Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Supplément 6 – Manuscrit de Rodez

/622/

II.

Ce recueil dejà si considérable des miracles de sainte Foy, nous nous plaisons à l’enrichir du récit d’un prodige qui semblerait absolument incroyable, si le Seigneur, dans le dessein de révéler les mérites de ses saints, en les glorifiant par /623/ d’innombrables merveilles, n’avait déclaré lui-même: « Les œuvres que j’opère, vous lés opérerez vous aussi; vous en ferez même de plus éclatantes (1) ».

Dans la région de Jérusalem vivait un païen de race sarrasine et d’une valeur éprouvée dans les combats. D’abord ennemi juré de la loi divine, il fit maintes fois une guerre acharnée aux chrétiens. Mais enfin, touché de la grâce miséricordieuse de Dieu, il abjura les superstitions païennes, se fit chétien, reçut le baptême et prit le nom de Jean, en échange du surnom de Ferré – homme de fer – par lequel on signalait sa force et sa vaillance. Alors il tourna contre les païens l’ardeur belliqueuse qu’il avait dirigée jusque-là contre les chrétiens, et confiant dans le secours d’en haut, il les poursuivit à outrance et les battit en de nombreuses rencontres.

Or les événements de cette guerre l’ayant amené dans une plaine nommée Artha, à un mille environ de Damas, il livra en ce lieu un rude combat aux Sarrasins. Mais cette fois la fortune des armes lui fut entièrement contraire, par une disposition particulière de la Providence, qui éprouve les enfants bénis de Dieu, et surtout par un dessein secret du Très-Haut qui voulait glorifier la vierge et martyre sainte Foy, comme l’événement le montra clairement. Jean fut fait prisonnier avec un grand nombre d’autres chrétiens et emmené dans une ville appelée Galiba. Là il fut jeté en prison sous une forte garde et étroitement garrotté par une chaîne de fer. Cette chaîne, d’un poids extraordinaire, faisait plusieurs fois le tour de...

[Nota a pag. 623]

(1) Jean, xiv, 12. Torna al testo ↑