Massaja
Lettere

Vol. 4

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Al generale di divisione Carlo Guglielmo Tremenheere
residente politico – Aden

P. 877Monsieur le Gouverneur,

[Hennoari – Scioa, inizio di maggio 1871]

J’ai reçu la lettre en date du 29 Novembre 1870, que vous avez bien voulu m’adresser, et je vous remercie bien sincèrement des sentiments de bienveillance qui y sont exprimés. J’ai vu de plus par la lettre de Monsieur César Tian procureur du roi Menilek à Aden, que vous aviez fort bien accueilli son projet de tenter quelques relations commerciales directes avec ce royaume de Chewa, pour l’utilité commune d’Aden et de ces contrées-ci. Ce projet n’a pas été accueilli avec moins de faveur par le roi Menilek lui-même. Ce /197/ prince, comme il vous l’a témoigné lui-même par une précédente lettre, Monsieur le Gouverneur, ne redoute pas de se mettre en rapport avec les Européens, il le désire au contraire. Seulement, quoique le roi soit parfaitement résolu à assurer la partie de la route qui l’avoisine, les bords de la mer lui échappent nécessairement. Or c’est là, Monsieur le Gouverneur, qu’est la vraie difficulté. Le roi se propose de vous communiquer une lettre qui vous fera amplement connaître les vrais sentiments d’Abubeker à ce sujet. Ne vous serait-il possible [p. 878] possible, Monsieur le Gouverneur, d’appuyer vous-même les opérations nécessaires pour l’ouverture de cette route? Il ne s’agit pas sans doute d’une intervention militaire qui engage la politique d’un pays; mais le mandataire d’un Gouvernement puissant manque-t-il de moyens officieux pour aplanir les obstacles qu’oppose aux Européens la cupidité et le fanatisme de ces chefs musulmans de la côte?

Mes deux Missionnaires, avec les dix jeunes gens qui les accompagnent déjà refusés par Abu Beker, vont peut-être sur les instances formelles du roi Menilek se mettre en route cette fois par le désert des Adals. Oserais-je vous prier, Monsieur le Gouverneur, comme Européen et comme Chrétien de les assister en ce passage, dans la mesure que vous inspirera la loyauté et la magnanimité de votre coeur. Soyez sûr que tout dévoués à la prédication de l’Evangile, ils ne sauraient en rien vous compromettre.

Agréez etc.

Fr. G. Massaja, Évêque