Massaja
Lettere

Vol. 1

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Al signore Giustino De Jacobis CM
prefetto della missione dell’Abissinia – Gualà

[Massauah, fine ottobre-inizio novembre 1846]

P. 247

Ce digne prélat [Massaja] m’édifia beaucoup, en m’apprenant le dessein qu’il avait eu de ne pas passer à travers ma mission pour se rendre, avec trois Pères et un frère Capucins, dans son vicariat. Il s’était proposé d’entrer dans le pays des Gallas par Aden, Zeyla, Tajoura, et en traversant les tribus d’Eggin, de Tolama, etc., chemin très-difficile et très-dangereux, qu’il avait voulu entreprendre uniquement pour m’épargner, m’avouait-il dans son aimable simplicité, la peine qui est si naturelle aux pauvres enfants [p. 248] d’Adam, et qui aurait pu s’emparer du moi en voyant d’autres ouvriers venir pour s’emplanter en quelque sorte dans ma mission. Sa Grandeur avait raison, car combien de fois depuis la propagation de l’Evangile n’a-t-on pas vu le défaut d’union et de charité détruire en un seul jour des missions florissantes, fondées et cimentées depuis une longue suite de siècles par les sueurs et le sang de plusieurs grands hommes apostoliques? Mais Elle n’avait rien à craindre en passant sur notre terrain; au contraire, la divine Providence le voulut ainsi, non-seulement pour nous faire arriver plus promptement nos ressources, mais encore pour nous fournir à tous deux l’occasion de nous communiquer mutuellement notre conformité de vues et de sentiments pour la gioire de Dieu et le salut des âmes. J’aime à vous donner ces détails, Messieurs, afin que par les nobles sentiments manifestés à notre égard par le nouvel apótre des Gallas, on puisse juger de la grande sagesse qui prèside au choix de ceux que la Saint-Siège élève à la dignité de l’épiscopat, et à qui il donne des commisions délicates et importantes. Si je n’avais pas craint d’abuser de votre temps, si utile à l’Eglise, je vous aurais retracé ici l’esprit humble et charitable qui dieta la lettre, que Mgr. Massaja m’écrivit lors de son heureux débarquement à Massouah; j’aurais désiré vous en donner copie, afin de perpétuer un des plus précieux monuments modernes de la charité apostolique, d’édifier les missionnaires, et de les porter de plus en plus à resserrer entre eux les liens d’une sainte union, et à ne faire toujours qu’un seul corps d’armée spirituelle, rassemblée autour de la croix du Dieu d’amour, afin de combattre et de vaincre plus sùrement l’esprit d’erreur et de malice, qui va perdant tant de milliers d’infidèles.