delile, venu dans ce pays avec l’expédition française, qui le premier a formé une flore; son important travail laisse peu à désirer. Mais depuis, le gouvernement de Méhémet-Ali ayant établi l’ordre en Égypte, dans les déserts qui l’avoisinent et depuis l’embouchure du Nil jusqu’à la Nubie-Supérieure, a permis aux naturalistes d’explorer sans crainte toutes ces contrées et de compléter l’œuvre de Delile. Si beaucoup de plantes avaient en effet échappé jusqu’à ce jour à leurs investigations, c’est que le manque de sécurité, pour les voyages dans le désert, les avait empêchés de poursuivre et d’approfondir leurs recherches.

(1) Dans l’antiquité:
Hérodote, Strabon, Diodore de Sicilie, Pline.
Dans le moyen âge:
Prosper Alpin et les Arabes.
Plus tard:
Lippi, Nel testo: Forskalle.
Corr. negli Errata
Forskal, etc.

Lors de la création de l’école de médecine d’Abouzabel, l’enseignement de la botanique fut confié à un élève du savant Viviani de Gênes, M. Figari, qui joint à des études profondes un goût décidé pour cette branche de l’histoire naturelle. Depuis douze ans il n’a pas cessé de faire des recherches sur les divers points de l’Égypte: aussi a-t-il découvert vingt-deux espèces nouvelles, qui ont été décrites dans la décade IV de M. Viviani, et une infinité d’autres, communes à diverses contrées. M. Figari a fait également des recherches importantes et des expériences sur l’agriculture. C’est à lui que nous devons, en grande partie, les notes que nous avons recueillies sur la matière qu’ébauche cette esquisse.

Plusieurs des articles indiqués ici sont traités avec plus de développement dans le chapitre de l’agriculture.

/67/ 21. Généralités. — Le nombre des plantes particulières au sol de l’Égypte est très-limité. Ainsi, d’une part, à quelques exceptions près, la flore des pyramides se confond avec l’Atlantique de Desfontaines et avec la Libyque de Viviani. Du côté opposé, à l’est de la vallée d’Égypte, nous trouvons les plantes de l’Arabie de la Flore de Forskal, qui viennent du désert ef finissent par se confondre avec celles qui avoisinent la rive du Nil.

Si nous nous dirigeons au nord-ouest, dans la partie du désert qui s’étend le long du littoral, nous rencontrons des plantes propres au bassin méditerranéen.

En suivant le désert jusqu’à la limite qui touche la Syrie, nous voyons passer dans notre contrée les plantes de la flore palestine. Ainsi on trouve très-communément dans les environs de Gaza, d’El-Arisch et de Belbeys les plantes que M. Olivier décrit dans sa Flore de la Syrie. Il est bien entendu que, dans tout ce que nous venons de dire, nous avons voulu parler des plantes herbacées annuelles et bisannuelles.

Si nous passons au sud de la vallée jusqu’au 26° de latitude, la végétation prend alors un aspect tout parliculier. Les plantes de cette localité font partie de la flore de la Nubie et n’appartiennent plus à l’Égypte.

22. Végetation des déserts. — Les véritables espèces de l’Égypte sont presque toujours isolées dans les déserts arides; il y en a peu dans les vallées que /68/ forme la chaîne du Mokattam. Les espèces particulières qui avoisinent les rives du Nil, les canaux, les lacs, les étangs de la Basse-Égypte sont plus rares encore.

Les plantes des champs n’offrent pas, au point de vue de la science, un grand intérêt; car, comparées à celles d’Europe, elles fournissent peu de variétés, tandis que les plantes des déserts et des vallées que forment les chaînes Arabique et Libyque attirent l’attention de presque tous les naturalistes. Elles présentent d’ailleurs des caractères qui les rapprochent de celles des Alpes.

Les espèces répandues dans les sables sont presque toutes annuelles ou bisannuelles; celles qui persistent un temps plus long sont très-rares. Parmi ces dernières, on compte deux acacias épineux.

Les plantes du désert se trouvent dans de petites régions isolées, sensiblement plus basses que le reste du sol, semblables à de petites vallées d’une forme elliptique plus ou moins allongée, se dirigeant presque toujours de l’est à l’ouest et abritées au nord et au sud. Le désert apparaît à l’œil du botaniste comme une surface où se trouvent éparses de petites îles irrégulières, qui réunissent plusieurs genres et différentes espèces. C’est dans ces lieux qui se couvrent de quelque verdure que les gazelles vont chercher leur pâturage.

On rencontre dans le désert beaucoup de plantes aromatiques. Il y en a qui sont si petites et d’une couleur si peu tranchée qu’elles semblent se con- /69/ fondre avec le sol. L’aspect des végétaux du désert produit encore d’autres méprises. Aussi quelquefois ou prend de loin pour un arbre un tout petit arbrisseau; souvent, à cause des illusions du mirage, on croit voir les cimes des plantes dominer la surface des eaux.

En parcourant le sol, à l’époque des rares pluies de l’hiver, l’eau forme de petits sillons et porte en suspension un peu d’argile, de l’oxyde de fer et différentes semences. Ces diverses matières se ramassent dans de petites îles qui sont plus basses que le reste du sol. Les vents concourent aussi à réunir dans ces lieux d’autres semences qu’ils apportent souvent des régions éloignées. La saison de la végétation, qui commence au mois de février, arrivée, les germes se développent, les plantes bisannuelles poussent leurs feuilles, et tout est en fleurs aux mois de mars et avril. En mai, la végétation s’arrête; en juin et pendant tout l’été, on ne voit plus que des plaines arides.

Les plantes du désert sont d’un vert blanchâtre, leur tissu est ordinairement sec. Elles sont peu succulentes, Nel testo: Elles sont ... dicotylédon.
Corr. negli Errata
presque toutes dicotylédones, plus ou moins couvertes de poils ou d’aspérités, peu élevées au-dessus du sol, pourvues d’une racine très-profonde, quelque fois filiforme et s’élendant très-loin.

L’arbrisseau qui se trouve le plus fréquemment dans le désert à l’état sauvage est le seyal des Arabes (acacia seyal de Delile, Flore égyptienne), qui est peu élevé, presque sans feuilles, armé de longues et fortes /70/ épines d’un blanc d’argent. Ses branches touffues sont couvertes d’un épidémie rude, écailleux, d’un rouge foncé, et portent rarement des fleurs. Cet arbrisseau est ordinairement entouir de sable très-fin, qui s’accumule à son pied et finit par s’élever jusqu’à la moitié de sa tige. Il arrive que ces acacias sont entièrement recouverts, et alors ils servent de noyaux à des agglomérations de sables.

On voit rarement le palmier à l’état sauvage. On le rencontre cependant quelquefois dans le désert et dans les vallées du Mokattam. Il est peu élevé et couvert de vieilles frondes épineuses et permanentes, pliées et pendantes vers le sol. Du sommet naît une touffe de frondes d’un vert clair, très-rudes au tact. Ce palmier ne porte presque jamais de fleurs, et quand il en a, il ne produit que de mauvais fruits. Les corbeaux et une grosse espèce de charançon vont faire leurs nids dans ses frondes.

23. Végétation du sol cultivable de l’Égypte. — La fertilité de l’Égypte et la richesse de ses produits ont été renommées dans tous les temps: la terre, le ciel et le travail de l’homme concourent à lui mériter cette réputation.

Il est inutile de s’appesantir sur les bienfaits dont le sol de l’Égypte est redevable à l’inondation du Nil; j’en ai déjà parlé. Il me suffit de dire que le limon, qui, à lui seul, ne formerait pas une très-bonne terre végétale, en compose, au contraire, d’excellente, lorsque le labour l’a mêlé avec le sable. Quant à la terre trop sablonneuse, elle ne convient qu’aux plantes dont /71/ les racines légères et déliées peuvent s’insinuer sans efforts dans cette sorte de terrain. La terre argileuse d’alluvion qui compose le sol cultivable de l’Égypte est presque partout mêlée de substances salines favorables à la végétation des plantes robustes.

Le climat de l’Égypte seconde puissamment par sa chaleur l’action fécondante des eaux du Nil. L’état atmosphérique, la lumière. etc., ont le même résultat; aussi voit-on d’immenses champs qui fleurissent d’eux-mêmes, et n’ont presque rien à réclamer des secours de l’art. Le travail des champs se fait avec la plus grande facilité, en très-peu de temps et exige peu de bras.

Servis par des agents naturels aussi heureux, les propriétaires du sol de l’Égypte sont donc entièrement responsables du plus ou moins de profit qu’ils en retirent. Sont-ils ignorants et paresseux, ils laissent se gaspiller les faveurs que la nature leur offre. Sont-ils, au contraire, industrieux et intelligents, ils en tirent un admirable parti, et c’est ce que nous voyons aujourd’hui. En effet, si l’Égypte se trouve couverte d’arbres de différentes espèces, qui forment comme des forêts aux environs du Caire et dans le Delta, elle le doit à l’homme de génie qui la gouverne. Le vice-roi a fait planter en très-peu d’années seize millions de pieds d’arbres dans la Basse-Égypte. Ibrahim-Pacha a doté lui aussi, à ses frais, la vallée du Nil d’immenses plantations. Elle doit à ses soins cinq millions mille cinq cent trente-quatre arbres forestiers, de vingt-cinq espèces différentes; cinq cent /72/ quatre vingt-six mille deux cent quinze arbres fruitiers de quarante et une espèces et de sept cent trente-quatre variétés. Il y a quelques années, le nombre des espèces d’arbres propres à cette contrée ne s’élevait pas à plus de douze. Il n’y avait guère que dix-huit espèces d’arbrisseaux au-dessus de deux pieds d’élévation. On les trouvait éparses vers les rives du Nil et autour des sakiès.

24. Jardins de Choubrah et de Raoudah. — C’est surtout par la création de magnifiques jardins que le vice-roi et son fils ont favorisé les progrès de l’agriculture et de l’horticulture. Les plus importants de ces jardins sont ceux de Choubrah et de Raoudah: le premier est situé auprès du Nil, à environ une lieue audessus du Caire. Une très-belle allée d’arbres ombrage l’espace qui le sépare de cette ville, et lui sert d’avenue. Ce jardin contient une maison de plaisance du vice-roi, joli édifice bâti dans le style byzantin et dont l’intérieur est très-remarquable par la richesse de l’ameublement et le goût qui a présidé au choix et à la distribution des ornements qui le parent. A l’extrémité du jardin opposée au palais, Méhémet-Ali a fait construire un élégant kiosque, bâtiment carré de près de mille pieds de tour, soutenu par des colonnes de marbre ou d’albàtre oriental, et dans l’intérieur duquel un large bassin en marbre de Carrare, alimenté par l’eau d’une sakiè, entretient constamment une délicieuse fraîcheur. Pendant la nuit, un appareil de gaz, dont la direction a été confiée à un Anglais, répand /73/ dans ce bel édifice ses abondantes clartés. Du reste, le jardin est en harmonie avec les brillantes constructions qu’il renferme. Une riche végétation anime son enceinte; on y voit de nombreuses espèces d’arbres fruitiers, d’arbres étrangers précieux par leur rareté, et de plantes odoriférantes qui composent un ensemble agréable et varié. Il est traversé par des allées semblables à celles des jardins de l’Europe.

La petite île de Raoudah, dont la fertilité a été de tout temps célèbre, doit à Ibrahim-Pacha de nouveaux embellissements. Ce prince intelligent en a fait l’acquisition. Il l’a divisée en deux jardins, dont l’un dirigé d’après le système d’horticulture anglaise et l’autre d’après le système français. Deux habiles jardiniers sont à leur tête. Cette île réunit aujourd’hui la plupart des plantes de l’Europe, de l’Amérique et des Indes.

25. Jardins d’Orient. — On connaît la renommée des jardins orientaux. Les Mille et une Nuits les ont rendus populaires parmi nous, et, dans le milieu fantastique à travers lequel ils apparaisssent à notre imagination, ils exhalent de tièdes parfums de poésie. L’espèce de culte idéal dont les Arabes les ont entourés est facile à comprendre: habitants de contrées arides, soumises à une température embrasée par les feux du soleil tropical, ils ont dû regarder la végétation puissante et l’épaisse verdure comme de splendides merveilles, les ombrages qu’elles prodiguent, l’eau qui les vivifie et entretient leur suave fraîcheur, comme un adorable bienfait de Dieu, et /74/ enfin, comme une céleste jouissance, le repos auquel invitent toutes ces délices aimées. Aussi ont-ils placé le paradis au milieu de ces objets de leurs rêves les plus doux, et ont-ils choisi un jardin pour théâtre éternel du bonheur qui ne finit pas.

Les jardins de l’Orient ne ressemblent en rien à ceux de l’Europe; chez eux, point de symétrie savante, rien qui rappelle nos parterres de fleurs artistement dessinés, ni les combinaisons non moins recherchées que présentent les jardins anglais. Ils sont composés d’arbres fruitiers ou d’agrément, plantés sans régularité et confondant étroitement leurs rameaux, dont jamais la serpe ne diminue le nombre ou ne gêne les capricieuses allures. Les bosquets que forment ces vergers touffus sont quelquefois si épais qu’on ne peut passer sous leur voûte qu’en penchant le corps jusqu’à terre. On dirait que les profondeurs attrayantes de ces retraites presque impénétrables ont été ménagées pour les mystères amoureux. Le citronnier, le limonier, l’oranger, le figuier, le sycomore, le dattier, etc., se pressent dans les jardins de l’Égypte; des fleurs forment souvent au milieu d’eux des berceaux odoriférants; des eaux nombreuses jaillissent dans les bassins, et vont, en se répandant en ruisseaux sinueux, baigner les pieds des arbres; au milieu des groupes verdoyants s’élèvent les élégants pavillons, connus sous le nom de kiosques.

Tous les Turcs quelque peu riches ont des jardins de ce genre, quelquefois dans l’intérieur des villes, /75/ et c’est alors au milieu d’eux qu’ils placent leurs harems, mais plus souvent à la campagne. Les plus beaux de ces jardins se trouvent dans le Delta et surtout dans le Fayoum.

26. Forêts. — On a prétendu que, dans l’antiquité, l’Égypte a contenu des forêts. Si on a entendu dire qu’elles se trouvaient sur le sol cultivable, cette opinion est peu probable; car ce terrain est trop fécond pour qu’on ait jamais pu songer, dans aucun cas et dans aucune de ses parties, à n’en retirer que du bois. Mais quelques écrivains ont avancé que les montagnes qui encaissent le Nil ont jadis été couvertes d’arbres; cette assertion n’est pas moins erronée. Il suffit en effet de jeter un coup d’œil sur ces montagnes pour se convaincre qu’en aucun temps elles n’ont été recouvertes de terre végétale; entièrement nues, on ne trouve pas même de broussailles sur leur aride surface. Or, si elles eussent jamais eu de la terre, elles devraient en avoir encore, car rien n’aurait pu l’enlever, puisqu’elles ne reçoivent presque pas de pluie; si d’ailleurs elles avaient été boisées, ces pluies n’auraient pas suffi à entretenir la végétation, et enfin les arbres qui les auraient ombragées auraient laissé quelques vestiges, quelques débris; mais les bois antiques qui ont été conservés sont ceux du sycomore et d’autres arbres qui ne peuvent vivre que dans les terres profondes et arrosées.

Il n’existe en Égypte d’autres forêts naturelles que celles de dattiers. On en trouve en assez grand nombre dans la partie orientale de la Basse-Égypte, /76/ dans la province de Charkyè, sur la route d’El-Arisch, à Salahyeh, à Belbeys. Les environs du Caire en contiennent quelques-unes, et entre autres celles qui sont situées au-dessus de Giseh, sur l’emplacement où fut Memphis, près de Moknan. On en rencontre une autre à Birket-el-Haggi (étang des pèlerins), non loin de Kankah. Ce fut là que commença la défaite du grand vizir, qui valut à Kléber la grande victoire d’Héliopolis.

27. Acclimatation des plantes de l’Europe méridionale. — La température et la nature du sol de l’Égypte conviennent parfaitement à l’acclimatation et à la naturalisation des plantes méridionales des deux hémisphères. On pourra donc, en se servant de l’Égypte comme d’un point intermédiaire, parvenir à naturaliser facilement en Europe les plantes des Indes.

La végétation présente un précoce développement qui se fait remarquer principalement sur les plantes méridionales d’Europe. Aussi ces plantes vivent-elles moins de temps que dans leur propre pays. Leurs fruits sont très-abondants, mais petits et peu savoureux; et, quoique la greffe les ait améliorés, il arrive toujours qu’ils finissent par dégénérer après quelques années.

Il en est de même pour les plantes potagères introduites dans l’horticulture d’Égypte, qui donnent presque toutes de mauvaises semences.

Ainsi, les pommes de terre d’Europe se reproduisent avec abondance; mais, la seconde année, la /77/ récolte faite avec les pommes de terre du pays est de beaucoup inférieure à la première.

Les graines de betterave d’Europe donnent, la première année, une récolte prodigieuse, et je puis affirmer que des betteraves du pays pèsent jusqu’à un kilogramme et qu’elles sont pourvues de beaucoup de substance sucrée. Mais la seconde année, les semences donnent une plante très-développée avec une racine presque nulle et peu sucrée.

Peut-être, avec le temps, obtiendra-t-on de meilleurs résultats, en faisant de nouvelles observations et en apportant des soins à cette sorte de culture.

