La Chanson de Sainte Foi d’Agen

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Notes

→ Texte v. 1 1. Sotz eiss un pin. Sur le rôle du pin dans la poésie du moyen âge, voir d’intéressantes observations de G. Huet dans Romania XXII, 536-7.

→ Texte v. 4 4. Senz. Par une singulière distraction, Gröber voit dans ce mot une autre forme de la prép. sens « sans » (Mél. Chabaneau, p. 605). Il est à peine besoin de dire que c’est le cas sujet singulier du subst. sen « sens, sagesse ».

→ Texte v. 5 5. Del pair’ al rei Licin. Notre auteur entend par là Dioclétien (cf. v. 116), sans fondement historique., Le Licin qu’il a en vue ici (et peut-être au v. 587) reçut de Galérius, en 307, le titre d’Auguste, fut dépouillé de la pourpre en 323, et mis à mort en 324.

→ Texte v. 6 6. Après al, il faut sous-entendre rei, exprimé au v. 5. Sur Maximin, voir la note du v. 506.

→ Texte v. 10 10. En sopin. Latinisme. Le provençal propre ne connaît pas, semble-t-il, la forme populaire sobin (en anc. franc. sovin); les deux exemples cités par Levy, Prov. Suppl.-W, VII, 686 (sobin, adj., et sobinas, adv.) sont de provenance catalane.

→ Texte v. 14 14. Bella’n tresca. Borel tire de là un prétendu mot antresca, qu’il traduit par « fantaisie »; Raynouard en fait entresca « arrangement, combinaison, composition » (Lex. rom., V, 418-9). La saine interprétation est due à Chabaneau (Revue des lang. rom., XXXII, 1888, p. 212).

→ Texte v. 18 18. Dolz’ e suaus. Leite de Vasconcellos imprime dolz, admettant implicitement que l’adj. dolz peut être, comme suaus, invariable au féminin; Crescini en fait autant (Man. prov., 2e éd., 1905, p. 189), bien que, dans son introduction grammaticale, p. 93, il ne donne que dolza, attesté dans le Boèce. L’association des mêmes adjectifs se retrouve au v. 479, où le manuscrit porte dolcz. Cette dernière graphie prouve que dolz, dolcz sont pour dolza, dolcza (avec élision de l’a final devant la voyelle qui suit, comme dans Basconn, pour Basconna, au v. 23 et dans ador, pour adora, au v. 136), car le z sourd final est représenté par z, tz ou /51/ zz (voir dolz au masc, v. 64, et les rimes de la tir. XVIII), mais non par cz. – La comparaison avec le rayon de miel, comme l’a indiqué Leite de Vasconcellos, vient de la Bible; cf. surtout Psalm. XVIII, 11: « Dulciora super mel et favum ».

→ Texte v. 19 19. Qom mesca. Borel, altérant mesca en vesca, traduit par « qu’on mange » (Trésor, art. bresca); Raynouard traduit de même, mais lit q’om esca, supposant l’existence d’us verbe escar, sans réalité (Lex. rom., III, 141-2). La saine interprétation est due à Chabaneau, Revue des lang. rom., XIII (1878), 144.

→ Texte v. 20 20. Qui. Ici et au v. 50, le scribe écrit ce pronom par q avec i suscrit, ce qui doit se rendre, comme nous le faisons, par qui; mais partout ailleurs il écrit qi (14 exemples).

→ Texte v. 35 35. Agenz Le copiste écrit a gent, croyant avoir affaire à la prép. a suivie du nom commun gent; je restitue la forme normale du cas sujet, avec un z à cause du double n du type latin (Aginnum); cf. senz au v. 2.

→ Texte v. 37 37. Comme l’a noté P. Rajna (Mél. Chabaneau, p. 470, n. 4), cette mention de la Garonne parait traduite du récit de la translation des reliques de sainte Foi à Conques, rédigé probablement à la fin du xe siècle, où on lit, au sujet d’Agen: Urbs... quam præterluit fluvius, videlicet Garonna.

→ Texte v. 39 39. Oz. Mot non signalé jusqu’ici, correspondant phonétiquement et sémantiquement au lat. otium. Il se retrouve au v. 193, avec une acception péjorative.

→ Texte v. 40 40. Nons pars. La comparaison de ce vers avec le v. 67 suggère la correction de pars en part, que j’ai proposée (Journal des Savants, 1903, p. 341); mais, en présence des exemples groupés par E. Levy pour attester l’emploi de parcer (avec le pron. pers.) au sens de « s’abstenir» (Prov. Suppl.-W, VI, 67-68), je maintiens la leçon du manuscrit. Pars ne fait pas difficulté, à condition qu’on y voie un prétérit.

→ Texte v. 41 41. Qetz. Ce groupe de lettres (que Leite de Vasconcellos imprime q’etz) est une agglutination de la conj. qe avec la forme enclitique de l’art. czo (voir la note du v. 288). – La pensée exprimée sous forme négative au v. 40 (« aucun ne s’abstint de ») équivaut à l’affirmation que « tous s’abandonnèrent à... »; c’est ce qui explique l’emploi de « plus » au v. 41, où une syntaxe rigoureuse demanderait « moins ».

