Liber Miraculorum
Sancte Fidis
ed. Bouillet 1897

Préface

/XV/

III

Quatre manuscrits avaient été utilisés pour ces diverses publications. Nous les désignerons sous les noms de Codices: 1º Reginae Sueciae; 2º Argentinensis; 3º Chiffletianus; 4º Carnotensis.

Codex Reginae Sueciae. – Rome. Bibliothèque du Vatican. Ms. 467 (probablement ancien 744) de la collection de la reine Christine de Suède5. Parchemin. 56 feuillets de 200 sur 140 millimètres.

/XVI/ Ce manuscrit, écrit au xiie siècle, contient: 1º la Passion de sainte Foy; 2º le récit de la translation de ses reliques à Conques; 3º « Bernardi Andegavini miracula S. Fidis ad Fulbertum Carnotinum ep. », tels que les Bollandistes les ont publiés au 6 octobre.

Le manuscrit de la reine de Suède est une de ces compilations fantaisistes dont nous avons parlé. On n’y trouve le récit que de vingt-quatre miracles, distribués d’une manière tout à fait arbitraire.

Dans la transcription qu’ils en ont donnée, les Bollandistes, ignorant l’œuvre du moine anonyme, que cependant ils soupçonnaient, et remarquant dans trois des récits des particularités et des détails qui leur semblaient étranges et inexplicables1, les ont supprimés complètement. Quant aux autres, ils les ont groupés en dix chapitres répartis en trois livres.

Puis, dans un appendice, ils ont recueilli sept autres récits, dont cinq empruntés à la Bihliotheca du P. Labbe, et les deux autres à un manuscrit de la Chartreuse de Strasbourg dont nous allons parler.

Le style des trois miracles omis par les Bollandistes et dont on trouvera le texte en appendice (p. 123), présente avec celui des autres chapitres du moine anonyme des dissemblances qui pourraient faire soupçonner la collaboration d’un autre moine, qui les aurait introduits à la suite du texte et avant l’épilogue. C’est ainsi que bon nombre de phrases n’offrent pas de sens /XVII/ compréhensible; que la traîne des récits est lâche et mal ourdie; qu’on y rencontre, particulièrement dans le troisième chapitre, des digressions singulières; qu’on y trouve des expressions inusitées jusque là (seronatus, tristitudine...), des redondances, des oppositions de mots étranges (stultissimo stultiore, fida Fides fiat fidei...)

Nous désignerons le manuscrit de la reine de Suède par la lettre V.

Codex Argentinensis. – Nous appelons de ce nom un manuscrit qui a fourni aux Bollandistes deux fragments, et qui faisait partie de la bibliothèque de la Chartreuse de Strasbourg. Le catalogue de cette bibliothèque, qui comptait 365 volumes, en partie manuscrits, tous détruits aujourd’hui, fut dressé vers 1525, et forme un volume in-4º, conservé aux Archives de Saint-Thomas de Strasbourg. Il a été publié par M. C. Schmidt1. Le Liber Miraculorum, qui n’y est pas mentionné expressément, faisait sans doute partie de l’un des recueils de miracles qui y sont catalogués.

Nous désignerons ce manuscrit par la lettre X, et nous le citerons d’après la version des Bollandistes.

Codex Chiffletianus. – Nous n’avons aucun renseignement matériel au sujet de ce manuscrit. Nous savons seulement qu’il faisait partie de la bibliothèque des Chifflet de Besançon, et qu’il fut communiqué au P. Labbe par le P. Pierre-François Chifflet, /XVIII/ comme lui de la Compagnie de Jésus. Mais nous ignorons et à quelle époque remontait ce manuscrit, et en quelles mains il passa, lors de la dispersion de la riche bibliothèque à laquelle il appartenait.

Nous désignerons par la lettre B la transcription que nous en ont laissée le P. Labbe, et, d’après lui, la Patrologie de Migne.

Codex Carnotensis. – Chartres. Bibliothèque de la ville. Ms. latin 1036 (H. 1. 51). Parchemin. 322 feuillets à 2 col. de 270 sur 178 millimètres. Reliure en veau avec bouillons. Provient de l’abbaye de Saint-Père de Chartres. La souscription qui se lit au bas d’une des dernières pages (fo 319 vo) indique le nom sous lequel il était désigné, et la date à laquelle il fut terminé (1373): Explicit liber qui dicilur Apothecarius moralis monasterii S. Petri Carnoten., divina gratia permittente noviter compilatus anno Domini mº cccº lxxiijº. Le Liber miraculorum sancte ac beatissime Fidis, virginis et martiris, editus a Bernardo scolastico, Andecavine scole magistro, y occupe les feuillets 178 vo-197 ro. Les miracles de sainte Foy y sont au nombre de 24, précédés de l’épître dédicatoire: Incipit epistola ad domnum Fulbertum, epticopum Carnotensem... publiée pour la première fois par Mabillon en 1707. Les nouveaux Bollandistes ont reproduit ceux des miracles, au nombre de onze, qui étaient jusqu’alors inédits. Quatre d’entre eux ne se trouvent que dans ce manuscrit1.