28. — Plantes exotiques nouvellement introduites dans les jardins de Leurs Altesses.

L’Arbre à Campêche des Indes, qui est très-répandu et en plein développement.

Le Terminalia des Indes. On en cultive deux gigantesques espèces qui réussissent très-bien.

Le Cercis siliquastrum.

Le Micocoulier de Provence.

Le Tinka des Indes.

Le Santal Blanc.

L’Arbre à Tamarin.

Le Cafeyer. — Il s’est difficilement acclimaté; il est cependant aujourd’hui plusieurs arbrisseaux qui ont obtenu un beau développement. On en voit, en effet, dans les jardins particuliers d’Ibrahim-Pacha, qui ont atteint, en pleine terre, de 12 à 15 pieds de hauteur, et produisent un assez grand nombre /78/ de grains de café. Il est probable que cette culture réussirait mieux dans la Haute-Égypte; car, par sa latitude comme par la nature de son sol, cette région est celle qui a le plus d’analogie avec l’Yémen.

La Plante à bambou des Indes, devenue très-belle ei qui s’est beaucoup répandue.

Les Amomacées.

Les Myrtacées, qui offrent les genres les plus rares.

Les Laurinées: l’arbre de la cannelle, du camphre, etc.

Les Apocynées: la noix vomique et plusieurs autres espèces.

Les Orchidées d’Amérique: la précieuse vanille, qui prospère parfaitement, comme plante parasite, sur un gros mûrier.

Les Nymphéacées: le nelumbium speciosum, qui garnit les bassins conjointement avec les nymphées de l’Égypte.

La Thalia dealbata se trouve aussi parmi ces deux plantes aquatiques.

Cette dernière plante et plusieurs autres ont été envoyées du jardin botanique de Montpellier par M. le professeur Delile.

La Phytolacca dioïca, qui devient colossale.

Le Convolvulus patata, Linn., la pomme de terre de l’Yémen, qui réussit parfaitement et sera un nouveau légume pour l’Égypte.

Le Topinambour d’Europe, qui se propage très-bien.

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29. — Arbres indigènes.

Acacia (Acacia Lebbekk, Wildenof), Lebekh des Arabes.

C’est un des arbres qui prospèrent le mieux en Égypte; il y devient très-beau; il est couvert presque toute l’année de feuillages qui forment un ombrage charmant. C’est le plus joli arbre de l’Égypte et celui qui croit le plus rapidement. Aussi le choisit-on de préférence pour les plantations publiques, où on le répand avec profusion. Son bois est de bonne qualité: on s’en sert pour le charronnage et la menuiserie.

Gommier d’Égypte (Acacia nilotica, Wild.), Sanl des Arabes.

Cet arbre croit dans toutes les parties de l’Égypte. Il acquiert dans la et la Moyenne un plus beau développement que dans la Haute. Mais il y rachète la supériorité de sa forme par l’infériorité de ses produits. Ce n’est guère que dans la Thébaide qu’il donne de la gomme; là il est rabougri et sa tige tortueuse est peu élevée. Du reste, ce n’est pas encore le climat de la Haute-Égypte qui lui suffit; car il ne devient réellement productif que dans la Nubie. Le bois de cet arbre est excellent; sa dureté le rend très-propre à être employé dans la construction des barques. L’Acacia nilotica est surtout cultivé pour son bois dans la Basse-Égypte. On emploie fréquemment ses fruits triturés pour le tannage de toute espèce de peau.

/80/ Acacia odorant (Acacia farnesiana), en arabe Felneh.

Il porte des fleurs depuis le mois de décembre jusqu’au mois de mars; l’odeur qu’elles répandent est suave. Il s’élève jusqu’à 18 ou 20 pieds. C’est un arbre que l’on ne trouve à peu près que dans les jardins.

Azedarach (Melia Azedarach, Linn.), Zenzalacht, arabe.

Cet arbre croît en abondance; son bois est recherché.

Peuplier blanc (Populus alba, Linn.), Hour, arabe.

Peuplier noir (Populus nigra, Linn.), Baqs, arabe.

Ces deux arbres sont cultivés dans la Basse-Égypte, mais ne sont pas très-répandus; on ne les trouve guère que dans les jardins.

Cyprès (Cupressus semper virens, Linn.), Saroù, arabe.

Les cyprès sont assez abondants; on en forme des avenues; ils croissent avec une très-grande rapidité, et, la seconde année après laquelle ils ont été semés, on les voit atteindre de 6 à 7 pieds de hauteur. Ces arbres ne sont pas en Orient, comme en Europe, un symbole de tristesse, l’ornement spécial des cimetières.

Pin d’Alep (Pinus Halepensis, Miller), Senon bac, arabe.

Il est très-multiplié.

Mûrier blanc (Morus alba, Linn.), Toud-Beledy, arabe.

/81/ Mûrier noir (Morus nigra, Linn.), Toud-Chomi, arabe.

Plus de trois millions de pieds de mûrier sont cultivés aujourd’hui dans la Basse-Égypte, sur une surface d’environ dix mille feddans. Les mûriers bourgeonnent on janvier; ils sont en plein développement vers la mi-février. Le climat de l’Égypte leur est très-favorable, ils y prennent en très-peu de temps un bel accroissement (1). Les mûres noires sont cueillies et vendues. Le peuple les aime beaucoup.

(1) Voir pour plus détail le chapitre consacré à l’agriculture.

Olivier d’Europe (Olea Europea, Linn.), en arabe Zeytoum.

L’olivier paraît avoir existé en Égypte dès la plus haute antiquité. La fertile province du Fayoum en contient un grand nombre. Il en est qui sont si développés, qu’ils paraissent antérieurs à l’invasion arabe depuis laquelle il n’avait plus été fait de plantation dr cet arbre, jusqu’à ce jour.

Quoique le sol de l’Égypte se prêtât merveilleusement à la culture des oliviers, puisque, après la troisième année qu’ils y ont été plantés, ils portent déjà des fruits, cet arbre précieux avait été négligé par les Arabes. Méhémet-Ali n’eut pas de peine à comprendre tout l’avantage qu’il pourrait en retirer, soit en affranchissant l’Égypte de l’importation d’huile à laquelle elle est soumise encore, soit en procurant au peuple égyptien un aliment de plus. Aussi a-t-il fait faire depuis plusieurs années de nombreuses /82/ plantations. Ibrahim-Pacha possède près de cent mille pieds d’oliviers dans ses propriétés. Les olives d’Égypte sont grosses et charnues.

Saule (Salix subserrata, Wild.), Saf-saf.

Saule pleureur (Salix babylonica, Linn.), Saf-saf.

Les deux espèces sont très-multipliées. On en fait du charbon, employé par le gouvernement à la fabrication de la poudre.

Orme commun (Ulmus campestris), Khar-kasty.

Myrte commun (Myrtus communis), Mersyn.

Cet arbuste est cultivé dans les jardins. Ses rameaux sont vendus aux juifs, qui s’en servent pendant leurs fêtes.

Tamarin (Tamarix gallica, Tamarix orientalis, Linn.), Alleh, Tarfeh, Abel; arabe.

Cet arbre est surtout cultivé pour donner de l’ombrage; on le trouve autour des sakiès. Son bois fournit du charbon; on se sert de ses excroissances pour la teinture noire. On les emploie encore pour le tannage.

30. — Arbres étrangers.

Les jardins, et surtout ceux d’Ibrahim-Pacha à Raoudah, contiennent:

Le Bouleau commun (Betula alba, Linn.);

Le Micocoulier de Provence (Celtis australis, Linn.);

Le Micocoulier d’Amérique (Celtis occidentalis, Linn.);

Le Badamier (Terminalia catappa, Linn.);

/83/ Le Gainier, arbre de Judée (Gercis siliquastrum, Linn.);

Le Sterculier à feuilles de platane (Sterculia platanifolia);

L’Érable sycomore (Acer pseudo-platanus, Linn.);

 — platane (Acer platanoides, Linn.);

 — champêtre (Acer campestre, Linn.);

 — à feuilles de frêne (Acer negundo, Linn.);

Le Filaria à larges feuilles (Phillarea latifolia, Linn.)

On trouve encore dans les jardins de la Basse-Égypte:

Le Platane d’Orient (Platanus orientalis, Linn.), arbre assez répandu;

Le Frêne à fleurs (Fraxinus ormus, Linn.), Lesan el Asfour;

Le Frêne commun (Fraxinus excelsior, Linn.);

Le Robinier faux acacia (Rubinia pseudo acacia, Linn.);

Le Févier d’Amérique (Gledilschia triacanthus, Linn.);

Il en existe diverses variétés récemment introduites et dont on forme des haies.

L’espèce de Peuplier appelée par Linné Populus tremula.

Différentes espèces de Cyprès (Distica, Pendula, Horizontalis) qui sont très-nombreuses.

Le Pin Sylvestre (Thuya orientalis, — occidentalis, Linn.); ces deux espèces sont très-répandues dans tous les jardins.

/84/ Chêne (Quercus); on en trouve un petit nombre.

Toutes ces plantes réussissent bien et sont transplantées des jardins dans les champs.

En général les plantes ligneuses s’acclimatent et se naturalisent très-facilement, pourvu qu’elles soient bien soignées dans les premiers temps. Il faut qu’elles soient placées dans des lieux convenables, ombragés, dans un terrain léger, humide, bien nourri. À ces conditions, les semences germent, les plantes se développent, et l’on peut, après trois ans, les mettre dans les parcs où elles prospèrent.

Il est suprenant que le tilleul et le laurier-cerise n’existent pas encore en Égypte; le châtaignier des Indes ne s’y trouve pas non plus.

Le Ben (Moringa oleifera, Linn.), arbre très-répandu dans la Nubie et l’Yémen, où il est vanté pour les propriétés médicinales de la noix qu’il produit, a été introduit par Ibrahim-Pacha, il y a environ quinze ans, il s’est beaucoup propagé depuis.

31. — Arbres fruitiers indigènes.

Amandier (Amygdalus communis), Louz.

Les deux variétés qui produisent les amandes douce et amère sont cultivées; mais elles sont peu abondantes et leurs fruits de médiocre qualité.

Bananier (Musa paradisiaca), Mouz.

On ne le trouve que dans la et Moyenne-Égypte, encore n’est-il guère cultivé que dans les jardins. En pleine terre, le tronc herbacé, qui porte les /85/ immenses feuilles du bananier, serait trop exposé aux coups de vent. Les figues bananes sont de très-bonne qualité; mais c’est un fruit encore rare et recherché que l’on voit seulement sur la table des personnes riches ou aisées.

Dattier ou Palmier (Phœnix dactylifera, Linn.), Les Égyptiens donnent à la femelle le nom de Nakhleh et au mâle celui de Dakar.

Le dattier est l’arbre que l’on rencontre le plus souvent sur tous les points de la Haute et Moyenne-Égypte. Il croit aussi dans les oasis et il s’élève jusque sur les limites du désert. Il a existé de tout temps en Égypte; les chapiteaux des colonnes des anciens monuments paraissent n’être qu’une imitation du bouquet évasé que forment ses palmes et ses frondes. Cet arbre vient sans culture; mais, pour en obtenir de beaux fruits, il faut en arroser le pied et le tailler annuellement. Les dattiers sont souvent réunis en forêts immenses, où on les compte par centaines de mille. L’aspect de ces forêis est majestueux et mélancolique; lorsqu’on les parcourt, on se croirait sous les voûtes d’un temple sévère. A voir ces troncs nus et allongés s’élancer à des hauteurs de 60 à 80 pieds, on dirait les colonnes légères et hardies que l’architecture du moyen âge répand dans ses édifices avec une si riche profusion. Les touffes larges et épaisses qui couronnent ces fûts effilés marient entre elles leurs palmes en élégantes ogives, et achèvent de compléter cette poétique ressemblance.

On compte vingt-quatre espèces de dattiers, qui /86/ se distinguent surtout les unes des autres par la couleur, la forme, le volume et la qualité de leurs fruits. On peut les diviser, sous le rapport de la couleur, en trois catégories: ceux qui produisent des dattes de couleur rougeâtre, ceux à fruits jaunes et ceux dont les fruits sont blanchâtres.

Le palmier isolé a un aspect gracieux. Il est curieux de voir, au milieu du panache de frondes qui le surmonte, suspendues à la base des palmes, d’énormes grappes qui fournissent ensemble plusieurs quintaux de dattes. Ce fruit est, comme on le sait, excellent, très-sucré, et, par cela même, très-nutritif. On en trouve de diverses qualités. Celles de la Haute-Égypte et des oasis sont les plus délicates. Elles commencent à mûrir, dans la Haute-Égypte, vers la fin du mois de juin, et, à peu près un mois plus tard, dans le reste de la contrée. On ne les laisse pas mûrir sur l’arbre. Après les avoir cueillies et les avoir gardées assez longtemps pour qu’elles puissent arriver au point de maturité convenable, on va les vendre dans les villes, ou tout le monde s’en nourrit. Mets économique, à la portée des plus pauvres, on peut dire que la datte est un bienfait du ciel pour les habitants malheureux de l’Égypte. Toutes les dattes ne sont pas mangées dans leur état de fraîcheur; il en est que l’on pétrit en pain que l’on consomme dans le courant de l’année. On tire des dattes trois liqueurs, qui forment des espèces d’eau-de-vie, de vinaigre et de sirop de mélasse.

Ce n’est pas seulement à cause de ses fruits que /87/ le palmier est un arbre béni; toutes les parties qui le composent sont utilisées; toutes rendent les plus grands services.

Avec les feuilles on prépare des nattes. On fait aussi avec elles des corbeilles qui servent aux usages domestiques, et de jolis chasse-mouches, que l’on apporte quelquefois en Europe comme objets de curiosité.

Les gaines membraneuses de la base des feuilles ont des fibres appelées lyf, dont ont fait des cordes qui servent aux usages de l’agriculture, aux transports, etc.

Les grappes fournissent aussi des cordes. On les déchire, on les bat pour en séparer les fibres, qui sont longues et très-tenaces; on les tord avec des feuilles minces de dattier, et l’on obtient ainsi des cordes trèslisses.

On se sert des branches pour les placer entre les poutres, dans la couverture des maisons, en guise de planches et de travelles. On fait encore avec elles des cages pour la volaille ou le gibier; on forme aussi, en les travaillant de la même manière, des lits, des chaises, des grillages, etc., etc.

La grosse extrémité de la palme, qui est attachée à l’arbre, est filandreuse: on la bat avec une niasse, on en écarte les fibres, et l’on en fait des balais.

Lorsque le dattier est en fleur, les pistils produisent une espèce de filament qui est plus épais que le crin du cheval, auquel il ressemble. Il est crêpé. /88/ On s’en sert dans les bains pour frotter et savonner le corps.

Le tronc du dattier est le bois qui est employé ordinairement comme poutre dans la construction des maisons et les autres travaux qui en nécessitent l’emploi. Ces poutres se plient très-facilement lorsque le bois est encore frais; mais elles résistent très-bien plus tard.

Enfin les noyaux des dattes servent de combustible, et en outre on les donne à manger aux chameaux.

On comprendra aisément qu’un arbre aussi utile que le dattier doit être rarement sacrifié. On ne coupe en général que les palmiers qui ne portent pas de fruits. Lorsqu’on les abat, au sommet du tronc où les palmes se réunissent, on trouve une substance bonne à manger, d’un pied de longueur, appelée le cœur du dattier; elle est formée de couches écailleuses superposées; elle est blanche, tendre et de la consistance d’une amande fraîche, dont elle a le goût. Les Arabes en sont très-friands. On l’envoie en cadeau, et ce petit présent est beaucoup apprécié.

On sait que les dattiers n’ont d’autres branches que les longues palmes qui s’épanouissent en parasol au sommet de la tige, et qui sont placées circulairemeni par cinq ou six rangées. Chaque année on taille la rangée inférieure de ces palmes: de là les grosses écailles, dressées de bas en haut, qui couvrent toute la surface de l’arbre. C’est par le nombre de Pagina numerata erroneamente 99 /89/ ces anneaux écailleux qui entourent le tronc que l’on peut supputer l’âge d’un dattier; il n’est pas rare d’en trouver dont l’existence remonte à plusieurs siècles.

On conçoit que l’on ne peut monter sur un arbre dont le tronc est si élevé de la même manière que sur les autres. Aussi les Égyptiens emploient-ils, pour arriver au sommet du palmier, un moyen spécial: ils nouent autour de leur corps et du dattier une corde, dont le milieu est élargi, en forme de fronde, s’asseyent sur cette partie, posent leurs pieds sur les aspérités écailleuses de l’arbre comme sur des échelons, et, s’aidant des pieds et des mains, font remonter peu à peu la corde, en l’accrochant aux crans que présente le tronc. Ils emploient le même moyen, en sens inverse, pour redescendre.

Doum (Crucifera thebaïca, Delile), Doum des Arabes.