→ Texte v. 47 47. Fan. Ce mot revient aux vers 143 et 211; je suis porté à y voir un latinisme, bien que le lat. fanum ait survécu dans la toponymie de la Gaule.

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→ Texte v. 53 53. Cristian. Ici et partout le scribe abrège les cinq premières lettres en se contentant d’écrire selon l’usage du moyen âge, à la grecque, xp; je crois préférable de transcrire Cristian, plutôt que Crestian, la dissimilation du premier i en e n’étant pas probable dans un texte aussi ancien.

→ Texte v. 54-59 54-59. Cf. Canticum Canticorum II, 2-3: « Sicut lilium inter spinas... Sicut malus inter ligna silvarum... Sub umbra illius, quem desideraveram, sedi, et fructus ejus dulcis gutturi meo ».

→ Texte v. 57 57. In eviron. Cette locution pléonastique se retrouve au v. 552, écrite en environ. La forme insolite in (au lieu de en) est peut-être due à l’influence graphique de la désinence -in du mot précédent.

→ Texte v. 58 58. Somjon. Pour la justification de cette forme, qui remonte à un type *summionem du latin vulgaire, et que Leite de Vasconcellos a cru devoir corriger en somon, voir Journal des Savants, 1903, p. 341, et Romania, XXXV, 402, n. 2 (cf. Levy, Prov. Suppl.-W., VII, 805). Elle a son pendant en langue d’oïl, car on lit dans la traduction de la Consolatio de Boèce par Renaud de Louhans (Bibl. nat., fr. 578, fol. 48b):

En l’eaue fait de soy plungeon,

Ou plungiez s’est jusqu’au sangeon.

→ Texte v. 72 72. Fides. Le nom de notre sainte se rencontre assez souvent, sous la forme latine, dans l’onomastique du Rouergue au moyen âge. Il a été porté notamment par la femme du comte Hugues, dont la souscription se lit ainsi dans une charte de 1051: S. Fidei commitisse (Cartul. de Conques, nº 8). Le Cartulaire de Silvanès (édit. Verlaguet, Rodez, 1910) en offre deux exemples, sous la forme nominative Fidas, qui rappelle curieusement la forme dias « jour », en désaccord avec le latin dies; cf. Hist. de Languedoc, V, col. 1065, acte de 1145. On trouve le diminutif Fideta dans un hommage, transcrit au cartulaire des Trencavel, que rend, en 1129, Adalrigs, fils de Fideta (Hist. de Languedoc, V, col. 947).

→ Texte v. 76 76. et s. Cf. le texte de la Passion de sainte Foi (Bouillet et Servières, p. 708): « Juvenis... fuisse dicitur... ætate, sed sensu et opere senis (sic) apparuit. Pulcra erat facie, sed pulcrior mente ».

→ Texte v. 78 78. Faz. La présence de ce mot dans cette tirade, où toutes les autres rimes sont en -az avec f sonore, porte â croire qu’il représente, non le lat. class. faciem, mais un type vulgaire où l’i avait disparu.

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→ Texte v. 80 80. L’âge précis n’est pas indiqué dans la Passion.

→ Texte v. 84 84. Honraz. Le fac-similé montre que le scribe avait d’abord écrit, par erreur, honrad, qu’il a corrigé en ajoutant un z sans exponctuer le d; c’est pourquoi nous admettons honraz dans notre texte. La juxtaposition de d et de z se trouve cependant, au v. 321, dans drudz; mais il y a druz aux vers 371 et 442.

→ Texte v. 89 89. Czo m’adag. Leite de Vasconcellos, sur une suggestion de P. Meyer, coupe czo m’ad ag, et il voit là une forme de la locution aver at « avoir besoin », opinion insoutenable. Je ne puis que répéter ce que j’ai dit à ce sujet (Journal des Savants, 1903, p. 342): « Le plus probable, c’est que czo m’adag est une locution analogue à czom cuid (cf. v. 203 et 531), et que nous sommes en présence d’un verbe adagar, d’origine inconnue ». Gröber met en avant le verbe latin adaquare « arroser, abreuver », qui est représenté effectivement en provençal par adagar (à côté de dadaigar), mais il reconnaît qu’il n’est pas satisfaisant pour le sens (Mél. Chabaneau, p. 600).

→ Texte v. 91 91. Bien que Leite de Vasconcellos conserve la leçon du ms., la correction de czoss en czo et celle de Diables en Diable s’imposent.

→ Texte v. 101 101. Blidall. La forme normale serait blidald, correspondant à l’anc. franç. blialt, bliaut, d’étymologie inconnue (cf. Meier-Lübke, Rom. etym. W., nº 1169, blialt). Notre texte, qui rend également par un d le d et le t intervocaliques, ne permet pas de déterminer si la consonne primitive était un d ou un t. – Braczaleira ne se trouve pas ailleurs en ancien provençal. E. Levy, dans son Petit Dict. provençal-français, le traduit dubitativement par « manche pendante ». Cf. Mistral, Trésor, art. brassaliero: « S. f. pl. Bretelles fixées à un tablier ou à un jupon, pour empêcher qu’il ne tombe ».