/XIX/ Nous le désignerons, dans notre transcription, par la lettre A.

A ces quatre manuscrits, dont nous avons fait connaître les éditeurs successifs, nous pouvons en ajouter aujourd’hui cinq autres, qui n’ont jusqu’à ce jour été l’objet d’aucune publication. Nous les désignerons, en les rangeant d’après leur âge, sous les noms suivants:

Codex Conchensis. – Conques. Parchemin. 27 feuillets de 300 sur 200 millimètres. Demi-reliure moderne: plats en papier, dos en parchemin. Écriture de la fin du xie siècle; 22 lignes à là page.

Ce manuscrit a été trouvé, en 1890, à Conques, parmi les papiers de la famille Bénazech, dont un des membres contribua, pendant la période révolutionnaire, à sauver le précieux trésor de reliques et d’orfèvrerie de l’abbaye, dont il était chanoine. La majeure partie du volume a péri; il ne subsiste que quinze chapitres complets, et quatre plus ou moins tronqués: tous appartenaient au dernier livre rédigé par le moine /XX/ anonyme. Quatre de ces chapitres ne se trouvent que dans cette version.

Nous désignerons ce manuscrit par la lettre C.

Codex Selestadiensis. – Schlestadt. Bibliothèque de la ville. Ms. latin 951. Parchemin, 123 feuillets de 337 sur 224 millimètres; 38 lignes à la page. Reliure en peau sur ais de bois. Le Liber miraculorum y occupe les feuillets 15 ro-105 vo. Il est précédé, entre autres pièces, de la Passio sancte Fidis virginis et martiris, et du récit en prose de la translation des reliques de la sainte, récit dont nous avons parlé plus haut. C’est à M. le chanoine Mury, curé de Sainte-Foy de Schlestadt, que revient l’honneur d’avoir remarqué et signalé le premier cet important manuscrit. C’est à lui que nous devons la bonne fortune d’en posséder la première copie, faite sous sa direction. Elle a été collationnée sur l’original par M. l’abbé Gény, bibliothécaire de la ville de Schlestadt. Nous aurions mauvaise grâce à marchander notre gratitude à ces deux obligeants collaborateurs de notre œuvre: elle leur est due et acquise sans réserve2.

A son tour, M. l’abbé Servières a transcrit la copie de M. Mury, et l’auteur de ces lignes a revu avec tout le soin possible cette nouvelle transcription sur le manuscrit de Schlestadt3.

/XXI/ L’écriture du manuscrit de Schlestadt est de deux mains différentes, l’une ferme et sûre, l’autre moins régulière, et, selon toute apparence, d’une personne plus âgée. Dans les 90 feuillets qu’occupe le Livre des Miracles, onze pages seulement sont de la seconde1; la première a écrit tout le reste.

De magnifiques initiales, de grandes dimensions, ornées de feuillages et d’entrelacs, quelques-unes même historiées de personnages et d’animaux, sont dessinées au commencement des chapitres. Dans toute la partie du Liber qui est l’œuvre de la première main, ces lettres sont rehaussées de bleu, de rouge et de vert; dans le reste du manuscrit, les rehauts de couleurs n’ont pas été exécutés. Les titres des chapitres sont écrits en rouge.

Un correcteur a revu avec soin le travail du copiste.

Nous avons remarqué, en faisant notre travail de collation, que ce dernier, lassé sans doute par la /XXII/ longueur de sa tâche, devient de moins en moins attentif, et laisse échapper des fautes plus nombreuses. Le correcteur, de son côté, semble mettre d’autant plus de soin à les relever, et finit par sacrifier impitoyablement des formes irrégulières qu’il épargnait d’abord.

Le manuscrit de Schlestadt est de beaucoup le plus complet de ceux que nous connaissons. Il renferme, après l’épître dédicatoire de Fulbert, 47 miracles dont le récit est mis sous le nom de Bernard d’Angers, et qui forment deux livres. Le prologue qui suit, deux autres livres de miracles, au nombre de 48, et l’épilogue ont été composés par le moine anonyme. Ce dernier donna à tout l’ouvrage le nom de Panaretos, qu’il expliquait ainsi: totumque libellum Panaretos quod est omnium virtutum liber nuncupare decrevimus.

