/I/

A. Bouillet L. Servières

Sainte Foy
vierge et martyre

Rodez
E. Carrere Editeur
MDCCCC

/V/

Approbation de S. E. le Cardinal Richard, archevêque de Paris.
Lettre de S. G. Mgr Germain, évêque de Rodez et de Vabres, à M. l’abbé Servières.

Rodez, le 20 décembre 1898.

Mon cher ami,

Vous n’avez pas seulement accompli un acte de reconnaissance envers sainte Foy, dont la splendide basilique abrite de son ombre la maison qui vous vit naître, mais vous avez fait encore œuvre d’apôtre en affermissant parmi nous et en répandant au loin son culte par vos intelligentes recherches et par vos savants travaux. Depuis bien des années vous employez les loisirs que vous laisse votre laborieux ministère, à étudier l’histoire religieuse de notre cher diocèse, et particulièrement tout ce qui se rapporte à la vie et au culte de sainte Foy. À son tour, l’aimable sainte vous à dejà marqué sa gratitude par les satisfactions qu’elle vous a prodiguées. Vous avez reçu les encouragements de vos évêques, les éloges des Savants, les témoignages les plus touchants de sympathie de la part de vos collègues et des pieux fidèles.

Aujourd’hui vous publiez avec M. l’abbé Douillet une grande et belle édition de la vie de sainte Foy. Je vous félicite à la fois de votre entreprise et du choix /VI/ de vôtre collaborateur. Vous ne pouviez en trouver un plus compétent, ni plus actif; pour élever un tel monument, vous ne pouviez vous associer un architecte plus habile. Comme vous, M. Bouillet a fait ses preuves, ses travaux ont reçu les approbations les plus flatteuses, et dernièrement encore la publication du Liber miraculorum sancte Fidis lui a Valu l’attention des érudits. J’ai tenu à joindre mon suffrage à tant d’autres si appréciés, et en le nommant chanoine de ma cathédrale, je vous ai unis tous les deux dans les mêmes honneurs; vous l’étiez dejà dans les mêmes travaux.

Sainte Foy et son époque; Conques, son abbaye et son trésor incomparable; le culte de la sainte et les monuments de son histoire; les textes anciens et les témoignages des modernes; le Livre des miracles, le martyrologe, les pièces liturgiques: voilà l’objet de vos patientes investigations et de vos consciencieuses études. Quel attrait pour les archéologues, quelle édification pour les pieux chrétiens, quel intérêt pour tout le monde dans la lecture attachante de ces pages émues d’où se dégage un parfum suave de chrétienne antiquité!

Je bénis cette œuvre, je la recommande à ceux qui ont le culte du beau et la passion des grandes et saintes choses. Je la signale aussi comme une œuvre d’apostolat capable d’édifier les âmes. Je ne parle pas de l’éxecution matérielle de l’ouvrage: elle est de nature à satisfaire les plus difficiles; elle honore à la fois ceux qui en ont conçu le plan et ceux qui font réalisé. Je demande à Nôtre-Seigneur les grâces les plus abondantes pour vous et pour tous ceux qui ont été vos collaborateurs.

Veuillez agréer l’assurance de mes sentiments reconnaissants et profondément affectueux en Notre-Seigneur.

Anneau
de Mgr l’Eveque de Rodez (1)

/VII/

Préface

En parcourant les pages qui vont suivre, on verra que la sainte dont le nom les remplit avait douze ans seulement quand elle fut mise à mort en haine du nom chrétien: c’était une enfant quand elle donna à Dieu le témoignage de son sang, et les actes de sa vie et de sa passion tiennent en quelques pages. Mais, faible et petite aux yeux des hommes, elle a été grande au regard de Dieu, qui s’est plu une fois encore à se servir de la faiblesse pour dompter la force et accomplir de grandes choses (1).

La notoriété de sa famille et de sa vie hautement chrétienne valut à la jeune patricienne le redoutable honneur d’être choisie par le délégué des Césars pour devenir le champion du Christ contre le paganisme. La calme intrépidité qu’elle ne cessa d’opposer à la cruauté la plus raffinée, au milieu même des plus atroces tortures, entraîna à sa suite et associa à son triomphe un témoin hésitant; le spectacle de sa joyeuse et inaltérable constance encouragea une nombreuse phalange de païens à partager sa foi et sa victoire. Ses Actes, dans /VIII/ leur noble et touchante simplicité, nous redisent les circonstances de son glorieux témoignage.