→ Texte v. 102 102. Paupeira. Exemple unique de ce mot sous sa forme primitive, qui représente un type étymologique *pauperia, créé par le latin vulgaire d’après miseria, et qui, plus tard, a été supplantée par paupreira, où le r de l’adj. paupre est venu s’intercaler; cf. mes Nouv. Essais, p. 115.

→ Texte v. 104 104. Ardid. Le ms. a ardin, que Leite de Vasconcellos corrige en ardiu, forme difficile à justifier; cf. ardid au v. 515.

→ Texte v. 106-109 106-109. Cf. Psalm. cvi, 6-7: « Clamaverunt ad Dominum..., et deduxit eos in viam rectam ».

→ Texte v. 112-113 112-113. Sainz Adrians. Saint Adrien, martyr à Nicomédie. D’après le récit le plus ancien (texte grec, publié dans Acta Sanctorum, tome III de septembre, p. 218-223), c’est devant Maxi- /54/ mien, et non devant Dioclétien lui-même, que le martyr comparaît; mais notre auteur considère plus loin les deux persécuteurs comme solidaires (cf. les vers 482-3).

→ Texte v. 116 116. Sobeirans. Le sens de « aîné », qui est ici indiqué par le contexte, n’est pas attesté ailleurs.

→ Texte v. 117 117. Letrans. Comme le remarque Leite de Vasconcellos, ce mot, inconnu jusqu’ici en provençal, est formé sur letra avec le suffixe -an; cf. escolan, de escola. Le sens est manifestement «maître qui enseigne les lettres, le latin », bien que Levy paraisse en douter (Prov. Suppl.JrV., IV, 371).

→ Texte v. 121 121. Cabespans. Leite de Vasconcellos imprime cab espans (contrairement à la leçon du ms.), et indique, d’après P. Meyer, un rapprochement ambigu avec l’art. spanare de Du Cange et le prov. espanar « sevrer ». L’art. spanare de Du Cange, ajouté par les Bénédictins, ne contient qu’un exemple, tiré d’une chronique de Parme, où le contexte assure le sens figuré de « dépouiller, dégarnir » (base latine pannus). Or il nous faut ici une base avec n simple devant voyelle, ce qui (comme l’a dit Gröber, Mél. Chabaneau, p. 600) exclut tout rapport avec les mots latins pannus, pandus ou expansus. Reste le radical germanique du prov. espanar et de l’anc. fr. espanir (encore vivant dans les patois); cf. ma notice sur espanir dans Mél. d’étym. franç., p. 71. Cabespans (cas sujet sing., comme soteirans au v. 120; me paraît être formé de cab « tête » et de espanar (pris au sens figuré de « priver »), à la manière de capsems, dont le premier élément est le même, et dont le second tient a semar « diminuer, retrancher » (cf. Ann. du Midi, V, 501), et signifier, comme lui, « décapité ».

→ Texte v. 124 124. Nemjas (de même aux vers 140, 464 et 576). Forme non signalée ailleurs de l’adv. nems (lat. nimis); elle repose sut l’adj. nimius, dejà employé adverbialement par le latin classique, qui dit nimie, nimio, nimium. La désinence -as du provençal s’explique comme dans certas, longas, primas; cf. anc. fr. certes, longes, primes.

→ Texte v. 128 128. Dacians. Notre auteur a trouvé ce nom dans la rédaction remaniée de la Passion de sainte Foi, où le persécuteur est nommé preses nomine Dacianus, et donné comme un agent de Dioclétien et de Maximien, probablement d’après la Passion de saint Félix (voir la note sur le v. 171).

→ Texte v. 129 129. Antpar. La graphie ant- confirme l’opinion du Dict. général (art. emparer), d’après laquelle le prov. courant amparar est pour antparar, du lat. vulg. *anteparare. La même étymologie /55/ s’impose pour l’espagnol et le portugais (cf. anteparatio dans Du Cange, attesté par une charte du roi de Navarre Garcia Ramirez) bien que Meier-Lübke (Rom. etym. W., nº 4293) rattache toutes les langues romanes au lat. vulg. *imparare.

→ Texte v. 130 130. Eschar. Ce verbe se retrouve au v. 358, où le part. passé escaraz est associé à raustiz. Le sens de « brûler, consumer » étant ainsi bien établi, on peut en chercher l’étymologie dans le latin médical eschara, grec ἐσχάρα, proprement « foyer » (que le Dictionnaire de l’Académie francise incorrectement en escarre), d’où le latin vulgaire a pu tirer un verbe *escharare, sur l’existence duquel il n’y a pas d’autre indice que celui qui résulte des deux passages de notre texte. Il ne semble pas, en effet, identique à un autre verbe escarar, pour lequel P. Meyer a proposé la traduction, très vraisemblable, de « macérer » (voir Levy, Prov. Suppl.-W., III, 150). Je verrais volontiers dans ce dernier un dérivé du subst. cara, quaira, etc., qui désigne la haire en anc. provençal (voir mes Nouv. Essais, p. 132, où j’aurais dû rapprocher des formes provençales pour « haire » celle qu’offre l’anc. saintongeais, à savoir chiere; cf. Bourdillon, Tote listoire de France, p. 26).