Nous désignerons le Codex Selestadiensis par la lettre S.

Codex Londinensis. – Londres. Musée Britannique: fonds Arundel. Ms. latin 911. Parchemin. 229 feuillets à deux col. de 37 lignes. 334×235 millimètres. Belle écriture, évidemment française. Deuxième moitié du xiie siècle. Reliure relativement récente: plats en papier; dos et coins en veau.

Au verso du premier feuillet se trouve la table des matières, dont l’écriture est de la même main que tout le manuscrit. Ce dernier n’a pas de titre. Les noms des saints dont il est question sont écrits en tête des pages où il en est fait mention. Enfin, cinquante-deux /XXIII/ grandes lettres enluminées forment les initiales des chapitres.

Les miracles de sainte Foy, qui s’y trouvent à la suite de la Passion de la sainte (ffos 57rº-78vº), sont au nombre de vingt et un. Six d’entre eux ne se trouvent que dans ce manuscrit.

Nous lui assignerons la lettre L.

Codex Namurcensis. – Namur. Bibliothèque communale. Ms. latin 15. Parchemin. 272 feuillets à deux colonnes, de 335 sur 210 millimètres. Ecriture du xiiie siècle, au moins pour la partie du manuscrit qui nous intéresse. On y trouve des vies de saints, auxquelles s’ajoutent les lettres de Sulpice Sévère, des hymnes et des proses notées1.

Ce qui se rapporte aux miracles de sainte Foy y forme cinq chapitres, dont le premier seul est précédé d’un titre. Et encore ces chapitres sont-ils composés avec la plus étrange fantaisie, au moyen de fragments empruntés à un recueil plus complet et réunis sans méthode. A la fin du cinquième chapitre a été ajoutée la conclusion du moine anonyme, mais très écourtée.

Ce manuscrit a appartenu jadis à l’abbaye de Saint-Hubert, d’après la souscription qui se lit à la fin du volume: Liber monasterii sancti Huberti in Arduena2. Il appartenait, au moment de la Révolution, à la riche hihliothèque de l’abbaye de Broigne, située à Saint-Gérard, près de Namur. Une partie des /XXIV/ manuscrits de cette bibliothèque fut alors déposée à l’hôtel de ville de Namur, et, plus tard, versée dans la bibliothèque publique de cette ville1.

Nous assignerons au manuscrit de Namur la lettre N.

Codex Mellicensis. – Melk (Autriche). Bibliothèque de l’abbaye bénédictine. Ms. latin 897 (Q 34)2. Parchemin. 91 feuillets de 84 sur 60 millimètres. 14 lignes à la page. Ecrit au xive ou au xve siècle, ce manuscrit ne contient que les miracles de sainte Foy, au nombre de 37.

Il semble avoir été compilé d’après celui de Schlestadt. Nous voyons, en effet, qu’il y est question, dans le premier chapitre, du miracle relatif à la fondation du prieuré de cette ville. De plus, les récits, à l’exception d’un seul, se retrouvent dans le même ordre que dans le manuscrit alsacien. Le manuscrit de Melk, tout en ne fournissant aucun chapitre nouveau et inédit, semblerait être, au moins à notre connaissance, celui qui offre le plus grand nombre de récits après celui de Schlestadt.

Toutefois, il résulte d’un examen moins superficiel qu’il s’agit ici d’un recueil bien différent des autres par la nature de sa composition. Les miracles y sont racontés aussi brièvement que possible, et accompagnés parfois de réflexions empruntées aux Livres saints. Il semble qu’on ait eu le dessein de faire, à l’occasion des merveilles accomplies par sainte Foy, un /XXV/ livre de piété ou de méditations, d’un format commode et portatif. « L’auteur a soigné son style, il laisse de côté les aspérités de l’original, mais là où ce style lui plaît, il le prend mot pour mot1. »

Nous n’indiquerons, pour ce manuscrit, que la concordance générale des chapitres avec ceux des autres recueils, sans pouvoir entrer dans aucun détail en ce qui concerne le texte2.

Nous le désignerons par la lettre M.