Le doum diffère essentiellement du palmier ordinaire, d’abord parce que son tronc est lisse, ensuite parce qu’il se divise en deux grandes branches, qui se subdivisent à leur tour, et dont les rameaux ont aussi leurs bifurcations. Ses fruits sont de beaucoup différents de ceux du dattier: comme ces derniers, ils se suspendent en grappes; mais ils ont à peu près la grosseur d’une orange d’une forme irrégulière et un peu allongée. Ce fruit est couvert d’une enveloppe rougeàtre, sous laquelle on trouve une substance spongieuse d’une saveur sucrée, mais fade. Au centre est un noyau assez gros. Cet arbre donne /90/ des fruits deux fois par an. Il n’y a pas de doums dans la et Moyenne-Égypte; ce n’est guère qu’à 70 lieues du Caire qu’on commence à le rencontrer, aux environs de Tantah. Il est loin d’avoir le même degré d’utilité que le palmier.

Sycomore (Ficus sycomorus), Gimmeyz, arabe.

C’est l’arbre le plus gros de l’Égypte; il paraît y être indigène; car les historiens de l’antiquité en ont parlé et les caisses de momies sont toutes faites avec son bois. Il acquiert un développement tel que l’on en voit qui ont de 20 à 30 pieds de circonférence. Son tronc est ordinairement très-court; ses branches s’étendent presque horizontalement et forment de superbes ombrages. Ses feuilles ont une très-belle verdure, qu’elles conservent toute l’année; les anciennes ne tombent en effet que lorsque la saison amène les nouvelles. Cet arbre est donc providentiel pour un pays chaud. Il produit des espèces de figues; mais, par une singularité remarquable, elles ne sont pas suspendues, comme les fruits des autres arbres, aux extrémités des branches; elles naissent sur le tronc même et sur les branches les plus grosses. Ces figues sont de couleur jaune; elles ont la même forme que celles des figuiers ordinaires; mais il s’en faut de beaucoup qu’elles soient aussi savoureuses. C’est au mois de juillet qu’elles commencent à mûrir: afin de les faire parvenir plus tôt au point de maturité convenable, lorsqu’elles ont atteint leur grosseur naturelle, on en coupe la partie supérieure, et, dans /91/ peu de jours, on les cueille parfaitement mûries.

Le bois du sycomore passe pour incorruptible. Nous en avons des morceaux travaillés qui datent de la plus haute antiquité et qui sont encore intacts. On s’en sert aujourd’hui pour faire des affûts de canons.

Abricotier (Prunus armeniaca), Mech-mech.

Pêcher (Amygdalus persica), Khouhh.

L’abricotier atteint à une belle hauteur, il arrive jusqu’à 36 ou 40 pieds. On fait sécher ses fruits et on les mêle à divers mets dans lesquels ils forment un assaisonnement excellent.

Les pêchers sont peu abondants; ils mûrissent environ vers le moi de mai.

Prunier (Prunus domestica), Barqouq des Arabes. Il en existe plusieurs variétés.

Poirier (Pyrus communis), Komitrih.

Pommier commun (Malus communis), Teffah-beledy.

Coignassier (Cydonia vulgaris), Safargel.

Ces pomacées n’obtiennent pas le même développement qu’en Europe, et leurs fruits n’ont pas la même beauté ni la même saveur.

Figuier (Ficus carica), Tyn.

Les figuiers sont peu abondants. On en compte trois variétés, le Tyn Bersoum, le Tyn Potlizan, le Tyn Beledy dont les fruits sont délicieux.

Le Figuier d’Inde (Cactus opuntia, Linn.), Tyn Choqui.

Cette plante est très-répandue. On s’en sert pour former des haies autour des jardins. On mange /92/ ses fruits, qui sont recouverts d’un écorce épineuse.

Le Jujubier (Zizyphus vulgaris, Linn.), Annab.

Le bois de cet arbre est très-dur, et pourrait être employé aux ouvrages de charpente et de menuiserie. On trouve des jujubiers parmi les arbres qui entourent de leurs ombrages les sakiès.

Caroubier (Ceratonia siliqua, Linn.), Karroub.

Il est très-rare en Égypte, où on ne le trouve que dans les jardins.

Le Lotier (Ramnus spina Christi, Linn.), Nebqah.

Arbre assez grand qui fournit une espèce de petite pomme, du volume à peu près d’un gros grain de raisin. Ce fruit est très-acerbe lorsqu’il est vert; mais il est fort agréable au goût lorsqu’il est arrivé à sa maturité. Les Arabes l’aiment beaucoup. C’est le fruit si renommé dans l’antiquité sous le nom de lotus, qui charma tellement, d’après Homère, les compagnons d’Ulysse. Le nebqah est assez répandu.

Le Grenadier (Punica granatum, Linn.), Roumman.

Il en existe deux variétés: l’une, nommée simplement Roumman, se distingue par la douceur de ses fruits; son péricarpe est rouge; l’autre, le Roumman Heggasy; ses fruits sont acides et doux; son péricarpe, rouge obscur.

L’Oranger (Citrus aurantium, Linn.), Bortogân.

Cet arbre précieux forme l’ornement de tous les jardins de la Moyenne et de la Basse-Égypte. Les /93/ oranges y sont si communes qu’elles composent, à elles seules, l’unique production de plusieurs villages. On en compte plusieurs variétés; il en est une dont la pulpe est d’un rouge sanglant; elle est encore rare; on la nomme Bortogan-el-Dacin.

Le Citronnier (Citrus medica, Linn.), Leymoun Beledy.

Il donne beaucoup de fruits petits, pleins de jus et peu mucilagineux. Le citronnier à gros fruits s’est propagé par la greffe.

Le citronnier à fruits doux, Leymoun Heloueh, est très-estimé des indigènes. Mais ce fruit n’est pas à la portée des classes pauvres.

Sébestenier (Cordia mixa, Linn.), Mokhayet.

C’est un arbre haut ordinairement de 50 pieds. Il porte au mois de mai des fleurs d’une odeur excellente; ses fruits sont peu délicats.

Petit Sébestenier (Cordia crenata, Linn.), Mokhayet rumi.

Plus petit que le Cordia Mixa, il produit de meilleurs fruits.

Vigne (Vitis vinifera, Linn.), E’neb.

Les raisins et les vins de l’Égypte jouissaient, dans l’antiquité, de beaucoup de réputation. Les Romains en faisaient le plus grand cas; ils transplantèrent même en Italie la vigne qui les produisait. Mais la conquête des musulmans, amenant avec elle la sévère prohibition du vin prononcée par Mahomet, dut nécessairement influer sur la culture de la vigne, qui depuis lors fut négligée. On laissa subsister /94/ néanmoins dans les jardins quelques plants, afin d’avoir du raisin. Ce fut le Fayoum qui en conserva le plus: cette province approvisionnait de raisins le Caire et Alexandrie. Les raisins indigènes sont très-bons; ils ne contiennent que de très-petits pépins, quelquefois ils n’en ont qu’un seul; il existe une variété qui n’en a même pas du tout: elle est connue des Arabes sous le nom d’E’neb Benaity.

Depuis le gouvernement de Méhémet-Ali, l’Égypte a recouvré la culture de la vigne. Le vice-roi et son fils ont introduit toutes; les épèces qui existent en Europe et en Grèce; elles ont presque toutes fort bien réussi. Jusqu’à présent, quelques Européens ont seuls essayé d’en tirer du vin; il est d’assez bonne qualité, mais fort alcoolique.

Les Orientaux ont l’habitude de cueillir le raisin en verjus. Ils emploient les feuilles de vigne dans la cuisine; ils en font des boulettes avec du riz.

32. — Arbres fruitiers et plaintes nouvellement introduits.

Ananas (Bromelia Ananas, Linn.), Ananas.

Cette plante, que l’on a propagée, n’a pas réussi d’une manière satisfaisante, et donne peu de fruits.

Canne à sucre (Saccharum officinarum), Qassab Halou.

Elle croît parfaitement en Égypte; mais sa culture n’est pas très-étendue. Elle ne suffit pas encore aux besoins de la consommation du pays, et on importe /95/ d’Europe une assez grande quantité de sucre raffiné. On fait néanmoins quelques exportations de sucre d’Égypte pour l’Hedjaz, la Mecque et plusieurs points de l’Arabie.

C’est dans la Haute-Égypte, aux environs de Razamoun, que la culture de la canne à sucre est pratiquée sur la plus grande échelle. La canne est dans sa maturité vers les mois de novembre et décembre; elle atteint à cette époque à une hauteur de 10 à là pieds. On la coupe et on en extrait, dans la fabrique que le gouvernement a établie, le sucre et le rhum.

Cerisier (Prunus cerasus), Kherez.

On a tenté de l’introduire. Il se développe assez bien, mais ne produit pas ou presque point de fruits. Peut-être réussirait-on à donner à l’Égypte des cerisiers féconds si, au lieu de transplanter ceux de l’Europe centrale, on commençait à acclimater les cerisiers de Malte, par exemple, accoutumés à une température beaucoup plus rapprochée que toute autre de celle de l’Égypte.

Fraisier (Fragaria).

L’Égypte n’ayant aucune montagne boisée, on n’y rencontre pas le fraisier sauvage; mais, depuis quelques années, on en a introduit la culture dans presque tous les jardins; et aujourd’hui on vend dans les marchés ces fruits naguère inconnus, ou qui du moins étaient fort rares du temps des Mamelouks.

Fruits à crème (Anona squammosa, Linn,), Khesta, Qechtah.

/96/ Cet arbre, d’origine américaine, ne se trouvait autrefois que dans quelques jardins; il est plus répandu aujourd’hui. Sa hauteur est médiocre. Le fruit qu’il produit ressemble à une grosse pomme de pin, d’un beau vert. Il renferme une pulpe très-molle qui a l’aspect, le goût sucré et le parfum agréable de la crème: c’est de là que lui est venu son nom. Son bois fournit du charbon. On fait avec ses feuilles pilées une espèce de cataplasme que l’on applique sur les yeux dans le commencement des ophthalmies.

Goyavier (Psidium pomiferum.)

Cet arbuste est devenu très-commun. Il porte une immense quantité de fruits.

Noyer (Juglans regia, Linn.), Gîos.

Cet arbre des pays froids n’avait jamais été cultivé en Égypte avant Méhémet-Ali. Il prospère très-bien, mais donne peu de fruits. Il n’a été introduit qu’à cause de son bois.

Papayer (Carica papaya, Linn.)

Il devient gigantesque et porte de très-bons fruits.

Pistachier cultivé (Pistacia vera, Linn.), Festoq.

Cet arbuste est très-répandu. Il produit de très-bons fruits.

33. — Plantes céréales graminées.

Blé (Triticum sativum, Linn.), Gameh, Kontah.

Dès la plus haute antiquité, l’Égypte fut renommée pour ses blés. Elle en fournissait abondamment la /97/ Grèce et l’Italie; Tacite l’appelait le grenier de Rome. Mais depuis, des cultures plus variées se sont partagé son sol, et le blé n’en forme plus la principale production.

On a beaucoup exagéré le produit du blé égyptien, en le portant, comme l’ont fait quelques écrivains, à 50, 60 et même 100 pour cent; en réalité, il ne rend moyennement que du 15 au 20. Il est des années d’abondance ou des localités favorisées, dans lesquelles cette proportion est dépassée, et qui donnent jusqu’à 20, 30, 40 même.

Les blés de l’Égypte sont d’assez bonne qualité. Ceux de la Haute sont les plus renommés. Les tiges ne s’élèvent pas à plus de deux pieds et demi de hauteur. Le chaume qui les forme est gros et solide; il est surmonté en général d’un épi bien fourni. L’Égypte ne produit que du blé barbu. Inutile de dire qu’on en compte plusieurs variétés, qui se distinguent par la couleur du grain, par sa forme, par sa dureté.

Gros blé (Triticum turgidum), Gameh arabij.

Orge (Hordeum vulgare), Châyr.

Tandis que le blé demande une terre substantielle et humide, l’orge se contente au besoin d’un sol sablonneux. Il rend en moyenne du 5 au 12. On donne assez communément le grain d’orge aux chevaux. Sa farine, mêlée à celle du froment, sert quelquefois à faire du pain. On fabrique au Caire de l’amidon que l’on tire de l’orge, ainsi que du blé et du riz.

/98/ Dourah (Sorghum vulgare, Linn.), Dourah.

Cette céréale est cultivée en grande quantité. Elle demande peu de culture, et n’a pas besoin du secours des arrosements. Elle donne du 15 au 40. Sa tige s’élève jusqu’à huit ou dix pieds. La farine du dourah est la ressource des fellahs: ils en font un mauvais pain, légèrement acide au goût, qu’ils préfèrent au pain de froment. Le chaume du dourah sert de combustible dans les fours à chaux; on en forme des cloisons, on en couvre des terrasses; les Arabes s’en servent aussi pour se construire de petites cabanes.

Les Arabes donnent au dourah vulgaire l’épithète de leyfy, qui signifie d’été, parce qu’il est semé à la fin de mars. Une autre variété de cette céréale est cultivée en automne; elle a le nom de Dourah blanc (Sorghum cernuum, Linn.), Dourah A’auâgeh.

Maïs (Zea Maïs, Linn.), Dourah Chamy

Le nom de Chamy a été donné au mais parce qu’il a été apporté de Syrie (Chàm en arabe). Son grain est jaunâtre et plus gros que celui du dourah du pays. On en fait deux récoltes par an, l’une en été, l’autre en automne. Les fellahs coupent les épis à demi mûrs, les font rôtir et s’en nourrissent. La farine du mais donne un pain meilleur que le dourah. Il rend quelquefois jusqu’au 14.

Millet (Sorghum saccharatum, Linn.), Dokn.

 — (Panicum miliaceum, Linn.) —

Nel testo (Permisetum typhoïdeum Linn.)
Corr. negli Errata
 — (Pennisetum typhoïdeum.) —

/99/ Riz (Oryza sativa), Orz, Rouz.

Plusieurs auteurs ont pensé que le riz avait élé inconnu aux anciens Égyptiens; d’autres ont discute l’opinion contraire. Mais il paraît probable en effet que l’Égypte ne produisit pas de riz pendant l’antiquité, si l’on considère que les monuments, sur lesquels on trouve figurés le blé et l’orge, ne contiennent aucune trace de cette céréale. Les Arabes sans doute l’ont apportée des Indes.

La culture du riz demande des terrains bas et limoneux: aussi n’est-elle pratiquée que dans la Basse-Égypte. Les environs de Damiette et de Rosette produisent celui qui est le plus apprécié. Lorsque le riz a été récolté et entièrement préparé pour la consommation, on le mêle avec du sel marin sec: grâce à cette précaution, on peut le conserver assez longtemps.

Depuis Méhémet-Ali la culture du riz a élé introduite dans quelques provinces du Sennâr.

34. — Céréales non graminées.

Nel testo: Fenouil grec... Cette céréale donne...
Corr. negli Errata
Fenugrec (Trigonella Fœnum græcum, Linn.), Helbeh.

Cette plante donne un fourrage qui est en grande estime parmi les Égyptiens. Aussi s’en servent-ils euxmêmes comme aliment, loin d’en faire l’apanage exclusif des animaux. Ils mangent la tige et la feuille du fenugrec et les pousses des graines. Ils font aussi griller celles-ci et les préparent comme le café. /100/ Ils font encore un ragoût des germes du fenugrec mêlées avec du miel.

Fève (Faba sativa, Linn.), Foul Bélédy.

Les fèves sont l’un des produits les plus abondants de l’Égypte. On les sème dans des champs immenses. Leurs graines sont plus petites que celles des fèves d’Euvope; elles sont aussi de meilleure qualité. Elles forment l’un des principaux aliments des Égyptiens. Fraîches, on les mange au sel; desséchées, on les fait bouillir, et on les vend dans les villages toutes cuites. On en donne aussi aux bœufs, aux chameaux, aux ânes.

On ne conçoit pas que les anciens Égyptiens aient eu la fève en horreur. Il paraît qu’elle était regardée par les prêtres comme un aliment impur, à cause des tâches des fleurs de cette plante, qui ressemblaient, suivant eux, à des signes de deuil.

Gesse (Lathyrus sativus, Linn.), Gil-Ban.

Nel testo: arvense.
Corr. negli Errata
Pois (Pisum arvense, Linn.), Besilleh.

On les cultive dans la Haute-Égypte. On en donne les graines aux buffles et aux chameaux.

Nigelle aromatique (Nigella sativa), Kabbe soude.

Lentille (Ervum lens, Linn.), A’ds.

Les lentilles d’Égypte étaient très-renommées dans l’antiquité. Les Romains leur donnaient le nom de lentilles de Péluse. Elles sont encore assez abondantes aujourd’hui. Leur couleur, d’un jaune d’orange, est très-belle.

Lupin (Lupinus Termes, Linn.), Termes.

Les graines que produit cette plante sont amères. /101/ Elles ne servent qu’à la nourriture de l’homme; mais, avant de les manger, ont les fait mariner dans de l’eau salée. La tige du lupin est ligneuse; on l’emploie comme combustible.

Nel testo: arictium.
Corr. negli Errata
Pois chiche (Cicer arictinum, Linn.), Hommos ou Malâneh.

La plante est appelée par les Arabes Malâneh. Les Égyptiens mangent les fruits verts qu’elle porte. Ils donnent aux graines le nom d’Hommos. Lorsqu’elles sont sèches, ils les font griller ou rôtir. Les tiges sont données en nourriture aux bestiaux.

Haricot (Dolichos lubia, Forsk.), Loubyah.

Le Loubyah est cultivé dans la Basse-Égypte. Ses tiges sont basses, ses grains sont blancs, ovoïdes et marqués d’un point noir à leur ombilic. On trouve à l’extrémité de la Haute-Égypte une autre espèce de haricot dont les grains sont ronds et d’un volume égal à celui des grains de poivre. Linné lui donne le nom de Phaseolus Mungo; les indigènes l’appellent Mâseh.