→ Texte v. 137 137. Aguait’. La forme fautive agaiait, que donne le manuscrit, n’autorise pas à lire agait’, car le scribe écrit correctement aguait au v. 539.

→ Texte v. 144 144. Tradun. La désinence -un assure pour ce verbe l’inf. trader (et non tradar), car, dans notre texte, tous les verbes de la première conjugaison font -an à la 3e pers. plur. de l’indic. présent (cf. ci-dessus, Introd., p. xxix).

→ Texte v. 146 146. Bazans. Ce mot doit avoir un sens voisin de celui de « fou », puisqu’il est associé à folz. Leite de Vasconcellos voit dans bazans le lat. vesanus, mais la phonétique s’y oppose, car, si l’assimilation de l’e atone à l’a tonique est admissible, on ne trouve jamais, dans notre texte, b pour v ni z pour s intervocalique en ce qui concerne les mots d’origine latine. La correction de bazans en bauzans né m’a pas paru assez sûre pour prendre place dans le texte. L’adjectif bauzan n’est connu que par un exemple, au féminin singulier, chez le troubadour Marcabru (Poésies complètes, éd. Dejeanne, XXI, 21): messorgua baussana, d’après l’un des deux manuscrits, mensonja bauzana, d’après l’autre; il se rattache au radical du verbe bauzar « tromper » (voir la note du v. 151). Peut-être faut-il reconnaître le bazans de notre texte dans le même Marcabru (VII, 53-54), où l’édi- /56/ teur, suivant l’exemple de P. Meyer, Rec. d’anc. textes, p. 74, l’imprime avec une majuscule, comme nom propre:

Drutz ques fai semblar baza

Per Amor, que fols i fa.

→ Texte v. 151 151. Bauzad. Le verbe bauzar « tromper », correspondant à l’ancien français boisier, est fréquent en ancien provençal. On le rattache couramment à un radical germanique *baus-, pour lequel on ne connaît que des formes médiévales en bos- (cf. Meier-Lübke, Roman. etym. W., nº 1006); le z de notre texte n’est pas favorable à cette hypothèse, que la sémantique semble pourtant recommander (voir la note du v. 146).

→ Texte v. 164 164. J’ignore l’étymologie de lle, qui se trouve, écrit le, au v. 376, et lle, au v. 339; mais il faut nécessairement y voir le pron. pers. fém. de la 3ª personne en fonction de sujet, comme dans Sidrac et dans les Sermons du xiie siècle; cf. éd. Armitage (Heilbronn, 1884), p. 62, note 5.

→ Texte v. 165 165. Raïz. Exemple de la chute du d latin intervocalique; cf. ci-dessus, Introd., p. xiii.

→ Texte v. 168 168. Estriz. Cf. Levy, Prov. Suppl.-Wörterb., III, 349, art. estri et estric, 350, art. estrit, et Meier-Lübke, Rom-etym. Wörterb., nº 8316.

→ Texte v. 171 171. Saint Feliz. Martyr à Girone, supplicié sous le règne de Dioclétien et de Maximilien, par l’ordre de Dacien et de son subordonné Rufin (Acta Sanctorum, t. I d’août, p. 26 et s.).

→ Texte v. 176 176. Escaz. Ce mot est manifestement sans rapport avec la locution escac mat «échec et mat » (au jeu d’échecs), visée par Leite de Vasconcellos. On ne peut non plus, malgré la suggestion de P. Meyer, l’identifier avec escac: (correspondant à l’anc. franç. eschec) « butin ». Je le rattache à l’anc. haut-allem. scaz, allem. mod. schatz « trésor »; cf. Journal des Savants, 1903, p. 343, et mes Nouv. Essais, p. 129, et 212, n. 2.

→ Texte v. 177 177. Talent. Le ms. porte telant; mais cf. talent aux vers 253, 284 et 532, sur lesquels je fonde ma correction, bien que dans les textes provençaux postérieurs on trouve talant à côté de talent.

→ Texte v. 178 178. Mazz. J’ai proposé (Journal des Savants, 1903, p. 943) de voir dans ce mot le cas sujet sing. de *maczon (forme qui serait régulière dans notre texte, au lieu de la forme postérieure masson), en m’appuyant sur l’existence de cutz et gartz, en face des cas rég. cusson et garson (auxquels on peut ajouter escanz, cas sujet /57/ de escanson « échanson » dans le ms. d’Oxford de Girart de Roussillon, v. 8664). Je suis aujourd’hui eu mesure d’attester ailleurs l’existence de ce cas sujet mazz: il figure, en effet, à la fin du xiie siècle, sous la forme maz dans une charte du cartulaire de Bonlieu (Creuse), où on lit: « Testes... Bernardus de Randones, lo maz » (Bibl. nat., lat. 9196, fol. 44; copie d’environ 1765, avec la graphie Lomaz cf. les Comptes rendus de l’Acad. des Inscr., 1923, p. 350-1.

→ Texte v. 179 179. A quals antz. Le sens est manifestement: « à qui mieux mieux », bien qu’une locution identique n’ait pas été signalée en provençal. L’ancien français dit, dans le même sens, qui ainz ainz et a cui ainz ainz.