Torna su ↑

[Note a p. XV]

5. Cf. Archiv der Gesellschaft für aeltere deutsche Geschichtskunde, t. XII (1874), p. 282. Torna al testo ↑

[Nota a p. XVI]

1. Act. SS. Octob. II, p. 287, nº 92. – Je dois à l’obligeance de M. Coulon, membre de l’École française de Rome, la copie soigneusement collationnée de ces trois chapitres. Je l’en remercie vivement. Torna al testo ↑

[Nota a p. XVII]

1. C. Schmidt, Zur Geschichte der aeltesten Bibliotheken und der ersten Buchdrucker zu Strassburg. Strassburg, 1882, in-8º, p. 48. – Cf. Revue d’Alsace, 1877, p. 60: Livres et bibliothèques à Strasbourg au moyen-âge, par Ch. Schmidt. Torna al testo ↑

[Note a p. XVIII]

1. Je dois à l’obligeance de M. l’abbé Clerval, supérieur de la Maîtrise de Chartres et membre de la commission de la Bibliothèque de la ville, d’avoir /XIX/ eu la facilité de collationner ce manuscrit. – Cf. Catal. gén. des manuscrits des Biblioth. publ. de France, t. XI, 1890, p. 329. – Catalogue codic. hagiogr. latin. biblioth. publicae civit. Carnotensis, excerpt. ex Analectis bolland., 1889, p. 64.Torna al testo ↑

[Note a p. XX]

1. Catal. gén. des ms. des Biblioth. publ. des Départements, in-4º, III, 1861, p. 588. Torna al testo ↑

2. Ces lignes étaient écrites lorsque le chanoine Mury est mort, au commencement de 1896. Torna al testo ↑

3. C’est à M. l’abbé Servières, curé de Villecomtal (Aveyron) que revient l’honneur d’avoir provoqué la présente publication. Non seulement il a recopié tout le texte du manuscrit de Schlestadt et bon nombre des chapitres /XXI/ qui sont donnés en appendice; mais c’est à lui que je dois la plupart des éléments qui ont servi à la rédaction des notes historiques et géographiques. J’accomplis un strict devoir en lui adressant l’expression la plus cordiale de mes remerciements.

Je dois mentionner et remercier aussi les personnes qui, à des titres divers, ont apporté à cette oeuvre le concours toujours empressé de leurs recherches et de leur complaisance: M. Boudet, président du tribunal de Saint-Flour; M. Beaugrand, ancien magistrat; le R. p. Van den Gheyn, bollandiste; le Rév. H. Milman, curé de la paroisse Saint-Augustin-et-Sainte-Foy, à Londres; M. Warner, conservateur des manuscrits du British Museum; le Dr Schachinger, bibliothécaire de l’abbaye de Melk (Autriche); M. Gouderc, de la Bibliothèque Nationale; mon confrère, M. l’abbé Trillon, et bien d’autres.

Toutefois je ne saurais oublier que je dois une mention toute spéciale à M. G. Desjardins; il a revu avec un soin scrupuleux les notes qui accompagnent le texte, et m’a prodigué, pour leur rédaction définitive, d’utiles conseils. Je désirerais que ma gratitude ne restât pas trop au-dessous de son infatigable obligeance.Torna al testo ↑

[Nota a p. XXI]

1. Ce sont: le vo entier du fo lxij, et les ffos ci-cv. Torna al testo ↑

[Nota a p. XXII]

1. Catalogus librorum mss. Bibliothecae Arundelianae, 1834. Torna al testo ↑

[Note a p. XXIII]

1. Catalogue Codicum hagiographicorum Bibliothecae publicae civitatis Namurcensis, dans les Analecta bolland. 1882. Tome I. Torna al testo ↑

2. Une main du xvie siècle a écrit, à la suite de l’Index, cette note: Conventus S. Huberti in Ard. Cat. insertus. – Cf. Anal. bolland., 1882. Torna al testo ↑

[Note a p. XXIV]

1. Nous devons ces renseignements à M. Oger, bibliothécaire de la ville de Namur. Torna al testo ↑

2. M. Kropff, Bibliotheca Mellicensis, Vindobonae, 1747, p. 32 et 35. – Cf. Archiv, 1851, p. 607. Torna al testo ↑

[Note a p. XXV]

1. Lettre de M. l’abbé Gény, bibliothécaire de la ville de Schlestadt. Torna al testo ↑

2. L’abbaye de Klosterneubourg (Autriche) possède un manuscrit du Livre des Miracles écrit au xive siècle (Parchemin; 40 feuillets, petit in-4º. – Explicit: ... liberationis tenorem cunctis astantibus retexuit. Cf. inf. lib. III, c. v). Ce manuscrit est identique à celui de l’abbaye de Melk, et semble, comme ce dernier, dériver de celui de Schlestadt. Torna al testo ↑