Non moins merveilleuse, non moins admirable a été l’action de la jeune sainte dans la suite, son action posthume, si nous osons ainsi parler. Devenue – c’était justice – patronne de la cité qui avait été témoin de sa naissance à la terre et de sa naissance au Ciel, et qu’elle avait désormais conquise â la foi chrétienne, elle contribua, par son crédit auprès de Dieu, à la relever des ruines amoncelées par les barbares, la força à déplacer son centre pour se grouper autour de son tombeau, et lui assura de nouvelles destinées.

Un jour vient cependant où il lui plaît d’émigrer vers les montagnes du Rouergue et de se créer un nouveau sanctuaire à l’abri de rochers sauvages et inaccessibles. Non contente d’avoir ménagé et conduit les moindres circonstances de cette singulière translation, elle inaugure bientôt dans son nouveau séjour un ministère à la fois religieux et social; elle préside à la vie intime du monastère où elle s’est réfugiée, elle le réforme et le façonne selon ses desseins; elle l’emploie comme un puissant instrument d’apostolat et de civilisation; elle y attire, par ses prodiges retentissants, les populations de la France et du monde entier, et leur inspire, par son souffle bienfaisant, la mansuétude, avec la pureté des vertus chrétiennes et sociales.

A la couronne de cet apostolat spirituel, la sainte veut joindre l’auréole des lettres et des arts, qui brille bientôt d’un incomparable éclat autour de son front radieux.

Le Livre des miracles de sainte Foy, que nous avons récemment publié dans son texte original (1), est le recueil des prodiges les plus surprenants accomplis par notre sainte; /IX/ c’est un monument de premier ordre pour l’intérêt et la lumière qu’il répand sur l’histoire des mœurs au xie et au xiie siècles.

La basilique élevée à Conques pour abriter ses reliques est un édifice unique. Issu de cette école d’architecture qui a couvert le sol de l’Auvergne de tant de monuments d’un si haut intérêt, elle marque une étape caractéristique et décisive dans une voie de perfectionnement et de progrès qui devait, par Saint-Sernin de Toulouse, aboutir à Saint-Jacques de Compostelle.

Le trésor de Conques est l’un des plus riches de l’univers catholique, aussi bien par la quantité que par la qualité des pièces de premier ordre qui le composent. Son importance, les problèmes qu’il soulève, la variété et la perfection de ses éléments seront longtemps encore pour les savants et les spécialistes un objet d’admiration justifiée et d’études fécondes.

Tant de merveilles littéraires, monumentales et artistiques ont été inspirées par le souvenir d’une enfant. N’est-ce pas dejà plus qu’il ne faudrait pour comprendre quel prestige touchant et séducteur se dégage de sa céleste vision? Une aussi surprenante fécondité ne suffirait-elle pas à attester la puissance de son action bienfaisante?

Dégager cette charmante et aimable figure de la fausse parure de la légende ou de la tradition mal justifiée; la présenter telle qu’elle ressort dans la réalité de l’histoire; restituer dans leur texte primitif les Actes de sa passion; faire connaître, dans la mesure du possible, les manifestations de toute sorte qui n’ont cessé d’accompagner les honneurs rendus à son nom; retrouver dans la plupart des parties de l’Europe les traces de son culte; dénombrer et décrire les monuments élevés à sa gloire; recueillir et reproduire les louanges chantées pour sa glorification: telle est la tâche que se sont imposée les auteurs du présent ouvrage. Ils y ont consigné les résultats fournis par /X/ dix années et plus de recherches et d’études patientes et consciencieuses.

La liste bibliographique que l’on trouvera à la fin du volume apprendra au lecteur qu’il n’a été négligé aucun des ouvrages qui pouvaient fournir quelque utile secours. On y verra, aussi bien que dans le cours même du livre, combien de manuscrits précieux, inédits, ont été consultés.

Mais ce que nous renonçons à faire connaître, même d’une manière imparfaite, c’est l’importance d’une correspondance qui, depuis dix ans, s’est continuée sans relâché, et, par suite, la somme de renseignements de toute sorte acquis par ce moyen. Que de remerciements personnels nous aurions à adresser: aux évêques qui ont bien voulu transmettre nos desiderata aux personnalités les plus compétentes de leurs diocèses; – à ceux de nos confrères que notre questionnaire n’a j pas trouvés indifférents, et qui se sont employés avec empressement pour répondre à nos importunités; – aux bibliothécaires et aux archiviste, dont l’obligeance a toujours été parfaite, et qui ne nous ont marchandé aucune des indications conservées dans les dépôts confiés à leur garde!