→ Texte v. 187 187. Permud. Mot non attesté ailleurs, mais qui ne semble pouvoir être qu’un subst. tiré du verbe permudar « échanger ». Permud s’applique à l’abandon complet d’elle-même que fait la sainte à Dieu en échange de la récompense éternelle.

→ Texte v. 191 191. Neoz. Forme populaire sortie régulièrement du latin negotium (c’est par distraction que Levy, dans son Petit Dict. met en doute le son fermé de l’o), dont on n’a pas d’autre exemple; à rapprocher de neusanz trisyllabique, « marchands » dans le ms. d’Oxford de Girart de Roussillon, v. 97.

→ Texte v. 193 193. Oz, dejà signalé au v. 39, avec le sens classique du lat. otium, signifie ici, à ce qu’il semble, « oisiveté coupable ».

→ Texte v. 197 197. Mal vez. Littéralement « mauvaise habitude », à en juger d’après le sens ordinaire du verbe prov. vezar, qui se rattache au lat. vitium (et non comme le croyait Raynouard, au lat. vicem); par suite, « péché ». Même si le ms. ne séparait pas mal de vez, la rime en -ez sonore interdirait l’hypothèse d’un substantif *malvez comme représentant du lat. maleficium.

→ Texte v. 199-200 199-200. Cf Psalm. xlix, 15: « Invoca me in die tribulationis, eruam te »

→ Texte v. 203 203. Tout bien considéré, je me rallie à la leçon adoptée par Leite de Vasconcellos, et je retire la traduction que j’avais proposée pour ce vers dans le Journal des Savants, 1903, p. 343: « Car j’ai l’intention de faire chose par suite de quoi vous emmeniez l’âme ».

→ Texte v. 225 225. Ainsa (cf. ains’ au v. 412). Forme normale (correspondant à l’anc. franç. ainse) du lat. vulg. anxia. Les textes provençaux postérieurs ne connaissent que aissa, avec chute surprenante du n; mais ainse se trouve dans le Girart de Roussillon d’Oxford, v. 1438, et doit être restitué (au lieu de amte, leçon du /58/ manuscrit) au v. 2089 de la Vie de sainte Catherine publiée par Talbert. – La restitution, après ainsa, du pron. enclitique l, pour li, m’a paru indispensable.

→ Texte v. 227 227. Ant (de même au v. 558, et an au v. 552). Ce sont là les seuls exemples connus de l’emploi de cette préposition (lat. ante), qui ne s’est maintenue, par la suite, que dans les composés tels que avant, davant, enant, etc.

→ Texte v. 233 233. Amir. Témoignage unique de la survivance dans le lat. pop. du lat. class. admirari, avec son sens propre, à moins qu’on n’y veuille voir un latinisme réduit à la prononciation courante des mots populaires comme avenir, de advenire, etc.

→ Texte v. 241 241. Tenor. Je traduis, d’après le contexte, par « ligne » [du corps]. Levy propose « Haltung », c’est-à-dire « tenue, maintien » (Prov. Suppl.-W., VIII, 169).

→ Texte v. 243 243. De porr. Locution non attestée; l’adv. porr (même forme dans Guillaume de La Barre, 1219) est toujours lié au verbe gitar (cf. franç. geter puer). Levy traduit par « darauf » c’est-à-dire « là-dessus », ce qui me parait trop faible (Prov. Suppl.-W., VI, 460).

→ Texte v. 244 244. Au vos. On ne saurait voir là une construction elliptique équivalant à: « J’entends de vous, dans votre bouche ». En effet, la 1re pers. sing. de l’ind. prés, de audir devrait être écrite aui (lat. andio) comme gaui (lat. gaudium). D’autre part, l’hypothèse d’une locution exclamative ayant pour base la 2e pers. sg. de l’impératif de audir, et formée comme veus 587 (qui représente phonétiquement le lat. vide combiné avec vos), serait bien aventurée.

→ Texte v. 254 254. Liament. Levy propose dubitativement d’attribuer à ce mot le sens de « parure de tète » (Kopfschmuck), qu’il rend par « coiffure » dans son Petit Dict.; je me prononce sans hésiter, comme Leite de Vasconcellos, pour celui de « ceinture ».

→ Texte v. 265 265. Foill. Subj. prés, d’un verbe foillar, non attesté, dans lequel je vois, faute de mieux, une variante de foliar « injurier ».

→ Texte v. 270 270. Escoill. J’entends ce mot dans le sens de « marque d’honneur », que le contexte me parait imposer. Sur l’étymologie, je ne suis pas en état de me prononcer entre les opinions divergentes de Raynouard, qui le rattache à colligere, et de Jeanroy, qui patronne schola; cf. Romania, XLI, 415.

→ Texte v. 274 274. Malaveda « malade », au pl. masc. rég. malaves, 303. Voir, pour l’étymologie de ce mot, Romania, XXXVII, 307-8.