35. — Légumes ou plantes potagères.

Mauve (Malva sylvestris, Linn.), H’hobbeyzeh.

 — ( — verticillata, Linn.);           —

Bamie (Hibiscus esculentus, Linn.), Bâmyeh Beledy.

Pourpier (Portulaca oleracea, Linn.), Régleh.

Épinard (Spinacia oleracea, Linn.), Sebanaqh.

Poirée ou Bette (Beta vulgaris, Linn.), Selq.

/102/ Corette potagère (Corchorus olitorius, Linn.), Meloukyeh.

On mange tous ces herbages soit isolément, bouillis, soit cuits avec de la viande.

La mauve, qui ne croît en Europe qu’à l’état sauvage, est cultivée, en Égypte, dans les jardins et même dans les champs. Les habitants la préfèrent aux épinards, et en font un plus grand usage, que nous de ce dernier herbage.

Le Bahmyeh, connu vulgairement sous les noms de Gombo et de Corne des Grecs, et qui est appelé Kalalou en Amérique, est un légume très-mucilagineux, dont on fait, pendant plus de la moitié de l’année, une très-grande consommation; c’est un aliment très-sain.

La corette potagère, nommée Meloukyeh par les indigènes, est aussi beaucoup estimée par eux. Elle est très-mucilagineuse et très-fade. Elle croit jusqu’à deux ou trois pieds de hauteur, et forme une jolie plante, qui produit une fleur jaune assez agréable à la vue. On conserve des feuilles de corette desséchées pour la consommation d’hiver: trempées dans l’eau bouillante, elles deviennent aussi tendres que lorsqu’elles sont fraîches.

Le pourpier, l’épinard, la poirée sont employés comme les plantes dont nous venons de parler.

Oignon (Allium cepa, Linn.), Bâsal.

Poireau (Allium porrum, Linn.), Courat.

Ail ordinaire (Allium sativum, Linn.), Toum.

Les oignons d’Égypte, si renommés dès l’antiquité /103/ la plus reculée, méritent encore aujourd’hui leur ancienne réputation. Beaucoup plus petits que les oignons d’Europe, ils sont aussi beaucoup plus doux. Il s’en fait une très-grande consommation. La Haute-Égypte en produit davantage que le Delta.

Les poireaux acquièrent un très-grand développement. Ils sont mangés seuls lorsqu’ils sont petits; quand ils sont gros, on les fait cuire, et on les mange comme des légumes dont nous avons parlé plus haut.

L’ail est très-peu cultivé en Égypte.

Céleri (Apium graveolens, Linn.), Kerôfs.

nel testo: petroselinum.
Corr. negli Errata
Persil (Apium petrocelinum, Linn.), Badounes.

Chicorée sauvage (Cichorium intybus, Linn.), Indibes Chicorea.

Laitue romaine (Lactuca sativa, Linn.), H’hops.

Cresson alénois (Lepidium sativum, Linn.), Rechâd.

Le céleri n’est guère cultivé que dans les jardins du vice-roi. Les Égyptiens en mangent les racines, mais non les feuilles.

Le persil est très-rare en Égypte.

Les laitues sont belles. On les mange crues. On en trouve sur les marchés pendant tout l’hiver.

Carotte (Daucus Carotta, Linn.), Gazar.

Navet (Brassica Napus, Linn.), Lift.

Colocase (Arum colocasia, Linn.), Qolgas beledy.

Nénufar (Nymphaea cærulea Radix), Byaronn.

Radis (Raphanus sativus, Linn.), Figl.

La carotte d’Égypte est très-petite, et d’un rouge /104/ vif. Elle donne beaucoup de feuilles; elle est très-forte au goût.

Les navets ne sont pas abondants; on les mange à peu près comme en Europe; on en fait confire une assez grande quantité dans le vinaigre.

La colocasie produit des bulbes qui servent aux mêmes usages que le navet.

Le nénufar est la fameuse Nymphaea lotus de l’antiquité. Lorsque l’inondation disparaît, cette plante aquatique couvre la surface des canaux de ses immenses feuilles, au milieu desquelles se détachent des fleurs blanches ou azurées, de la forme la plus élégante. Ses tubercules étaient, d’après ce que rapporte Hérodote, l’un des aliments les plus en faveur chez les anciens Égyptiens. Aujourd’hui encore ils sont très-estimés, et on en fait généralement un mets que l’on prépare avec du lait.

On fait une grande consommation de radis. Leurs feuilles ont un pétiole assez gros que les Égyptiens estiment davantage que la racine.

Chou cabus (Brassica oleracea, Linn.), Koroumb.

 — fleur, Karnabid.

 — brocoli, Karnabid œsued.

Artichaut (Cynara scolymus, Linn.), Kharchouf.

Les choux ne réussissent pas aussi bien en Égypte qu’en Europe.

On trouve en Égypte des artichauts depuis le mois de février.

Fenouil (Anethum graveolens, Linn.), Chabet.

/105/ Tomate (Solanum lycopersicum. Linn.), Bydingân el ooutah.

Les Arabes mangent les tomates crues ou cuites, de même que les autres légumes.

Courge longue de Barbarie (Cucurbita lagenaria, Linn.), Qarataouyl.

Potiron (Cucurbita pepo, Linn.), Qura’eslombouly.

Petites courges (Cucurbita polymorpha, Linn.), Qara’moghrebf, Qara’fouzy.

Concombre (Cucumis sativus, Linn.), Khyar.

Nel testo: Solanum melongera
Corr. negli Errata
Aubergine (Solanum melongena, Linn.), Bydingân.

Les cucurbitacées sont employées à divers usages de cuisine.

On connaît en Égypte deux sortes d’aubergine; l’une, blanche, sous le nom de Bydingân abyad; et l’autre, violette, sous celui de Bydingân œsoued. Les Égyptiens mangent les aubergines crues ou cuites; ils mangent aussi les concombres crus et confisent les plus gros daus le vinaigre.

Carvi (Carum carvi, Linn.), Karâouih.

Coriandre (Coriandrum sativum, Linn.), Kouz-Barah.

Nel testo: cyninum.
Corr. negli Errata
Cumin (Cuminum cyminum, Linn.), Kammoum.

Anis vert (Pimpinella anisum, Linn.), Yansoun.

Piment rouge (Cassium frutescens, Linn.), Felfel akmar.

Les fruits de ces diverses plantes sont employés comme condiment.

Melon (Cucumis melo, Linn.), Qaoun.

/106/ Pastèque (Cucurbita citrullus), Batech.

On compte diverses espèces de melons. Ceux de la Haute-Égypte sont les meilleurs; ceux qui sont cultivés aux environs du Caire sont en général peu sucrés.

La pastèque, cette cucurbitacée rafraîchissante que la Providence semble avoir répandue avec complaisance dans les pays chauds, est très-abondante en Égypte. Elle y est connue depuis l’antiquité. Les Arabes ont toujours apporté à la culture de ce bienfaisant melon d’eau les soins les plus assidus. On sait de quel secours il fut à nos soldats français pendant leur marche d’Alexandrie au Caire, où ils eurent tant à souffrir de la chaleur. Pour exprimer combien ce fruit leur était agréable, ils le nommaient, à l’exemple des anciens Égyptiens, Sainte-Pastèque.

Depuis quelques années, toutes les plantes potagères des différentes parties de l’Europe ont été introduites en Égypte et s’y sont propagées avec une rapidité extraordinaire.

Les légumes sont très-abondants dans les jardins du Caire; ils y acquièrent un développement parfait; mais, quoique d’un bel aspect, ils sont très mucilagineux et ont peu de saveur. Les plantes tendent quelquefois à l’étiolement; leurs feuilles présentent de larges surfaces lisses et en général d’un vert clair. Leur végétation s’opère avec une très-grande promptitude.

/107/

36. — Plantes textiles ou filamenteuses.

Chanvre (Cannabis sativa, Linn.), Tyl.

Chanvre de Siam (Urtica nivea).

Avant Méhémet-Ali, le chanvre n’était cultivé que dans la Haute-Égypte, et seulement pour ses graines, avec lesquelles on fait un aliment ou une boisson enivrante connue sous le nom de haschich. Mais le vice-roi en a considérablement étendu la culture, afin d’avoir la filasse nécessaire à la fabrication des cordages, des agrès et des voiles de ses vaisseaux. On n’en fait pas, du reste, de toile pour la consommation de l’Égypte, parce que le lin lui est préféré.

Le chanvre de Siam a été envoyé dernièrement par le professeur Delile, de Montpellier, à M. Figari. Il a réussi, et on présume qu’il pourra se propager.

Coton (Gossypium vitifolium, Linn.), Qotn.

La culture du coton est l’un des nombreux bienfaits, l’une des richesses les plus considérables dont l’Égypte soit redevable à Méhémet-Ali. On sait que le cotonnier était relégué comme un arbuste d’ornement dans les jardins du Caire, lorsque Méhémet-Ali l’a tiré de cet état d’oubli pour en faire l’une des plus riches productions du pays qu’il gouverne. Je parle avec plus de détails de cette plante dans les pages que je consacre à l’état actuel de la grande culture en Égypte.

Lin (Linum usitatissimum, Linn.), Kittân.

Cette plante est une des plus anciennes que ren- /108/ ferme l’Égypte. Elle fournissait aux premiers habitants de la vallée du Nil le fil avec lequel ils lissaient les toiles si renommées qu’ils exportaient dans tout le monde. Le lin est encore beaucoup cultivé de nos jours: c’est de lui que les Égyptiens retirent la toile dont ils se servent.

Lin de la Nouvelle-Zélande (Phormium tenax). On n’a pas fait encore assez de tentatives pour naturaliser le Phormium tenax. On n’a eu en effet qu’une seule plante de cette espèce, envoyée du jardin de Montpellier, et elle a péri. Cette culture pourrait être pour l’Égypte d’une si grande importance qu’il est nécessaire de renouveler les essais. Tout porte à croire qu’ils auraient des résultats satisfaisants. Le climat de l’Égypte se rapproche en effet de celui de la Nouvelle-Zélande; et on sait combien la vallée du Nil est hospitalière pour les nouvelles cultures qu’on lui confie.

37. — Plantes tinctoriales.

Carthame (Carthamus tinctorius, Linn.), Osfour ou Qourton. Semé à l’époque où les eaux du Nil se retirent, le carthame ou safranon est récolté au mois de mars, sans qu’il ait exigé de soins pendant sa croissance. Ses feuilles, après avoir été desséchées, sont pilées et réunies en pain. On tire en outre du safranon des graines dont on fait une huile à l’usage du peuple. On emploie ses tiges comme combustible. C’est dans la Moyenne-Égypte qu’il est cultivé.

/109/ Garance (Rubia tinctoria, Linn.), Fouah. La garance, qui était tirée autrefois de l’île de Chypre, est cultivée en Égypte depuis quelques années. Elle ne fournit pas encore assez de produits pour alimenter l’exportation. Les récoltes qu’elle donne sont exclusivement consommées par les fabriques du gouvernement.

Gaude (Reseda lutea, Linn.), Blyhah.

Henneh (Lawsonia alba), Henneh. On dessèche et on réduit en poudre les feuilles du henneh, et les femmes s’en servent pour colorer, en teinte d’acajou, diverses parties de leurs mains et de leurs pieds (1). Dans plusieurs parties de l’Égypte on fait des paniers avec ses petites branches. Le henneh peut se passer d’humidité.

(1) Voyez le paragraphe des Femmes, dans le chapitre des mœurs.

Indigotier (Indigofera argentea, Linn.), Nyleh.

Indigo de la Chine (Polygonum tinctorium, Linn.),

C’est d’ordinaire sur les bords du Nil que l’indigo est semé. On le cultive plus particulièrement dans la Haute-Égypte et dans le Fayoum. La vertu colorante de l’indigo d’Égypte paraît être aussi bonne que celle de l’indigo d’Europe, quoique la substance préparée dans les indigoteries égyptiennes soit moins pure.

C’est grâce au zèle inaltérable du savant professeur de Montpellier, M. Delile, que le polygonum tinctorium a été introduit. M. Figari, qui le cultive, espère, avec les semences qu’il a recueillies l’année dernière, pouvoir le propager et faire ensuite des essais sur l’extraction de la matière colorante.

/110/ Tournesol (Croton tinctorium, Linn.), Ghobbeyreh. Cette plante croît spontanément dans les champs.

38. — Plantes a graines oléifères.

J’ai parlé déjà de plusieurs plantes dont on extrait de l’huile. On fait encore de l’huile avec le lin (elle est appelée par les Arabes zeyt-hhâr), les semences de coton et de tournesol, le chanvre (zeyt-tyl), l’arachi (zeyt-foul sennar), le colza (zeyt-selgan), le pavot (zeyt-abou-noum), le ricin (hharoua), le sésame (zeyt-siryh).

39. — Plantes fourragères.

Avoine (Avena sativa, Linn.), Zammeyr.

Trèfle (Trifolium alexandrinum, Linn.), Bersym.

Chiendent (Digitaria dactylon, Linn.), Negyl.

Luzerne (Medicago sativa, Linn.), Bersym heggiasy.

Cléome (Cleomen pentaphylla, Linn.), Arâreg.

Pois-gris (Pisum arveum, Linn.), Bésilleh.

Nous avons déjà cité plusieurs plantes qui fournissent du fourrage; nous les complétons en énonçant celles qui précèdent.

Il n’y a pas en Égypte de prairies naturelles, parce que, si on en laissait se développer, elles seraient bientôt couvertes de plantes épineuses et de roseaux. On cultive donc des prairies artificielles, parmi les- /111/ quelles le trèfle, appelé bersym par les Arabes, joue un très-grand rôle. Le bersym est semé vers la fin de l’inondation; il arrive à une hauteur d’environ deux pieds; il est plus tendre que le trèfle des prés de France; se fleurs sont blanches. Depuis le mois d’octobre jusqu’au mois d’avril, on le coupe trois ou quatre fois; on s’en sert aussi pour faire du foin. Nous avons parlé plus haut du fenugrec, qui entre à la fois dans la nourriture des hommes et dans celle des animaux. Il ressemble assez au trèfle, mais il ne dure qu’environ deux mois.

Depuis le gouvernement de Méhémet-Ali, beaucoup de plantes fourragères ont été introduites; telles sont la luzerne, le sainfoin, dix variétés d’avoine, autant de trèfle. Parmi ces semences étrangères, il en est une qui mérite d’être distinguée: c’est une luzerne cultivée depuis longtemps à la Mecque, qui est d’une fécondité presque incroyable. En été lorsqu’elle est bien arrosée, on peut la faucher jusqu’à trois fois par mois.

40. — Plantes utiles diverses.

Louf (Momordica Lufa, Linn.), Louf.

C’est une plante d’agrément. On retire de ses fruits un tissu filamenteux, qui sert d’épongé pour les frictions, dans les bains.

Mesuah (Salvadora persica, Linn.), Orak ou Mesuah.

Les branches de cette plante, qui croît dans la /112/ Haute-Égypte et plus encore en Arabie, fournissent aux Égyptiens un bois dentifrice.

Buphthalmum pratense, (Delile), Gâraouân.

Plante annuelle, très-abondante sur les rives du Nil et dans les îles. Elle devient ligneuse, et on en fait de grossiers balais que l’on vend à bas prix.

Les nattes, si communes en Égypte, où elles son d’ailleurs si commodes, sont tressées avec diverses espèces de roseaux et de joncs. Nous avons déjà vu que l’on en fait avec les feuilles de palmier. Les nattes les plus ordinaires sont celles que l’on tire du Saccharum ægyptiacum et de la Poa cynosuroïdes. Les feuilles du Typha angustifolia et celles du Cyperus dives en donnent de moins grossières. Les Joncs d’Égypte procurent les plus fines.

Tabac commun (Nicotiana Tabacum, Linn.), Dokhan.

Tabac rustique (Nicotiana rustica, Linn.), Dokhan Akhdar.

On cultive le tabac sur les berges du Nil et des canaux, parce que cette plante exige beaucoup d’humidité. Le tabac commun est jaune; le tabac rustique est vert. C’est pour cela que les Arabes l’appellent Akhdar. Il est de qualité médiocre et n’entre que dans la consommation des classes pauvres.

Le Houblon (Humulus lupulus, Linn.) a été introduit en Égypte par le professeur Delile.

/113/

41. — Fleurs et plantes d’agrément.

Acacia Farnèse (Acacia farnesiana, Linn.), Feteneh.

Arbrisseau qui porte pendant l’hiver des fleurs odoriférantes.

Anthémis ou Chrysanthème à grandes fleurs (Anthémis grandiflora), Karouè.

Amarantine (Gomphrena globosa).

Asclépiade arborescente (Asclepias fruticosa).

Balsamine (impatiens Balsamina), Areteneh.

Basilic commun (Ocymum Basilicum).

Basilic petit (Ocymura lignosum).

Catalpa (Bignonia Catalpa).

Cacalie Kleinie (Cacalia Kleinia), petit arbrisseau originaire des Canaries.

Camare à feuilles de mélisse (lentana Camara).

Capucine à grandes fleurs (Tropæolum majus).

Chalef d’Orient (Elæagnus orientalis), Negdeh.

Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea).

 — mâle ( — mascula).