Devant l’impossibilité de nommer tous ceux qui, à un degré quelconque, se sont fait gracieusement nos collaborateurs, nous voulons néanmoins inscrire ici trois noms pour lesquels nous professons une plus particulière reconnaissance: Sa Grandeur Monseigneur Germain, évêque de Rodez et de Vabres, qui, dès le premier jour de son épiscopat, s’est affirmé comme un fervent admirateur de sainte Foy, et nous a prodigué en toutes circonstances son aide efficace et ses chaleureux encouragements (1); – le R. P. Marie-Bernard, vicaire général du diocèse de Rodez et curé de Conques, protecteur né de notre sainte et /XI/ de son culte; – M. l’abbé Majorél, archiprêtre de Villefranche-de-Rouergue, qui fut un instant – nous le verrons et il àinie à le redire – « vicaire général de sainte Foy ». A eux surtout revient l’honneur d’avoir écarté les difficultés matérielles (1), et d’avoir assuré la publication de cet ouvrage dans des conditions que nous n’aurions jamais pu, ni même osé espérer.

Daigne sainte Foy bénir nos humbles efforts, et prendre sous son patronage, avec les deux clients qui se sont voués à sa glorification, tous ceux qui leur ont prêté leur concours!

A. B. & L. S.

6 octobre 1899, fête de sainte Foy.

Un mot au sujet de l’exécution matérielle de ce livre.

L’illustration est, pour une bonne part, due à l’obligeance de nos correspondants. Parmi les nombreux documents figurés, gravures, photographies, dessins, qu’ils ont gracieusement mis à notre disposition, nous n’avons eu que l’embarras du choix. Nous avons donné la préférence à ceux qui nous ont paru devoir intéresser davantage les personnes qui feuillèteront ce volume, ou qui sont de nature à caractériser plus exactement le culte rendu à notre petite sainte. Plusieurs gravures ont été exécutées d’après nos propres clichés photographiques; nous avons aussi dessiné la carte où sont indiqués les nombreux sanctuaires que sainte Foy possède en France.

La plupart des objets du trésor, ainsi que des vues de l’église de Conques, sont reproduits d’après les excellentes photographies de notre ami M. P. Clément, architecte diplômé par le gouvernement. Nous le remercions cordialement de son concours toujours aimable et empressé.

Six belles héliogravures complètent et rehaussent cette illustration. Cette riche parure est une offrande déposée aux pieds de sainte Foy par une famille où la dévotion à notre sainte est en grand honneur. Le Livre des miracles nous /XII/ apprend que notre sainte, qui sait de longue date inspirer les traits de ce genre, sait aussi les récompenser.

Des lettres ornées sont placées en tête des chapitres. Un certain nombre sont empruntées à des manuscrits des xie et xiie siècles, qui appartiennent à diverses bibliothèques publiques. D’autres – ce ne sont pas les moins intéressantes – proviennent de manuscrits relatifs à sainte Foy, et en particulier de la version du Livre des miracles que possède la Bibliothèque de Schlestadt, en Alsace. On trouvera a la table des matières l’indication de ces dernières.

Enfin MM. Protat, de Maçon, ont bien voulu mettre à notre disposition les caractères et les monogrammes des inscriptions. Ceux qui ont eu affaire à ces habiles imprimeurs ont éprouvé comme nous, que la plus aimable obligeance est chez eux de tradition.

[Nota a pag. VI]

(1) Le chaton de cet anneau est fait d’un fragment de mosaïque vitrifiée, trouvé dans le coffre qui contient les reliques de sainte Foy, avec d’autres objets décrits à la p. 91 de cet ouvrage. Torna al testo ↑

[Nota a pag. VII]

(1) Infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia. Nell’ed. corrente è il v. 27 I. Cor. 1.28. Torna al testo ↑

[Nota a pag. VIII]

(1) Cette publication a reçu une mention honorable de l’Académie des Inscriptions et Belles, Lettres, au Concours des Antiquités de In France (1898). Torna al testo ↑

[Nota a pag. X]

(1) Ces lignes étaient sous presse lorsque nous avons appris la nomination de Mgr Germain à l’archevêché de Toulouse, où le suivra notre respectueuse affection. Torna al testo ↑

[Nota a pag. XI]

(1) Nous ne saurions oublier la part qui revient dans çe résultat à M. l’abbé Féral, de Villefranche Torna al testo ↑