→ Texte v. 279 279. Manbes. Même forme dans une charte rouergate inédite /59/ de 1182, que me signale C. Brunel, et où le contexte assure l’identification, proposée par Leite de Vasconcellos, avec le prov. postérieur marves, que Diez rattache au gothique manvus, mais qui est omis par Meier-Lübke dans son Rom. etym. W., nº 5341. Le b est surprenant, certes, mais ne me paraît pas de nature à infirmer l’étymologie, malgré les scrupules de Levy (Prov. Suppl.-W., V, 84) et de Schultz-Gora (Archiv de Herrig, t. LXXXIII, 1915, p. 411-13). Le contexte impose la traduction « ponctuellement »

→ Texte v. 282 282. Czos vana. Locution elliptique, où vanar est construit comme cuidar dans czom cuid. On la retrouve dans une chanson de Guillaume IX, duc d’Aquitaine (éd. Jeanroy, VI, 39).

→ Texte v. 283 283. Pudolentz. Adjectif non attesté, analogue à famolent, suzolent (cf. bas. lat. putulentus et anc. franç. pullent).

→ Texte v. 288 288. Czo vostre cabs. Seul exemple dans notre texte de la forme masc. pleine d’un article déterminatif archaïque dont il fournit des formes agglutinées az, detz, enz, qetz. Voir l’Introd., p. xxv.

→ Texte v. 297 297. Dorn. Mot d’origine celtique, qui désigne proprement, comme l’anc. franç. dor, dour, une petite mesure de longueur (celle du poing fermé avec le pouce étendu), et non une mesure de quantité (cf. Romania, XLI, 455, art. dorna); il est pris ici au figuré, comme peut l’être aujourd’hui le mot français calibre.

→ Texte v. 300 300. Cabdorn. Terme injurieux, non attesté, qui parait reposer, comme l’indique Leite de Vasconcellos, sur un type *capiturnus du latin vulgaire, mais dont le sens propre est incertain.

→ Texte v. 331 331. Reprober. Le sens de « reproche, outrage » me parait certain, malgré les doutes émis par Levy (Prov. Suppl.-W., VII, 250). Meier-Lübke a tort de rattacher reprober au lat. reprobare (Rom. etym. W., nº 7228); le b (attesté aussi par un passage de Marcabru, éd. Dejeanne, XLI, 41) assure le type étymologique *reproperium, imité de improperium (voir: Romania, XXXI, 480-3).

→ Texte v. 334 334. Gratigla. Forme savante tirée du lat. craticula; cf. Meier-Lübke, Rom. etym. W., nº 2303.

→ Texte v. 338 338. Verdier. Mot trisyllabique, non attesté, qui semble avoir été calqué sur le lat. vir(i)diarium; il fait concurrence à vergier, forme populaire, comme cambiar à cambjar, du lat. cambiare, et vezjat à vezat, du lat. vitiatus; cf. viziamen 541.

→ Texte v. 340 340. Consider. Sur l’importance de cette forme, qui représente phonétiquement le latin vulgaire *considerium, tiré de considerare, à l’imitation de desiderium, et qui a été postérieurement supplantée par consirier, voir Romania, XXXI, 483 et s.

/60/

→ Texte v. 351 351. Imple. Seul exemple connu de ce verbe au sens intransitif.

→ Texte v. 353 353. Saintz Caprasis. Martyr, désigné couramment aujourd’hui sous le nom de saint Caprais, et considéré à tort (depuis le xive siècle) comme le premier évêque d’Agen. Cette forme de son nom, calquée sur le nom latin Caprasius, est encore usitée aujourd’hui à Agen et dans la région voisine (cf. Mistral, art. Capràsi). Les textes diplomatiques d’Agen hésitent entre S. Crabari 1218 (Chartes d’Agen, p.p. Magen et Tholin, p. 12), S. Cabrasi (cote ancienne d’une charte de 1303, ibid., p. 226), S. Cabrasi 1345 (Jurades d’Agen, p.p. Magen, p. 13), etc. Le vocable du saint, sous la forme Caprais, est porté par une quinzaine de localités, jusque dans l’Allier et le Cher. Il est curieux de trouver dans la Creuse, dans le nom de commune Saint-Chabrais, l’évolution tout à fait populaire du type latin Caprasius.

→ Texte v. 361 361. Eissalaz. Evolution phonétique normale du lat. exhalatus; cf. ital. scialare.

→ Texte v. 365 365. Deintad. Seul exemple de ce mot en provençal, où il représente la forme populaire sortie (comme l’anc. franç. deintié) du lat. dignitatem. Omis dans le Petit Dict. de Levy, deintad est employé ici, comme presque toujours deintié en ancien français, avec le sens concret.

→ Texte v. 371 371. Fo[r]s; (de même au v. 574, où Leite de Vasconcellos oublie de suppléer r); cf. forsfait 343. La graphie fos, bien que répétée, doit vraisemblablement être attribuée à une faute du scribe.

→ Texte v. 384 384. Cisclanl. Le ms. porte clairement cisclaunl, mais une correction s’impose. Je crois, avec Leite de Vasconcellos, qu’il faut lire cisclanl; le scribe a dû voir, dans la désinence an, la 3e p. pl. du verbe aver, qui oscille entre an et aun dans notre texte.

→ Texte v. 391 391. Truncs (graphie étymologique pour troncs) et rezis sont les formes populaires normales auxquelles doivent aboutir les adj. latins truncus et recisus, dont le premier est propre à notre texte. Girart de Roussillon emploie rezir (qui fait au partic. passé rezis) au sens de « couper » (éd. Foerster, 4438, 4450, 6224).