Ces deux arbres ont été apportés de la Grèce.

Dahlia (Dahlia pinnata).

Ce sont les Français qui l’ont introduit.

Dauphinelle (Delphinium Ajacis), Ayakbouh.

Dolic Lablab (Dolichos Lablab), Lablab.

Cette plante est grimpante: on s’en sert pour former des berceaux de verdure. Ses feuilles sont /114/ larges; elles sont entremêlées de longues grappes de fleurs.

Euphorbe à feuilles de souci (Euphorbia calendulifolia.)

On ne trouve cette plante que dans les jardins du vice-roi et d’Ibrahim-Pacha. C’est vers le printemps qu’elle donne des fleurs.

Gattilier commun (Vitex Agnus castus), Kafmaryam.

Géranium à bandes (Pelargonium zonale).

 — à odeur de rose ( — capitatum).

Grenadier à fleurs doubles (Punica granatum flore pleno), Roman Frenghy.

Grenadille bleue (Passiflora cærulea), Cherkefelek.

Ces deux dernières espèces sont communément répandues; la seconde recouvre les troncs des dattiers qui s’élèvent dans les jardins.

Hélianthe annuel (Helianthus annuus), Ayn-el-Chems.

Hélianthe nain des Indes (Helianlhus indiens).

Jasmin à grandes fleurs (Jasminum grandiflorum), Gesmin.

Cette plante tapisse les berceaux; elle les orne de ses fleurs suaves, depuis le mois de mars jusqu’au mois de décembre.

Kalancoe d’Égypte (Kalanchoe ægyptiaca), Ouednech.

Cette plante grasse est indigène en Égypte; on la trouve seulement dans quelques jardins.

/115/ Ketmie des jardins (Hibiscus syriacus).

Cet arbrisseau, dont on borde ordinairement les allées, produit une fleur très-belle.

Laurier-rose (Nerium Oleander), Tifleh.

Cet arbre est très-commun en Égypte. Il fleurit depuis le mois de mai jusqu’au mois d’août.

Liseron du Caire (Convolvulus cairius).

Arbrisseau grimpant qui est très-répandu auprès du Caire, où on l’emploie à couvrir les kiosques et les pavillons. Il produit, pendant les mois de mai et de juin, de belles fleurs rouges.

Lis blanc (Lilium candidum).

Il fleurit au mois de mars. Il n’est guère cultivé que dans les jardins du vice-roi et de son fils.

Mogori Samhac (Mongorium Sambac), Zambaq.

Il est très-répandu en Égypte. Ses fleurs ont une odeur très-agréable.

Narcisse jonquille (Narcissus jonquilla).

Œillet (Dianthus caryophyllus), Qoromfed.

Il fleurit dans le mois de mars.

Pervenche rose (Vinea rosa).

Poincillade élégante (Poinciana pulcherrima).

Cette plante, venue des Indes, se trouve dans les jardins de Raoudah. Elle produit, aux mois de juin et juillet, une belle fleur rouge.

Quarantain (Cheiranthus annuus), Mantour Kheyhy.

Cette plante fleurit en janvier et février.

Renoncule des jardins (Ranunculus asiaticus), Zaphyl.

/116/ Elle fleurit au mois de février.

Rosier. — Ouard.

On en trouve diverses espèces; la plus renommée est celle qui est connue sous le nom de Rosier à cent feuilles (Rosa centifolia). Elle est remarquable par le parfum de ses fleurs. On l’a cultivée de tout temps dans le Fayoum pour en extraire l’eau de rose. C’est au mois de février que l’on recueille ses fleurs et qu’on les distille. Elles ont produit en 1833 quarante mille rotles d’eau de rose de diverses qualités.

Romarin officinal (Rosmarinus officinalis), Haselbân.

Cette plante odoriférante est très-répandue dans les jardins du Caire.

Sesban d’Égypte (Sesbiana ægyptiaca), Sessabân.

On forme avec cet arbrisseau des haies vives autour de différentes cultures. Il est abondant.

Tubéreuse (Polyanthes tuberosa).

Elle est très-commune dans beaucoup de jardins.

Violette (Viola odorata).

Cette fleur délieuse, que les femmes égyptiennes préfèrent aux autres, croît dans beaucoup de jardins. Elle fleurit pendant les mois de décembre et janvier; on la cultive à l’ombre des orangers.

Yucca à feuilles d’aloès (Yucca aloefolia).

On ne le rencontre que dans les jardins des Européens.

/117/

42. — Paturages des déserts et des oasis.

Anchusa undulata.

Nel testo: minocarpa.
Corr. negli Errata
 — microcarpa.

 — flava.

Anthémis indurata.

 — melampodina.

Aristida ciliata.

 — pungens.

Arundo ægyptiaca.

 — isiaca.

Artemisia judaica.

 — arborescens.

Avena forskalii.

 — pumila.

 — arundinacea.

 — fatua.

Astragalus laniger.

 — tomentosus.

 — tumidus.

 — tragacantha.

Balsamita tridentata.

Borrago africana.

Bubon tortuosum.

Buphthalmum graveolens.

Calligonum comosum.

Carduus argentatus.

Carthamus narcoticus.

Cheiranthus tricuspidatus.

/118/ Cheiranthus farselia.

Convolvulus armatus.

 — forskalii.

Crepis species plures.

Centaurea crupinoides.

 — calcitrapa.

Cotula anthemoides

 — cinerea.

Crypsis alopecuroides.

Cyperus mucronatus.

Digitaria dactylon.

Echinops spinosus.

Echiochilon fruticosum.

Ephedra distachya.

Fagonia arabica.

 — glutinosa.

Festuca fusca.

 — divaricata.

Glinus lotoides.

Gypsophylla rokejeka.

Gymnocarpos decandrum.

Hedysarum alkagi.

Helianthemus Égyptiacum,

 — lyppi.

Helianthemus kahiricuin.

Heliotropium crispum.

 — lineatum.

Kakile maritima.

Inula undulata.

 — arabica.

/119/ Inula crispa.

Linaria ægyptiaca.

Poa cynosuroides.

Paronychia arabica.

Picris species plures.

Polygonum maritimum.

Plantago argentea.

Panicum turgidum.

Peganum harmola.

Raphanus recurvatus.

Ruta tuberculata.

Rumex roseus.

 — spinosus.

Sahia ægyptiaca.

Saccharum ægyptiacum.

 — cylindricum.

Santolina fragrantissiraa.

Scorpiurus sulcatus.

Spartium monospermum.

Scrophularia deserti.

Stipa tortilis.

Sodada decidua.

Suœda species plures.

Trigonella anguina.

 — stellata.

Zygophyllum coccineum.

   Etc., etc.

Toutes ces plantes abondent dans les déserts pendant les mois de février, mars, avril et mai.

/120/

43. — Plantes officinales, indigènes et exotiques (1).

(1) Les plantes indigènes sont marquées d’un astérique.
Les plantes exotiques, introduites dans les jardins du Caire, ont été presque toutes fournies par le jardin royal de Montpellier.

Outre les plantes dont nous avons déjà parlé, qui sont employées par les médecins, voici celles que l’on rencontre encore en Égypte, destinées à des usages analogues:

Acanthus mollis, Linn., Brancursine.

Achillea millefoliura, Linn., Mille-feuilles.

* Adianthum capillus Veneris, Linn., Capillaire.

Althea officinalis, Linn., Guimauve.

* Ambrosia maritima, Linn., Ambroisie.

* Ammi majus, Linn., Ammi.

Nel testo: visnagana.
Corr. negli Errata
*  — visnaga, Linn., Visnage.

Anchusa officinalis, Linn., Buglosse.

Anethum dulce, Linn., Fenouil doux.

*  — feniculum, Fenouil.

*  — piperitum.  — poivré.

Anthémis nobilis, Linn., Camomille.

Artemisia abrotanum, Linn., Armoise.

*  — absynthium, Linn., Absinthe.

*  — judaica, Semen contra.

* Arundo donax, Linn., Canne de Provence.

Asparagus officinalis, Linn., Asperge.

* Balanites ægyptiaca, Delil., Myrobolan.

* Balsamita vulgaris, Linn., Balsamite.

/121/ * Borrago officinalis, Linn., Bourrache.

* Calindula officinalis, Souci.

* Carduus marianus, Linn., Chardon marie.

Nel testo: carcim.
Corr. negli Errata
* Carum carvi, Linn., Carvi.

* Cassia absus, Linn., Absus.

* Cassia acutifolia

}, Sené

*  — lancifolia

*  — obovatifolia

* Cassia fistula, Linn., Casse.

Cet arbre devient très-beau en Égypte, où il atteint jusqu’à 40 pieds d’élévation. Il y en a beaucoup dans les jardins du Caire. Les fruits qu’il produit sont vendus pour l’usage qu’on en fait dans la médecine.

Centaurea cyanus, Linn., Bluet.

* Cichorium intybus, Linn., Chicorée.

Cochlearia officinalis, Cochlearia.

* Colchicum autumnale, Colchique.

* Cordia mixa, Sébestier.

* Cucumis colocynthis, Coloquinte.

Cynoglossum officinale, Cynoglosse.

* Cynomoum coccineum, Champignon de Malte.

* Cyperus longus, Souchet odorant.

*  — rotundus,—  —

* Datura stramonium, Stramoine.

Dracocephalum moldavicum, Mélisse moldavique.

Euphorbia lathyris, Epurge.

* Erithræa centaureum. Petite centaurée.

* Fumaria officinalis, Fumeterre.

Galega officinalis, Linn., Galega.

/122/ * Glycyrrhiza glabra, Linn., Réglisse.

* Hibiscus abelmoscus, Linn., Ambrette.

Humulus lupulus, Linn., Houblon.

* Hyosciamus niger, Linn., Jusquiame noir.

*  — albus, —   — blanc.

*  — datura, —   — datura.

Hyssopus officinalis, Linn., Hysope.

* Inula undulata

}, Aune odorant.

*  — crispa

* Lactuca virosa, Linn., Laitue vireuse.

Lavandula stacha, Linn., Stæchas.

* Lepidium latifolium, Linn., Cresson.

* Ligusticum peloponense, Linn., Livèche.

* Malva sylvestris.

*  — alcea.

Matricaria chamomilla, Linn., Camomille.

* Melilotus officinalis, Linn., Mélilot.

— cæruleus, Linn., Mélilot cerules.

Melissa officinalis, Linn., Mélisse.

* Mentha aqualica, Linn., Menthe aquatique.

*  — crispa,  —   — crépue.

*  — pulegium, — Ruliot.

— rotundifolia, — Menthe.

* Mirabilis jalapa, Linn., Belle-de-nuit.

* Momordica elaterium, Linn., Concombre d’âne.

* Nigella damascena, Linn., Nigelle de Damas.

Oxalis acetosa, Linn.

}, Alleluia.

 — acetosella,  —

* Papaver rheas, Linn., Coquelicot.

*  — somniferum, — Pavot blanc.

/123/ * Parietaria officinalis, Linn., Pariétaire.

Physalis alkekengi, Linn., Alkékenge.

* Pimpinella anisum, Linn., Anis.

* Plantago major, Linn., Plantain.

*  — psyllium, — Psyllium.

Polygonum bistorta, Bistorte.

* Ranunculus sceleratus, Linn.

*  — trilobus.

* Ricinus comniunis, Linn., Ricin.

Cette plante, qui croît spontanément, est cultivée surtout dans la Haute-Égypte.

Rumex acetosa, Linn., Oseille.

* Ruta graveolens, Linn.

*  — halepensis, —

Salvia officinalis, Linn., Sauge.

* Sambucus niger, Linn., Sureau.

* Santolina fragrantissima, Linn., Santoline.

Saponaria officinalis, Linn., Saponaire.

* Scilla maritima. Linn., Scille.

Sinapis alba

}, Moutarde

 — nigra

Sysymbriun nasturlium, Linn., Cresson de fontaine.

* Solanum nigrum, Linn., Morelle noire.

Spilanthus acmella, Linn., Cresson de Para.

Tanacetum vulgare, Linn., Tanaisie.

Teucrium marum, Linn., Marum.

 — scordium, — Scordium.

* Urtica dioica

}, Orties.

*  — urens

* Verbascum sinuatum, Linn., Verbascum.

/124/ * Verbena triphylla, Linn., Verbéane citronnie.

*  — officinalis, —   —  —

* Veronica beccabunga, Linn., Beccabunga.


§ III.

Animaux de l’Égypte.

44. Généralités. — L’Égypte devant la formation de son sol aux atterrissements du Nil, avant lesquels tout porte à croire qu’elle ouvrait aux eaux de la Méditerranée un long golfe parallèle et analogue à la Mer Rouge, il est permis d’avancer comme un fait certain que cette terre ne possède aucun animal qui lui soit propre. Tous les êtres qui l’habitent aujourd’hui y sont arrivés par des migrations successives, qui ont suivi les progrès de l’alluvion. Les traditions anciennes confirment suffisamment cette assertion. Elle s’appuie également sur la comparaison qui a pu être faite des animaux momifiés de l’antique Égypte, conservés par milliers dans les catacombes, avec ceux qui se trouvent aujourd’hui dans le pays. Quel a été le point de départ de ces migrations? Cette question n’est pas difficile à résoudre: la similitude qui existe entre le plus grand nombre des animaux de l’Égypte ancienne et moderne, et ceux qui peuplent la Barbarie, indique que c’est de cette partie de l’Afrique septentrionale que le mouvement a dû partir.

/125/ Ceci s’applique surtout aux mammifères et à la plupart des reptiles.

Quant aux oiseaux, les zoologistes s’accordent à reconnaître que l’Égypte a été, de tout temps, une terre de transition pour ceux de ces animaux qui entreprennent, deux fois par an, de lointains voyages. Aussi y rencontre-t-on, à peu d’exceptions près, les espèces de l’Europe et quelques-unes de celles qui sont propres à l’Asie; tandis que quelques autres, irrévocablement sédentaires, vivent et meurent dans cette contrée, dont elles ne peuvent franchir les limites.

Mon intention, en donnant ici la nomenclature des animaux qui font de l’Égypte leur demeure passagère ou permanente, n’est pas de pénétrer à fond dans le domaine de la zoologie. Je ne veux que faire connaître sommairement, lorsqu’elles pourront offrir quelque intérêt, les particularités que présente chaque espèce, et rectifier les opinions erronées qui ont cours sur plusieurs d’entre elles.

Quoique cette esquisse ne soit pas faite pour effrayer, par la sévérité de la classification et l’aridité des mots techniques, les hommes du monde qui forment à coup sûr la classe la plus nombreuse parmi les lecteurs, il m’a paru convenable toutefois d’introduire dans ce travail assez d’ordre et de méthode, pour qu’il ne demeure pas trop au-dessous de l’attente des hommes de science.

/126/

Mammifères.

Animaux domestiques: Cheval. — Ane. — Mulet. — Dromadaire. — Bœuf. — Buffle. — Espèce ovine. — Chèvres. — Chiens. — Chats. Animaux vivant à l’état sauvage: Loup. — Renard. — Chacal. — Hyène. — Sanglier. — Hippopotame. — Antilopes. — Daman. — Singes. — Hérissons. — Martre. — Genette. — Mangouste. — Lynx. — Gerboise. — Rats et souris. — Lièvre.

Animaux domestiques.

45. Cheval (A’oud). — Il y a, en Égypte, plusieurs espèces de chevaux: les beaux chevaux arabes de race pure qui sont venus de l’Arabie, les chevaux d’origine syrienne dont se servent les tribus Kurdes et Hanézès, ceux qui viennent de l’intérieur de l’Asie et de l’Europe, enfin ceux que l’on amène de Dongolah. Ces différentes races ont formé des mélanges; cependant, on n’emploie, en général, comme étalons, que des chevaux arabes de race pure. Ces animaux délicats, accouplés avec de fortes juments, produisent une espèce plus robuste, dont les formes sont plus arrondies, et qui constitue la véritable race égyptienne.

Le cheval égyptien est de plus haute taille que le cheval arabe. Sa tête est mieux placée; son encolure se dessine émerveille; ses yeux sont pleins de feu et d’ardeur; ses naseaux sont largement ouverts; sa croupe est gracieusement arrondie, ses jambes sont /127/ fines, sèches et nerveuses; son allure est noble, fière, majestueuse. Le cheval arabe, soumis à une vie active, laborieuse et pénible, à des privations qui n’ont pour ainsi dire pas de terme, sous des maîtres à demi sauvages qui ne s’épargnent pas davantage eux-mêmes, est toujours de petite taille, maigre, dépourvu de formes agréables, sans rien perdre, pour cela, de ce mâle courage et de cette vigueur indomptable, qui le rendent si précieux à son possesseur.

Du reste, on ne trouve pas en Égypte de chevaux de haute taille; aussi ne peut-on y monter de la grosse cavalerie.

Les peuples d’Orient se servent généralement, on peut même dire exclusivement, de chevaux entiers, sans que de cet état parfait de nature résulte le moindre inconvénient dans l’usage. La docilité de ces animaux n’est pas moindre que celle de nos chevaux d’Europe, soumis à la terrible mutilation qui les dégrade et les énerve. Ils ne s’emportent pas plus sous l’homme, ils ne se prêtent pas moins à toutes ses exigences avec une condescendance admirable, quelle que soit leur fougue et leur vivacité.