→ Texte v. 393 393. Son gavis correspond au latin gavisi sunt, et fait l’effet d’un latinisme. On trouve de même gaviso en anc. italiens cf. Meier-Lübke, Rom. etym. W., nº 3709.

→ Texte v. 401 401. Leite de Vasconcellos déclare qu’il est d’accord avec G. Paris pour voir dans le saint Denis invoqué ici l’auteur apo- /61/ cryphe du traité sur la Hiérarchie céleste; peut-être s’agit-il plutôt d’une allusion au miracle, raconté dans la légende de saint Denis, évêque de Paris, où l’on voit le martyr décapité continuer à marcher en portant sa tête dans ses mains.

→ Texte v. 411 411. Reziu. La correction en reviu, proposée dubitativement par P. Meyer, tendrait à faire admettre que revivar « raviver » a pu s’employer intransitivement au sens de « reprendre ». Mieux vaut, à mon sens, garder reziu, et le considérer comme témoin de *rezivar « récidiver », sorti (par métathèse de c et d) du lat. recidivare (voir Journal des Savants, 1903, p. 344; Romania, XXXVIII, 572; Levy, Prov. Suppl.-W., VII, 337; Meier-Lübke, Rom. etym. W., nº 7116).

→ Texte v. 416 416. Rasgadura est enregistré, d’après notre texte, par Levy, Prov. Suppl.-W., VII, 39. Ce substantif, que nous traduisons par « rayure », signifie proprement « raclure ». Il suppose l’existence de rasgar, forme non attestée du verbe rascar « racler », dont le type, en latin vulgaire, est *rasicare. La sonorisation du c en pareille position se retrouve, par exemple, dans judgadors, v. 473.

→ Texte v. 419 419. Follatura. Sur l’emploi étrange de ce mot au sens concret de « fou », qu’il a ici, voir Levy, Prov. Suppl.-W, III, 519.

→ Texte v. 426 426. Saintz Dulcidis. Évêque d’Agen, à la fin du ve ou au commencement du vie siècle.

→ Texte v. 427 427. Biscbad. Forme primitive (lat. episcopatus), réduite ordinairement à bisb- dans les textes postérieurs; cf. pourtant bistbat (pour biscbat) dans le Codi (Raynouard, Lex. rom., III, 237). – S’apura. Le verbe apurar n’est pas attesté ailleurs; je traduis d’après le contexte.

→ Texte v. 428 428. La marmre. Le genre fém., non attesté ailleurs, est dû probablement à l’ifluence de peira « pierre ».

→ Texte v. 431 431. Tailladura. Le sens de « sculpture » est manifeste, bien que non attesté ailleurs; cf. l’anc. franç. tailleüre.

→ Texte v. 433 433. Feiroin. Leçon du ms., que je conserve, bien que Leite de Vasconcellos la corrige en feiron i. L’adv. enclitique i se combine avec le n final de feiron et produit un n mouillé, noté in.

→ Texte v. 434 434. Gentura. Substantif non attesté ailleurs, que je traduis d’après le contexte. Formellement, il parait dériver de l’adj. gent « gentil, gracieux »; mais le sens le rattache plutôt au subst. genh « habileté ».

→ Texte v. 440 440. Cf. Liber miraculorum S. Fidis, ét. Bouillet, I, 23, p. 60: /62/ « De minimis causis, quas incolę loci, ut est rusticus intellectus, joca sanctę Fidis appellant ».

→ Texte v. 441-4 441-4. Résumé d’un miracle raconté longuement dans le Liber miraculorum cité, I, 1, p. 6-15.

→ Texte v. 446 446. Traüz. Il ne semble pas possible de voir autre chose, dans cette 3e p. sg. ind. pr., que le lat. traducit, avec la chute exceptionnelle du d intervocalique dont notre texte offre quelques exemples (cf. ci-dessus, Introd., p. xiii). Je traduis d’après le contexte, bien que le lat. traducere ne soit pas attesté au sens de « tourmenter ».

→ Texte v. 455-593 455-593. Sur les sources de cette partie de notre texte, voir l’Introduction, p. ix-x; je ne signalerai dans ces notes que quelques détails.

→ Texte v. 457 457. Suaus, Exemple unique de l’emploi de l’adj. suaus (lat. suavis) avec la valeur d’un substantif; cf. Levy, Prov. Suppl.-W., VII, 866.

→ Texte v. 459 459. Aicinonaus. Je n’ai pas réussi à identifier ce personnage.

→ Texte v. 460-1 460-1. Le « château » d’Emmaùs, à 11 km. environ de Jérusalem, est célèbre par l’apparition de Jésus ressuscité à deux de ses disciples, mais il n’a aucun rapport ni avec les « persécuteurs » dont notre auteur déclare vouloir raconter l’histoire, ni avec la légende de saint Nicolas, évêque de Myre au commencement du quatrième siècle.