46. Ane (Hemâr). — On aurait une idée bien fausse de l’âne d’Flgypte si on le confondait avec celui d’Europe. Ce n’est plus, comme dans nos contrées, un quadrupède chétif, avili, mal nourri, encore plus mal soigné, impitoyablement maltraité; c’est au contraire un animal grand et bien fait, dont la tournure est presque noble, dont la démarche est légère, dont les allures sont vives et douces à la fois. Aussi le prix /128/ des ânes d’Égypte est-il assez élevé, surtout quand ils unissent aux belles qualités de formes que je viens d’indiquer, de l’énergie et de la vigueur. Ce sont eux que l’on emploie de préférence pour les longs voyages à travers le désert, en société avec les chameaux, chargés des lourds bagages ou du transport des marchandises.

Les ânes les plus beaux, et par conséquent les plus estimés, proviennent des contrées les plus chaudes et les plus sèches de l’Égypte, du Saïd notamment. Ceux qui naissent dans le Delta sont inférieurs aux autres sous tous les rapports.

47. Mulet (Baghl). — L’Égypte, qui possède les plus beaux chevaux du monde, et les ânes de la plus belle espèce, devait produire de beaux mulets. Ces animaux y sont en effet fort estimés; il en est dont la valeur approche de celle des chevaux les plus brillants. On s’en sert comme montures, et leur équipement est à peu près le même que celui des ânes. Les mules (Bâghléh), toujours plus dociles et plus endurcies à la fatigue, sont préférées aux mulets. Leur allure est l’amble. On les exerce à ce mode de progression par un moyen mécanique qui consiste à réunir par une corde les pieds antérieur et postérieur du même côté, de manière que le mouvement du premier de ces organes entraine nécessairement l’autre (1).

(1) Je renvoie le lecteur, pour de plus amples détails, au § du chapitre des Mœurs qui traite des voies de communication et des moyens de transport par terre.

/129/ 48. Dromadaires. — Si l’on ne veut appliquer le mot de chameau qu’à la variété de l’espèce dont le dos se recourbe en deux bosses, il n’existe pas en Égypte de chameaux proprement dits. On y distingue deux races de dromadaires: l’une, à qui l’on donne le nom de Djemmel (chameau), dont la taille est élevée, la force prodigieuse, la marche pesante, et que l’on destine au transport des lourds fardeaux; l’autre, moins grande, moins massive, d’une agilité remarquable, nommée Hadjim par les Arabes parce qu’elle est la monture des Hadji (pèlerins), et dromadaire par les Européens.

Malgré les services que rendent les dromadaires, ils étaient pour les anciens Égyptiens un objet de mépris; les Arabes ont au contraire pour eux le plus grand attachement. Le dromadaire est utile sous d’autres rapports que les transports et les voyages. Son poil est un article important de commerce; les Arabes en fabriquent des tentes et des tapis. Sa fiente, mêlée avec de la paille hachée, et desséchée au soleil, compose une espèce de motte dont on se sert comme combustible. Le lait des chamelles est très-apprécié par les Bédouins, qui en font un très-grand usage.

49. Bœuf (Thour). — Le bœuf domestique d’Égypte ne diffère en rien de celui d’Europe. Il est employé pour les travaux d’agriculture et pour divers usages encore. Ce que quelques auteurs qui ont écrit sur l’Égypte ont dit de la beauté de cet animal et de l’excellence de sa chair n’est pas tout à fait exact. Il est pro- /130/ bable qu’aux temps anciens où le bœuf était en honneur, où les arts agricoles étaient cultivés avec grand soin, cet animal se faisait remarquer par l’élévation de sa stature, par la beauté de son pelage et par le développement des cornes qui lui servent d’ornement et de défense; mais la race en est dégénérée aujourd’hui. Le bœuf est en effet réduit à des proportions moyennes. Ses cornes sont généralement petites, son poil d’un fauve plus ou moins prononcé ne saurait flatter l’œil en aucune manière. La saveur de sa chair est bien loin de mériter la réputation qu’on aurait voulu lui donner; c’est en effet, comme on l’a observé, dans les parties boréales du globe et non dans les pays chauds qu’il faut chercher les qualités savoureuses et succulentes de la chair de cet animal.

On trouve en Égypte un bœuf sauvage que les Arabes appellent Bakkar-el-Ouesch et qui constitue une espèce distincte, très-rapprochée du zèbre, selon un auteur estimé, si ce n’est identiquement le même animal. Les Arabes élèvent quelquefois dans la campagne de jeunes bœufs de cette espèce qu’ils ont atteints en poursuivant des sujets adultes; leur cuir est estimé.

50. Buffle (Djamouss). — Le buffle ne paraît pas être d’origine égyptienne; car il n’est pas représenté sur les monuments antiques, et on ne le trouve pas à l’état de momie. On prétend que cet animal a été importé après la conquête des Arabes. Le climat et le sol de l’Égypte lui conviennent parfaitement. Il s’y est, en /131/ effet, aisément multiplié, et a acquis une très-belle taille. Les buffles égyptiens ont très-peu de poils; la couleur de leur peau est gris de fer. Ils vivent presque constamment dans l’eau, tellement qu’on les dirait amphibies. Quoique d’une physionomie farouche, ils sont au fond très-doux, et n’ont nullement la férocité ombrageuse des buffles de l’Europe, et surtout de la Romagne. Leurs femelles donnent par jour de quatorze à seize livres d’un lait d’excellente qualité. Jusqu’à présent les Arabes n’ont pas encore utilisé la force prodigieuse du buffle, en s’en servant pour leurs travaux domestiques. Sa chair est très-grossière, et n’est mangée que par le peuple.

51. Race ovine. — La race ovine constitue une partie des richesses de l’Égypte. Elle y est nombreuse et point mélangée. Les béliers ne sont pas soumis à la castration. La laine est de belle qualité. Les brebis (gahameh) paraissent être plus fécondes qu’en Europe. Elles donnent deux portées par an, et généralement deux agneaux à la fois. L’espèce est celle de la Barbarie.

Quelques autres espèces sont importées en Égypte du Sennâr, du Kordofan et de l’Yémen. Ce sont des béliers à queue adipeuse et de haute stature, dont la laine est commune et de peu de valeur, mais qui ont beaucoup de chair et dont la graisse surtout est fort estimée; ou bien encore des animaux à poil ras cassant comme celui des antilopes, et qui présentent dans certaines parties de leur corps un dé- /132/ veloppement graisseux dont on pourrait sous certains rapports obtenir des avantages assez importants.

52. Chèvre (Maâzel). — Les chèvres, que l’on trouve répandues surtout dans l’Égypte inférieure, sont de l’espèce dite de Syrie et appelée aussi chèvre mambrine. Elles sont caractérisées par leur chanfrein arqué, leur corps élancé, la petitesse de leurs cornes, leurs oreilles longues et pendantes et leur pelage généralement roussàtre. Leur lait est bon et abondant; on en fait grand usage. Elles sont conduites par petits troupeaux dans les villes, et chaque consommateur voit traire devant lui le lait dont il a besoin. Leur fécondité n’est pas moins grande que celle des brebis, puisqu’elles produisent deux fois par an, et que le nombre de chevreaux est régulièrement de deux, quelquefois de trois, et par exception de quatre.

Les chèvres de la Haute-Égypte, notamment du Saïd, sont d’une autre espèce. Leur taille est beaucoup plus petite, leurs cornes sont plus développées; elles sont vives, alertes; leur poil est long, soyeux et bien fourni; elles auraient sous ce rapport, comme sous plusieurs autres, assez d’analogie avec les chèvres d’Angora.

Le Sennâr fournit aussi une espèce de chèvre de très-petite taille, à poil ras, dont le dos est marqué dans toute sa longueur par une bande noire sur un fond plus ou moins gris ou roussàlre.

53. Chien (Kelb). — Je ne sais si, rigoureusement parlant, le chien d’Égypte mérite d’être compris au nombre des animaux utiles, au nombre des animaux /133/ domestiques. Ses mœurs et ses habitudes sont moitié sociables, moitié sauvages, selon qu’il habite les villes, ou que, vivant en nomade et sans maître, il fréquente, comme le chacal et le renard, les limites du désert. Dans l’une et dans l’autre de ces conditions, son pelage se distingue par de notables différences. Dans l’état de liberté complète, il a le poil plus long et plus fauve. Sa nourriture se compose de débris d’animaux abandonnés par l’hyène et le chacal; en cas de disette, il attaque et dévore son semblable.

Dans les villes où il pullule, il habite en tribus certains quartiers, et s’y impatronise de telle sorte, qu’un chien appartenant à une autre tribu ne saurait tenter de pénétrer dans le quartier voisin sans être assailli avec furie, sans être cruellement battu, quelquefois même dévoré. Le même sort attend infailliblement les chiens d’Europe quand ils se présentent dans les rues. Bien qu’impurs aux yeux des bons musulmans, les chiens reçoivent d’eux, en Égypte, des soins particuliers. Ils ont droit, en quelque sorte, aux débris de leur table, ainsi que cela a lieu dans les diverses parties de la Turquie d’Europe. Là comme en Égypte, c’est une chose digne de remarque, la rage est à peu près inconnue chez ces animaux.

En résumé, le chien d’Égypte paraît constituer une espèce distincte qui s’est perpétuée sans mélange et qui a la plus grande analogie de caractères avec les momies que l’on trouve dans les catacombes et autres vastes hypogées.

/134/ 54. Chat (Qall). — Le chat a joui, de tout temps, en Égypte, de privilèges presque illimités. Les honneurs qui lui étaient rendus dans l’antiquité, et sa condition actuelle le prouvent également. Autrefois, les considérations politiques ont pu commander aux législateurs ces soins et ces égards qui étaient devenus populaires: les traditions religieuses ont sans doute inspiré aux modernes possesseurs de la terre des Pharaons ces procédés dont ils n’ont pas dévié. Le chat était aimé de Mahomet, témoin le sacrifice que le prophète fit de la manche de sa robe, sur laquelle l’animal favori s’était endormi, plutôt que de troubler son sommeil. De là cet amour que tout musulman doit professer pour l’espèce qui descend, à ce qu’il croit, du chat du prophète, sans altération. Le chat a accès partout en Égypte. Partout il reçoit le meilleur accueil, au harem comme à la mosquée, chez le fellah comme chez le cheik, chez le cadi ou chez l’aga. Dans l’antique Égypte, la mort d’un chat était un long sujet de regrets et de deuil; la douleur s’exprimait par des manifestations spéciales, on les embaumait avec vénération, on les enterrait solennellement; on se borne aujourd’hui à les entourer de soins délicats, pendant la trop courte période de leur vie vigoureuse, d’adoucissements pendant leurs maladies qui sont traitées dans des sortes d’hôpitaux institués à cet effet, au moyen de donations et de fondations pieuses. Le chat s’est donc toujours trouvé singulièrement bien partagé dans ce pays, au milieu de tant d’autres /135/ animaux qui y sont condamnés à la misère et à la souffrance.

Quadrupèdes sauvages.

55. Loup (Dyb). — Plusieurs naturalistes ont prétendu qu’il n’existe pas de loups en Égypte. C’est une erreur. On en trouve une espèce sur divers points. Elle diffère de celle d’Europe par le poil qui est beaucoup plus court. Toutefois, ce loup est bien plus rare que le renard et l’hyène. Ne serait-ce pas le Canis Anthus, ou bien encore le Canis Fennec de Bruce.

56. Renard (Tsâ âleb). — Le renard d’Égypte est plus petit que celui d’Europe. Ses oreilles sont noires, ses pieds sont fauves, la couleur du dessous de son corps est toujours d’un brun qui s’enfume davantage à mesure que l’animal vieillit. On le voit rôder dans la campagne, se livrer à la chasse et se rapprocher des habitations pour tâcher d’y surprendre les poules, ainsi que d’autres animaux domestiques.

57. Chacal (Djâqâl). — Le chacal vit en troupes nombreuses sur les lisières du désert et se loge dans les ruines et les décombres. Il se nourrit de cadavres d’animaux et fait entendre pendant la nuit des hurlements tristes et prolongés.

58. Hyène. — Cet animal, appelé Dabèh par les Arabes, n’est pas moins commun en Égypte qu’en Syrie et sur les côtes septentrionales d’Afri- /136/ que. Ses mœurs et ses habitudes sont assez connues pour qu’il soit superflu de rien ajouter à ce sujet. On peut le soumettre à la domesticité si on le prend tout à fait jeune, et surtout si on l’habitue à un régime peu carnassier. L’espèce est l’hyène barrée.

59. Sanglier. — Il est appelé Khanzire par les Arabes, qui donnent le même nom au cochon domestique. Ce pachyderme paraît constituer une espèce distincte. Son état d’impureté le soustrait au danger de la poursuite des chasseurs arabes. Aussi est-il très-répandu dans les diverses parties de la Basse-Égypte où il commet souvent de très-grands ravages. Il se rue plus particulièrement sur les champs ensemencés de doura. On rencontre souvent les sangliers par bandes de cinquante à soixante; mais c’est particulièrement vers le Delta, sur les bords des lacs et dans le voisinage de la mer.

60. Hippopotame (Fars-el-Bahar). — Ce pachyderme monstrueux, que l’on croit assez généralement habiter tous les points de l’Égypte traversés par les eaux du Nil, ne s’y rencontre qu’accidentellement. Il faut aller le chercher dans la Haute-Nubie. Cependant on peut citer quelques apparitions d’individus isolés qui se sont montrés jusqu’aux environs de Damiette.

C’est ainsi, par exemple, que Prosper Alpin dit en avoir fait chasser un dans cette localité; c’est ainsi qu’en 1836 on en vit un non loin de la même ville. Il commit de grands dégâts dans la campagne, /137/ et puis, après une vingtaine de jours environ, il disparut pour ne plus se montrer. On a prétendu que l’hippopotame était plus commun jadis en Égypte, mais cette opinion parait peu probable.

61. Gazelle (Gazal). — Ce joli et gentil animal se trouve en grand nombre sur les confins des déserts qui entourent l’Égypte. On sait avec quel amour les poètes arabes ont chanté la coquette délicatesse de ses membres, la beauté de ses yeux, la légèreté de sa course rapide. La gazelle se nourrit des petites herbes que produit le désert; elle vient quelquefois pendant la nuit brouter et boire, dans les terres cultivées. Les Arabes Bédouins la poursuivent, et, montés sur leurs agiles juments, parviennent quelquefois à la fatiguer et à l’atteindre. Ils la chassent au fusil, au faucon ou au chien. On prend les petites gazelles vivantes. Cet animal, qui est si farouche à l’état sauvage, s’apprivoise très-bien; j’en ai plusieurs dans ma basse-cour qui sont très-familières, et procréent chaque année.

L’antilope (Dorcas), ou bœuf sauvage d’Égypte, est un animal qui appartient plus particulièrement à la Nubie.

On doit rapporter à la race ovine une sorte de mouflon dont la taille est assez élevée et qui paraît être le même que le mouflon d’Afrique.

Enfin, je citerai, pour compléter cette nomenclature mammalogique, un animal fort rare, de la famille des Ruminants, de la taille d’un bélier, qua j’ai rencontré à la hauteur de Syout, dans le désert qui /138/ avoisine la rive orientale du Nil et dont l’existence n’avait pas encore été signalée.

62. Daman. — C’est le Schasan des Hébreux, et son nom vulgaire est l’Agneau d’Israël, ou bien encore le Daman d’Israël. Bruce est le premier naturaliste qui l’ait fait connaître. Il est de petite taille, d’un pelage roussàtre tirant sur le brun. Les bêtes fauves en font souvent leur pâture.

63. Singes (Qerd). — Les singes, qui sont importés en Égypte par des bateleurs arabes et qui sont colportés de ville en ville, n’appartiennent pas au pays. Ils proviennent du Sennâr, de l’Arabie, et c’est à tort que quelques historiens ont prétendu qu’ils avaient été propres à l’Égypte pendant l’antiquité, se fondant sur la grande quantité de singes que l’on trouve momifiés. Ce sont généralement le magot, le maïmon et le tartarin.

64. Hérissons (Qanfod). — L’espèce de hérisson que l’on trouve en Égypte diffère de celle d’Europe par quelques nuances de pelage. Ce sont d’ailleurs les mêmes habitudes et les mêmes mœurs.

65. Martre. — La martre-furet est la seule espèce de ce genre que l’on rencontre en Égypte. Ce carnassier y est très-répandu. Il pénètre jusque dans les habitations, où il attaque et tue impitoyablement les volailles dont il mange aussi les œufs avec avidité.

66. Mangouste (Nems). — On la connaît plus parculièrement sous le nom d’Ichneumon et de Rat de Pharaon. Elle est répandue dans toute l’Égypte. Cet animal pourrait être soumis à la domesticité, car /139/ son naturel est assez doux; mais, d’un autre côté, la somme des avantages qu’il procurerait, en détruisant les rats et les souris dont il est avide, serait trop largement compensée par les déprédations auxquelles ses mœurs carnassières le porteraient incessamment, au grand préjudice des animaux domestiques.

Que de fables ont été débitées sur son compte? Sans doute, la mangouste détruit beaucoup de erocodiles, puisqu’elle les attaque dans l’œuf qu’elle recherche sur le sable, et qu’elle dévore les petits animaux de cette espèce qui se laissent surprendre par elle. Mais il y a loin de ce fait, qui est avéré, à ce guet-apens au moyen duquel elle profiterait du vaste hiatus de la mâchoire du lézard géant pour pénétrer dans l’estomac, déchirer ce viscère et occasionner ainsi la mort de son puissant ennemi.

Dans l’antiquité, la loi protégeait la mangouste d’une manière spéciale. Les peuples pourvoyaient journellement cà sa subsistance. Après sa mort, elle était l’objet d’un culte particulier.

67. Lynx (Chat sauvage, gatt nemeri). — On voit en Égypte deux espèces de lynx, l’une des marais, et en effet elle chasse aux oiseaux de marécages. Sa taille est trois fois environ celle du chat. C’est le felis chaus des naturalistes. La seconde, beaucoup plus rare, est le felis lynx.

68. Gerboise. — On en compte deux espèces, de taille bien différente, et qui se distinguent encore entre elles par les pieds velus ou entièrement nus. /140/ Dans le premier cas (l’espèce est bien plus petite), c’est le dippus hirtipus des zoologistes; dans le second cas, c’est le dippus sagitta. L’une et l’autre ont les tarses très-longs et très-minces, et peuvent exécuter des sauts à de certaines distances. Il est peu de rongeurs armés de dents aussi robustes. S’ils sont captifs, les cages en bois construites de la manière la plus solide ne sont qu’un faible obstacle à ce qu’ils reconquièrent promptement la liberté. Une prison de fer peut seule résister aux attaques incessantes de ce joli mammifère, alors surtout qu’il n’est point observé. Les Arabes le connaissent sous le nom de Gerboa.

On a confondu quelquefois sous sa dénomination un rongeur de la taille d’un des grands rats d’Europe, qui est la gerbille des pyramides, du lieu où on le rencontre plus fréquemment. Une seconde espèce de moitié plus petite vit, dit-on, en Nubie.

69. Rats et souris (Far). — Sous ces deux dénominations sont comprises les diverses espèces de murins que l’on trouve abondamment en Égypte. Deux variétés plus intéressantes parmi tant d’autres sont le rat d’Alexandrie aujourd’hui naturalisé sur le littoral de l’Europe méridionale, et que les Italiens appellent du nom de rat des toits, et le rat épineux dont les poils du dos sont roides et piquants.

70. Lièvre (Arneb). — Le lièvre d’Égypte diffère du lièvre commun par la couleur de son pelage, par la longueur des oreilles et des pattes postérieures. C’est un animal impur pour les musulmans qui, s’abste- /141/ nant de le manger, ne lui font point cette guerre acharnée qu’on a déclarée à l’espèce ordinaire, en France et dans tous les lieux où elle se propage avec abondance.

Oiseaux.

Oiseaux domestiques.

Poule. — Poule d’Inde. — Pigeon. — Oie.

71. Poule (Farkah). — La poule d’Égypte ne diffère de celle d’Europe que par la taille. Elle ne devient jamais aussi grosse que celle-ci, et, chose singulière qui pourrait devenir le thème d’observations intéressantes et fort curieuses, elle n’a aucune tendance à l’incubation de ses œufs. Cette incubation est faite artificiellement et sur une vaste échelle, de manière que l’on peut affirmer que l’éducation de la volaille n’est, nulle part, aussi étendue que dans ce pays, puisque, par les moyens employés, il n’y a pas cette suspension forcée d’incubation à laquelle le règlement des saisons, en Europe, condamne l’éducateur. L’expérience la plus simple à faire au sujet de l’anomalie que j’ai indiquée, se bornerait à transporter en Égypte quelques poules déjà éprouvées sous le rapport de leurs bonnes dispositions à couver, en même temps qu’on importerait en France quelques poules égyptiennes. Si, par ces changements opérés, les unes perdaient leur qualité, si les autres la recouvraient, l’influence climatérique serait suffi- /142/ samment reconnue, et ce singulier phénomène n’en mériterait que plus d’attention (1).

(1) Voir, sur l’incubation des œufs, le chapitre del Mœurs

On trouve au Fayoum et à Denderah une variété de poule beaucoup plus forte, et dont les jambes sont plus allongées que chez l’espèce précitée.

72. Poule d’Inde (Farkals). — Ce gallinacé est importé depuis peu d’années en Égypte. Son éducation y est facile et sa propagation rapide.

73. Pigeons (Hamâm). — On élève, dans ce même pays, avec beaucoup de soin et de succès, le pigeon domestique, semblable à celui d’Europe, et dont les variétés sont nombreuses. Il eu est de même du petit pigeon ou ramier, fort estimé pour sa chair, qui est très-délicate. Il est préféré à la première espèce, en ce sens qu’il vit presque à l’état sauvage et qu’il va chercher au loin une nourriture qui ne coûte rien à ses maîtres. On rencontre souvent des villages hérissés de pigeonniers, dont les habitants s’occupent presque exclusivement de l’éducation de ces volatiles.

74. Oie (Ouizzah). — L’oie cendrée est l’espèce indigène; on a introduit celle d’Europe. Les canards domestiques (Berk) sont peu répandus. Les canards sauvages, particulièrement à beau reflet d’acier bruni, sont élevés dans les basses-cours.

/143/

Oiseaux sauvages.

Rapaces: Vautours, — Faucons, — Aigles, — Aigles pêcheurs, — Autour, — Milan, — Élanion, — Buse, — Busards. — Oiseaux nocturnes. — Chauves-souris. — Passereaux. — Grimpeurs. — Gallinacés. — Échassiers.

75. Rapaces. Vautours (Hedoyah, Nisr). — Les vautours arian et griffon, le catharte alimoche, vulgairement appelé poule de Pharaon, sont communs en Égypte. Ils n’y sont pas absolument sédentaires, et entreprennent périodiquement des migrations qui les portent sur divers points du continent européen, et dans quelques-unes des îles dont la Mediterranée est parsemée.

76. Faucons (Bâs). — On compte au moins sept espèces de vrais faucons en Égypte. Ce sont:

Le pèlerin,

Le lanier,

Le hobereau,

L’émerillon,

La crécerelle,

La crécerellette,

Et le kobèz.

Ce sont tous des oiseaux voyageurs ou erratiques.

77. Aigles (Euqâb). — Ils sont au nombre de quatre, savoir:

L’aigle commun (voyageur),

L’aigle impérial (erratique),

/144/ L’aigle criard (voyageur).

L’aigle de la Thébaïde (sédentaire), aussi en Syrie, peut-être même sur la côte de Barbarie.

78. Aigles pêcheurs. — Le pygargue, le jean-le-blanc, le balbuzard ne sont point rares sur toute l’étendue de l’Égypte. Le fleuve, les bords de la mer, les lacs offrent à ces oiseaux voyageurs des ressources abondantes pour leur nourriture.

79. Autour (Nisr). — Les mêmes habitudes de voyages appartiennent à l’autour et à l’épervier, qui se montrent périodiquement aussi dans le pays, à diverses époques de l’année.

80. Milan. — Il en est encore ainsi du milan royal et du milan noir.

81. Élanion. — Le blac, oiseau unique du genre, vit sédentaire eu Égypte. Peut-être doit-il être rangé parmi les oiseaux erratiques.

82. Buse. — On connaît, dans le même pays, la buse commune pour un oiseau voyageur. Il ne serait pas étonnant que quelques naturalistes en eussent signalé plusieurs espèces, en raison de la variété de livrées que ce rapace présente.

85. Busards. — Les mêmes ressources, qui s’offrent aux balbuzards pour leur nourriture, attirent les busards des marais et Saint-Martin dans le voisinage du fleuve et dans les marécages d’Égypte. On les rencontre absolument semblables sur les côtes de Barbarie en Sardaigne, en Sicile et sur le continent d’Europe.

/145/

84. — Oiseaux nocturnes:

La chouette de l’Oural;

L’effraie;

Le grand duc;

Le moyen duc;

Le hibou à aigrettes courtes;

La chouette de Savigny;

La chouette nébuleuse;

La chouette chevêche;

Et la chouette scops habitent également l’Égypte. Ces oiseaux nocturnes, dont les ailes sont peu puissantes, dont les plumes sont lâches et peu serrées, ne sont pas habiles à entreprendre de longs voyages. On devrait en conclure qu’ils vivent sédentaires dans ce pays. L’apparition en Angleterre et sur d’autres points encore du Strix asculaphus, dont la demeure est plus particulièrement l’Afrique, vient cependant contrarier quelque peu cette assertion fondée sur l’observation physiologique.

85. Chauves-souris. — L’intérieur des pyramides, les vastes hypogées, les grottes, les temples antiques, les arbres creux donnent asile à une infinité de chauves-souris dont une espèce, la roussette, acquiert de très-grandes dimensions.

Les naturalistes les ont divisées en plusieurs genres auxquels président des caractères distincts. Ce sont les Rhinopomes, les Rhinolophes, les Nyctères, les Taphiens, les Molosses, les Nyctinomes et les Roussettes.

/146/ 86. Passereaux. — La plupart des oiseaux de cet ordre, propres à l’Europe, se montrent communément en Égypte, à l’époque de leurs migrations. Il devient donc inutile de les énumérer. Je me bornerai à citer exceptionnellement quelques espèces, entre autres, dans la famille des traquets, le traquet leucomèle; les fauvettes rubigineuses, de Ruppel, luscinoïde, etc., parmi les becs fins proprement dits; ainsi que le pipil à gorge rousse du genre anthus; les conirostres me fourniront les alouettes bifasciei et isabellini offrant de jolies variétés, les bruants, le cendrillard, les fringilles; le moineau espagnol, si différent du moineau ordinaire d’Europe, et qui, dans ses courses erratiques, semble suivre une route invariablement tracée; le bouvreuil githagine, qui se répand assez abondamment dans la péninsule Italique; les fissirostres, l’hirondelle de Savigny, l’hirondelle rousseline, qui apparaît accidentellement sur les bords de Provence.

Les corbeaux ont des mœurs assez cosmopolites, pour qu’on puisse les citer sur bien des points éloignés du globe, à plus forte raison en Égypte. Dans cette famille, se trouvent encore le choucas, la corneille mantelée, impatronisée sur les maisons du Caire et qui remonte jusque dans la Haute-Égypte; le rollier avec sa belle livrée d’un vert bleuâtre qui la fait ressembler à un oiseau des tropiques.

Dans la tribu des syndactyles, ces guêpiers brillants qui, en Égypte, rattachent, sous le rapport des produits zoologiques, l’Afrique occidentale à l’Afrique /147/ riveraine de la Méditerranée. Ce sont le merops Savignii, le merops apiaster el le merops viridis, qui aime tant à faire ses évolutions gracieuses et ses chasses abondantes au-dessus des champs de doura, et tout auprès des mimosa, dans les touffes desquels il va se reposer.

Puis, dans les ténuirostres, la huppe, qui ne diffère en rien de celle d’Europe.

87. Grimpeurs. — Je ne citerai, parmi les grimpeurs, que le pivert, purement de passage en Égypte; le coccysus pisanus plus sédentaire, et le coucou commun.

88. Gallinacés. — Les gangas sont nombreux en Égypte. Ils habitent les limites du désert, et s’avancent par bandes nombreuses vers les champs cultivés et vers les bords du fleuve où ils viennent s’abreuver.

On y compte:Le ganga cutta;
Le ganga mouchette;
Le ganga à ventre brutté;
Le ganga Lichtenstein;
Le ganga unibande.

Tous également sédentaires et plus ou moins rares.

La caille abonde à certaines époques, et puis elle entreprend ces voyages lointains qui la font apparaître sur les points du globe les plus opposés.

Deux espèces bien distinctcs de tourterelles peuvent être citées. C’est, d’une part, la tourterelle commune qui est de passage et dont la chair est estimée; d’autre part, la tourterelle sédentaire à chair maigre /148/ et peu sapide. Celle-ci se rapprocherait de la tourterelle à collier de Barbarie, si sa partie inférieure n’était d’une couleur blanc sale au lieu du blanc pur de la première.

89. Échassiers. — Ce serait se lancer dans une interminable énumération que d’aborder cet ordre si nombreux d’oiseaux de tailles et de formes diverses. Presque tous sont les mêmes que ceux d’Europe, dont les mœurs, comme on sait, sont essentiellement voyageuses. Le pluvier à tête noire, le pluvier armé, le court-vite, mériteront seuls une mention.

Je m’arrêterai plus complaisamment à parler de l’ibis sacré, espèce la plus célèbre des longirostres, dont le tour serait arrivé. C’était un oiseau vénéré dans l’antiquité, et dont les momies parfaitement conservées ont été trouvées dans plusieurs catacombes de l’Égypte. C’est encore lui que l’on trouve figuré dans les hiéroglyphes. Il n’est pas très-commun en Égypte aujourd’hui, et ce n’est guère qu’en remontant vers les cataractes qu’on peut espérer de le rencontrer. Entièrement nudicolle à l’état adulte, il est garni de plumes blanches assez serrées, dans toute la longueur de son cou, alors qu’il est jeune et quoique sa taille soit aussi développée que dans le premier cas.

J’apporterai la même restriction en parlant des palmipèdes. Pélicans, oies diverses, canards de toute espèce s’y rencontrent communement.

/149/

90. — Entomologie.

Les insectes de divers ordres sont abondants eu Égypte, sauf quelques restrictions pour certains d’entre eux. C’est ainsi que les papillons sont moins variés que les coléoptères, et que parmi ceux-ci, par exemple, les ténébrionites sont plus fréquents que les insectes diurnes, probablement à cause de l’action solaire, si intense dans un pays dépourvu d’ombre, et de cette végétation rampante qui abrite tant de petits êtres organisés. Le Nil renferme aussi quelques animaux articulés de l’ordre des crustacés, quelques hirudinés et autres encore. Les libellulines sillonnent incessamment les eaux du fleuve et se jouent sur ses bords. Elles s’élèvent quelquefois dans les airs par myriades et, de même que les papillons et les oiseaux, opèrent de lointaines migrations. Dans les campagnes de l’Égypte, pour lesquelles les sauterelles furent autrefois une plaie calamiteuse, on les voit encore aujourd’hui plus nombreuses que partout ailleurs; mais c’est là aussi que, par compensation, vivent plus sédentaires les oiseaux acridophages.

Les arachnides de toute espèce, les hideux scorpions, dont les piqûres sont fort dangereuses, habitent les sables, les masures, et se glissent jusque sous les nattes dans l’intérieur des appartements. Une toute petite larve de myrméléon creuse son trou en entonnoir dans les terrains meubles et se procure, comme le myrméléon d’Europe, par embuscade, la nourriture dont il a besoin.

/150/

91. — Coquilles.

Les coquilles terrestres sont en bien petites proportions en Égypte, si on les compare au plus grand nombre des animaux organisés. L’hélix irregularis est à peu près la seule que l’on connaisse. Ses couleurs et même sa forme varient à l’infini.

Les eaux du Nil renferment des unio, iridine et cyrène. Sur les bords vivent les paludines. — Dans la Haute-Égypte et vers les cataractes se trouvent agrégées aux masses rocailleuses les éthérées, dont la découverte est due à M. Cailliaud. On trouve çà et là quelques petits bulimes, quelques clausilies et maillots.

92. — Reptiles.

Les animaux appartenant à cette classe sont nombreux en Égypte. Les uns, c’est le petit nombre, habitent les eaux du Nil ou sont riverains de ce fleuve; les autres sont répandus dans les villes, les champs, et sur les limites du désert.

Crocodile (Temsah). — Le reptile le plus renommé parmi ceux auquels les eaux ou les bords du Nil servent de séjour est le crocodile: ce gigantesque lézard ne fréquente que la Haute-Égypte; il ne descend pas ordinairement au-dessous de Girgeh. Ce n’est que pendant les années de grande inondation que l’on en voit quelques-uns amenés par les eaux jusque dans le Delta.

/151/ On sait que le crocodile, sans être amphibie (car il n’a pas deux organes respiratoires), vit dans l’eau et sur terre. Il respire l’air naturel, mais, sur terre, il est gène et lourd dans ses mouvements; dans l’eau, au contraire, il montre une grande agilité. Ce n’est que dans cet élément qu’il se considère comme en sûreté: il s’y réfugie au moindre bruit, et c’est là seulement, dans les lieux profonds surtout, que sa voracité peut devenir funeste. Sur terre on n’a rien à en redouter.

Les crocodiles sont très-féconds. Ils viennent pondre leurs œufs sur le sable; ceux-ci éclosent sous l’action de la chaleur solaire. Au sortir de l’œuf, les crocodiles ont en général deux décimètres de longueur; ils croissent ordinairement jusqu’à cinq ou six mètres; on en a vu qui atteignaient dix mètres.

Ces reptiles choisissent leur demeure habituelle aux extrémités des îles et dans des lieux d’où ils puissent aisément se réfugier dans le Nil. Ils vivent en troupes et vont à la chasse sous la direction d’un chef. Lorsqu’ils dorment, un des leurs fait le guet. On les voit souvent, pendant la journée, étendus sur les îlots du Nil, humer le soleil, dont ils aiment la chaleur ardente, ou bien, la tète hors de l’eau, flotter au gré du courant.

On compte en Égypte diverses espèces de crocodiles. Une seule de ces espèces fut en honneur chez les anciens Égyptiens, et reçut même de leur part, dans la Moyenne-Égypte, une espèce de culte: petite, inoffensive, elle était facile à apprivoiser. Il /152/ paraît qu’elle était amenée par l’inondation et que c’était par reconnaissance pour l’heureux augure qu’elle apportait que les Égyptiens lui rendaient des honneurs religieux. On ornait les oreilles de ces crocodiles d’or et de pierres vitrifiées, et leurs pieds de devant de bracelets. On en trouve beaucoup à l’état de momie.