→ Texte v. 470
Nel testo erroneamente 476
470. Deptaz. Le verbe deptar, forme populaire normale du lat. deputare, manque dans Levy, et Meier-Lübke, dans son Rom. etym. W., n’a pas d’article deputare. Il est probable que le diptat de la chanson de la Croisade d’Albigeois (v. 6342), que P. Meyey, dans son Glossaire, traduit dubitativement par « le légat du pape », doit être corrigé en deptat.

→ Texte v. 483 483. Quains (de même au v. 572). Les textes provençaux postérieurs ne connaissent que quais, cais. Le type étymologique est le latin vulgaire *quamsi, pour quasi; cf. l’anc. franç. quainses et Meier-Lübke, Rom. etym. W., nº 6930. – Leu est le seul exemple connu du nominatif singulier de leon « lion », phonétiquement régulier; Levy ne l’enregistre que dans son Petit Dict.

→ Texte v. 484 484. Altre. Sur un emploi analogue de altre, autre en anc. français, voir Tobler, Verm. Beiträge, 3e série, p. 72-73.

→ Texte v. 491 491. Corbarin. Peuple inconnu. Pio Rajna est porté à y voir une déformation du nom du célèbre Kerbogha, émir de Mossoul, « figure prééminente dans la phase antiochienne de la première Croisade. », nom énoncé le plus souvent Corbaran dans les /63/ récits occidentaux (Romania, XLIX, 63-72). Cette opinion, peu vraisemblable en elle-même, se heurte aux constations paléographiques les plus autorisées, qui fixent au xie siècle l’exécution du manuscrit (ci-dessus, Introd., p. xvii-xviii).

→ Texte v. 494 494. Treu. Substantif apparenté au verbe treva « hanter », et, comme lui, d’étymologie indéterminée. Raynouard le rattache à tort au lat. tributum (Lex. rom., V, 421). Mistral atteste sa conservation en deux sens très distincts, « trace » et « spectre », dont aucun ne semble convenir ici; cf. Levy, Prov. Suppl.-W., VIII, 453-4, où le passage de notre texte est cité comme attribuant un sens figuré au mot treu.

→ Texte v. 497 497. La trop célèbre Fausta, étouffée, en 327, par ordre de Constantin.

→ Texte v. 499 499. Mansella (de même, v. 516 et 545). Cette forme nasalisée du nom de Marseille est signalée par Mistral en bas-latin. Si elle n’a pas survécu, elle est, somme toute, moins surprenante que la forme rhotacisée usuelle, le nom latin étant Massilia.

→ Texte v. 506 506. Maximin. Le fils réel de Maximien est Maxence (cf. la note sur les vers 582 et s.); notre auteur le confond avec Maximin Daia, qui fut, à un moment, l’allié de Maximien.

→ Texte v. 516 516. Peciar. Forme contractée de peceiar, dont Levy cite divers exemples, notamment celui-ci, Prov. Suppl.-W, VI, 291-2.

→ Texte v. 523-538 523-538. Allusion au martyre de saint Maurice et de la légion thébéenne; cf. Acta Sanctorum, t. VI de septembre, p. 342.

→ Texte v. 536 536. Cf. Fortunat, Carminum lib. II, 14, 13 (De sancits Agaunensibus):

Adjuvit rapidas Rhodani fons sanguinis undas.

→ Texte v. 565 565. Je garde audid (pour audi), en supposant que le d final est dû à l’influence analogique des prétérits en -ed; mais il vaudrait peut-être mieux voir là une faute du scribe et lire audi. Le sens ne me parait pas justifier la correction en audi d’aitan fer son, malgré la présence de la préposition de après le verbe audir aux vers 228-9, 248 et 317.

→ Texte v. 569 569. Ambs dos s’applique, dans la pensée de l’auteur, à Dioctétien et à Maximien. Ce récit, où l’on voit Dioctétien mourir de douleur en apprenant le meurtre de Maximien, est de pure imagination: Maximién mourut en 310, et Dioctétien en 313.

→ Texte v. 580-1 580-1. J’ignore à quel prodige font allusion ces deux vers.

→ Texte v. 582 et s. 582. et s. Ce combat en la plancalla parait être, comme le /64/ remarque Leite de Vasconcellos, un souvenir déformé de la victoire remportée par Constantin sur Maxence prés du Ponte Molle: forma antica e popolare per Ponte Milvio Ponte Molle en 312; les vers 587-8 sont sans objet, car non seulement Licinius n’assistait pas au combat, mais Maxence, qui y prit part, se noya dans le Tibre en cherchant à fuir.

→ Texte v. 584 584. Serralla. Levy déclare (Prov. Supp.-W., VII, 614) qu’il ne comprend pas le sens de ce mot, et il propose dubitativement de lire ferralla. Il me semble que du sens ordinaire de « serrure », que possède serralla, on passe facilement au sens de « armure défensive », qui convient ici.

→ Texte v. 590 590. Veidrez. La forme normale serait veirez, comme au v. 200, ou vedrez, avec maintien de la dentale devant r, comme dans pedrun v. 550. – Curalla. Mot non attesté ailleurs en ancien provençal, car la correction de coralha en curalha dans Bertran de Born (Levy, Prov. Sappl.-W., I, 430) est douteuse; cf. l’art. curaio de Mistral, où figurent les sens de « restes, débris ».

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