Autres reptiles. — Je me bornerai à érmmérer les autres reptiles que l’on trouve en Égypte; ce sont:

La grande tortue molle du Nil ou trionyx, appelée Tyrseh par les Arabes. Elle attaque et dévore avec avidité les jeunes crocodiles;

Le tupinambis ou monitor du Nil, appelé Ouaran el Bahr ou lézard du fleuve par les Arabes. Cet animal très-timide pousse des sifflements aigus à l’approche des êtres qu’il suppose ses ennemis: c’est ainsi qu’il rend à l’homme un très-grand service en l’avertissant de la présence du crocodile;

Le stellion spinipide, connu des anciens;

L’agame variable ou changeant;

Le gecko, dont les espèces les plus remarquables sont l’annulaire et le lobé;

Le caméléon trapu;

Le scinque, dont il existe au moins neuf espèces;

Le lézard, dont on compte sept variétés;

L’éryx, espèce de serpent, dont une espèce habite le Delta et une seconde la Thébaide;

La couleuvre, dont les espèces sont l’oreillure, la couleuvre à bouquets, celle à raies parallèles, la couleuvre maillée et la couleuvre à capuchon;

/153/ La scytale des pyramides;

La vipère, dont les deux espèces, céraste, autrement dit vipère à cornes, en raison de deux appendices qu’elle a au-dessus des yeux, et haje, sont également réputées très-dangereuses, et sur le venin desquelles Forskala fait de nombreuses et concluantes expériences;

La grenouille et la rainette, dont l’espèce porte le nom de Savigny, illustré dans les sciences naturelles.

Poissons.

93. Généralités. — Les poissons propres au Nil, les seuls dont je me propose de donner la nomenclature, sans être bien nombreux, constituent cependant quelques groupes intéressants par leurs mœurs, leurs habitudes et leur organisation.

De ces divers poissons, les uns sont sédentaires dans certaines localités, tandis que d’autres se livrent, à diverses époques, à des pérégrinations plus ou moins longues. Il en est qui, descendus de la partie supérieure du fleuve, s’avancent jusqu’à son embouchure. A l’époque de l’inondation, qui a lieu chaque année en septembre, ils viennent fournir aux habitants une nourriture abondante; car ceux-ci les recueillent en très-grande quantité, dans les campagnes inondées, lorsque les eaux s’écoulent pour rentrer dans leur lit.

Le lac Menzaleh, près de Damiette, est aussi très-poissonneux. Les produits de la pèche sont abon- /154/ dants et deviennent l’objet d’un commerce lucratif d’exportation pour les iles et le continent de la Grèce.

On a prétendu assez généralement que les poissons voyageurs portaient sur eux des indices certains de leurs migrations. Selon les assertions les plus répandues, ces animaux, à l’époque où ils descendent vers l’embouchure du Nil, auraient la tête meurtrie du côté gauche, tandis que cette meurtrissure existerait du côté droit alors qu’ils remonteraient le cours du fleuve. Dans la première hypothèse, ce fait aurait lieu parce que le poisson, pour éviter la force du courant, avoisinerait les bords du côté gauche; dans la seconde supposition, parce qu’il aurait la terre à droite.

Un auteur moderne et fort éclairé dans cette branche de la zoologie, auquel nous empruntons ces détails, a cité ce fait, il est vrai; mais, loin de l’appliquer à la généralité des poissons voyageurs, il le restreint à quelques espèces seulement. « Peu importe au poisson, ce naturaliste, la rapidité du courant auquel il se laisse aller sans s’inquiéter de la route qu’il doit suivre. Un seul besoin le presse et le dirige, c’est celui de se réunir à sa femelle. Il se hâte d’arriver avec elle dans ce milieu d’habitation où doit s’accomplir le grand acte de la nature; et, quand cet acte est accompli, quand il doit rentrer dans les lieux qu’il habite d’ordinaire, et dont l’amour l’avait momentanément éloigné, force est pour lui de se rapprocher du rivage pour vaincre le courant, toujours plus rapide. /155/ C’est dans cette circonstance seule que les écorchures existent sur les deux côtés de la tète, et non pas exclusivement du côté droit, ce qui prouverait que, lors de la remonte, le poisson se dirige indistinctement, adroite ou à gauche, au milieu des roseaux et des pierres où il trouve sa nourriture. »

94. — Énumération des poissos du Nil.

Peréhs lates, Keven ou mieux Kercheré des Arabes.

Chromis boté, petit labre fort joli, abondant dans les mares formées par les eaux du Nil près Rosette. Sa chair est délicate.

Cyprin Lépidote, espèce de barbeau, probablement le Lepidotos des anciens. Il était l’objet d’un culte assidu.

Cyprin du Nil, espèce de Forskal.

Labeo Coubie, espèce de Ruppel.

Leucisque du Nil, joli poisson blanc d’argent, à reilets d’or sur le ventre, à la hauteur de Thèbes, époque de l’inondation.

Leucisque Bibié, peut-être une variété du précedent.

Leucisque de Thèbes, l’Ibié des Arabes.

Mormyre oxyrinque. C’est le poisson auquel se rapportent les observations ci-dessus données sur les migrations. Il était vénéré dans l’antique Égypte.

Mormyre cachifé.

Mormyre labié, Herseh des Arabes, mot qui signifie belette.

/156/ Mormyre anguillaire.

Mormyre dorsal, Kachoué en arabe, ressemblant quelque peu au brochet.

Mormyre cimiprinoïde.

Mormyrus longipinnus.

Mormyrus elongatus.

Silure à oreilles.

Silurus mistus.

Trois espèces de Schilbé, dont un, le doré, est appelé par les indigènes Schilbé arabi.

Hypopthalmus niloticus.

Cinq espèces de Pimélodes. L’une d’elles est le Shal Caumaré des Arabes. On la trouve conservée dans les grottes sépulcrales de Thèbes.

Trois espèces de Sinodontes.

Porcus Bagad, plus généralement connu sous le nom de Bagatle, Bogas au Saïd, quelquefois long de cinq pieds, à chair molle, fade et peu estimée.

Porcus Docmac.

Mochokus niloticus. C’est un poisson de petite taille, singulièrement redouté des pécheurs à cause des piqûres dangereuses que produisent ses épines et qui, en raison de ses propriétés, a reçu le nom de Mouchoucké, en arabe: Ne te pique pas.

Heterohranchus anguillaris, remarquable par son extrême vitalité, si bien que, longtemps après avoir été tiré de l’eau et quoique ayant la tête brisée, il s’agite encore avec vivacité. Les Arabes le nomment Karmouth. Il sert d’aliment à la classe pauvre.

Hétérobranche bidorsal, poisson rare.

/157/ Malaptèrure électrique. Le nom de Raad (tonnerre), que les Arabes lui donnent, n’exprime encore qu’imparfaitement les singulières propriétés électriques dont il est doué, au moyen desquelles il communique aux personnes qui le touchent des commotions assez violentes pour les forcer à lâcher prise immédiatement.

Le Characin Néfasch.

Le Characin Raschal.

Le Characin Raï.

Le Characin denté.

Le Characin Besse, que l’on pèche rarement à la hauteur de Thèbes.

Le Mulète Murse.

Le Mulète Baremozé, petit poisson riche en couleur et dont la chair est assez savoureuse.

Le Mulète Guilé des Arabes, très-abondant à la hauteur de Thèbes, ne descend pas vers la Basse-Égypte.

La Jerasalme Citharine.

Le Lavaret du Nil, en arabe Jamak el Malch.

La Clopée du Nil, Sardinn el Sabouga.

Le Judis nilotique.

Le Polyptère Bichir.

Le Tetraodon Phisis, poisson de forme singulière et qui à la singulière propriété de humer une certaine masse d’eau et de la lancer avec force contre les personnes, comme s’il voulait les inonder. Il ne se montre qu’à l’époque des grandes eaux.

Le Gymnarque nilotique.

La Murène anguille.


/158/

§ IV.

Diverses races d’hommes qui habitent l’égypte.

Généralités. — Cophtes — Égyptiens musulmans. — Bédouins. — Barabras. — Juifs. — Grecs. — Abyssiniens. — Ethiopieas. — Européens.

95. Généralités. — Nous ne rechercherons pas si les premiers habitants de l’Égypte furent des Chinois ou des Indiens. Les suppositions hasardées à ce sujet ont plus ou moins de probabilité; mais il est difficile de les établir sur des fondements positifs. D’après la formation du sol de l’Égypte, suivant le cours du Nil du sud au nord, il est naturel de penser que les peuplades qui habitaient l’Abyssinie, la Nubie supérieure et inférieure, ont du s’étendre successivement avec le sol et le fleuve, vers le septentrion. Cette hypothèse, qui s’accorde avec l’assertion d’Hérodote, paraît s’approcher beaucoup de la vérité, lorsqu’on examine les traits et les formes des statues qui appartiennent aux monuments de l’antiquité la plus reculée.

L’Égypte, plus que toute autre contrée, a été agitée par les révolutions humaines. Elle a été attaquée, envahie, subjuguée tour à tour par les Perses, les Grecs, les Romains, les Arabes, les Ottomans, les Mamelouks (Géorgiens et Gircassiens) et les Français. Ces différents peuples, en se mêlant plus ou moins à la race égyptienne, en ont peu altéré le type primitif.

La population actuelle de l’Égypte se compose de /159/ Cophtes, d’Arabes, de Juifs, de Grecs, de Turcs, de Géorgiens et de Gircassiens, d’Abyssiniens, de nègres de différentes espèces, et d’Européens.

96. Cophtes. — Les Cophtes ont toujours été considérés, par la plupart des écrivains, comme les descendants des anciens Égyptiens. C’est ce que prouve jusqu’à un certain point la ressemblance que l’on remarque entre les Cophtes et les figures hiéroglyphiques (1). Cependant le célèbre Champollion a émis une opinion contraire. Les Cophtes ont le front fuyant, de grands yeux noirs, la coupe des paupières dirigée de bas en haut et de dedans en dehors, les pommettes grosses et saillantes, le pavillon de l’oreille élevé, le nez légèrement épaté, les lèvres épaisses et relevées, le mentonlarge, les cheveux noirs. Ils ont en général peu d’embonpoint, des membres grêles et la peau d’un teint blafard.

(1) Volney donne du mot Cophte une étymologie ingénieuse qui confirme cette opinion. « Le terme arabe Quobti, un Cophte, me semble, dit-il, une altération évidente du grec αι-γυπ-τιος, un Égyptien; car on doit remarquer que y était prononcé ou chez les anciens Grecs, et que les Arabes, n’ayant ni g devant a o u, ni la lettre p, remplacent toujours ces letres par q et b: les Cophtes sont donc proprement les représentants des Égyptiens. »

Tous les Cophtes ne présentent pas ces caractères, parce que beaucoup d’entre eux se sont mélangés. Ceux qui ont embrassé le catholicisme se sont alliés aux chrétiens grecs ou syriens; tandis que les Cophtes du rit jacobite, qu’on rencontre surtout dans le Saïd, ont conservé leurs mœurs et leur type primitif.

97. Égyptiens musulmans. — A l’époque de l’inva- /160/ sion arabe, une grande partie de la population cophte embrassa de gré ou de force l’islamisme, et alors une fusion assez grande eut lieu entre les conquérants et les vaincus. Dans ce mélange, les Arabes entrèrent pour une proportion bien faible relativement à la masse de la population. D’où il résulte que l’Égyptien actuel tient beaucoup plus, par ses formes, par son caractère et par ses mœurs, des anciens Égyptiens que des véritables Arabes, dont on ne trouve le type pur qu’en Arabie.

Les Égyptiens musulmans, qui forment la masse de la population actuelle des villes et des campagnes, et qui sont désignés par le nom de fellahs, se distinguent aux caractères physiques suivants: crâne développé, angle facial presque droit, figure ovale, sourcils arqués, yeux noirs et enfoncés; lèvres saillantes, barbe pleine, poitrine large, ventre peu volumineux, colonne vertébrale courbée on arrière, membres arrondis, articulations peu saillantes, mains et pieds petits, taille moyenne. La couleur de leur peau est plus ou moins foncée; et bien que l’Égypte ait une superficie peu considérable en latitude, on voit sur le littoral de la Méditerranéc le teint des habitants presque aussi blanc que celui des Européens, tandis qu’il se rembrunit successivement jusqu’à Assouan, où on peut le comparer à celui des Nubiens; c’est-à-dire qu’il est là plus foncé que celui des mulâtres.

98. Bédouins. — Les tribus nomades qui fréquentent les déserts voisins de l’Égypte sont connues sous le nom de Bédouins. Les Bédouins sont en général /161/ de taille assez élevée, leurs membres ne sont pas arrondis, comme ceux des Arabes cultivateurs; ils sont grêles. Leur teint naturellement blanc est hâlé par le soleil. Parmi leurs femmes, il en est qui sont d’une beauté ravissante. Les Bédouins sont fiers de la pureté de leur race, qu’ils tiennent à maintenir intacte, et qu’ils se gardent bien de mélanger en contractant des unions chez les habitants des terres cultivées.

99. Barabras. — Les Barabras sont une peuplade de la Nubie inférieure qui est répandue sur les rives du Nil, depuis l’ile de Philoë jusqu’à la seconde cataracte, sur un espace d’environ Nel testo: 200 lieues.
Corr. negli Errata
100 lieues de longueur. Ils se distinguent des Égyptiens par la couleur de leur peau, qui imite la teinte de l’acajou. Ils ne peuvent pas d’ailleurs être confondus avec la race nègre. La douceur de leurs mœurs et leur probité sont remarquables. On en compte 5 à 6,000 au Caire qui occupent des fonctions domestiques. Les Barabras, comme nos Auvergnats et nos Savoyards, se retirent dans leur pays pour y finir leurs jours, aussitôt qu’ils ont amassé en Égypte un petit pécule. La population barabra, qui occupe l’espace que nous avons indiqué plus haut, ne compte pas plus de 120 à 130,000 âmes.

100. Juifs. — Les Juifs, en Égypte, ont plus que partout ailleurs conservé leur physionomie primitive. Au milieu d’une population brune, ils se distinguent par la blancheur de leur teint; leurs yeux sont bleus /162/ ou gris, leur barbe et leurs cheveux sont en général blonds ou châtains.

101. Grecs. — Les Grecs qui sont en Égypte proviennent des différentes parties de la Grèce; plusieurs sont nés dans le pays. On les reconnaît à la coupe de leur figure, à leur taille svelte, à leurs manières enjouées et à leur costume qui diffère de celui des autres habitants.

102. Syriens. — Les Syriens sont assez nombreux en Égypte. Ils ont moins d’élégance dans les formes, et le caractère moins jovial que les Grecs. Ils parlent arabe et portent le costume des raïas du pays.

103. Abyssiniens. — Les Abyssiniens sont amenés en Égypte et sont vendus comme esclaves. Plusieurs sont faits eunuques et acquièrent alors une valeur beaucoup plus grande. Les femmes sont en nombre plus considérable.

Les Abyssiniens proviennent des côtes de la mer Rouge et de l’Océan, de l’intérieur et des frontières de la Nigritie. Il y en a trois variétés:

1° Ceux de la première ont la couleur des mulâtres, des cheveux crépus sans être laineux;

2° Ceux de la seconde, qui habitent l’intérieur, ont un teint plus clair; leurs cheveux sont longs et frisés.

Ces deux variétés ont la conformation de la tête et les traits du visage comme les Arabes, mais avec plus de régularité et de douceur. Leurs formes sont arrondies; leur constitution est délicate; ils man- /163/ quent de force physique et d’énergie morale; ils sont intelligents et fidèles. Les femmes sont remarquables par leurs charmes et leur douceur.

3° La troisième variété se trouve sur les limites de la province des Gallas. Là, les Abyssiniens ont la peau presque noire, les cheveux laineux; les traits de leurs visages se rapprochent de ceux des nègres.

104. Éthiopiens. — Les nègres qui arrivent en Égypte proviennent du Darfour, du Cordofan, des provinces du Camamil.

Les différentes tribus de ces contrées, en guerroyant entre elles, font des prisonniers qu’elles vendent ou qu’elles échangent, et des marchands nubiens, appelés Gellabs, conduisent ces esclaves dans les marchés des principales villes de l’Égypte.

Les nègres de ces contrées présentent des types et des caractères qui constituent des variétés très-nombreuses, qui se distinguent par la taille, la forme de la tête, les traits du visage, la couleur de la peau, leur capacité intellectuelle.

103. Européens. — Les Européens qui habitent l’Égypte et qui sont désignés sous le nom générique de Francs, se composent de membres de diverses nations de l’Europe et surtout d’Italiens; ils ont été en général attirés dans l’Égypte et le reste du Levant par les affaires commerciales. Il n’y en a qu’un très-petit nombre qui fassent de l’Égypte leur séjour permanent.

Aux chapitres de la population et des mœurs, je parlerai encore des diverses races qui habitent l’É- /164/ gypte; dans le premier, j’indiquerai dans quel rapport elles s’y trouvent entre elles; dans le second, les traits moraux les plus saillants qui les distinguent.