La Chanson de Sainte Foi d’Agen

Introduction

/XIII/

III. – La découverte du manuscrit utilisé par Fauchet.

C’est à M. le Dr Leite de Vasconcellos, alors premier conservateur de la Bibl. Nat. de Lisbonne, qu’est échue la bonne fortune de retrouver dans la Bibliothèque de l’Université de Leide, en juillet 1901, le manuscrit vu par Fauchet, que l’on croyait perdu7. Informé par lui, bien que d’une manière incom- /XIV/ plète, je lui écrivis aussitôt: « Je crois que vous venez de faire une très importante découverte, et j’en suis extrêmement heureux. Le manuscrit que vous me signalez me fait l’effet d’être une vie de sainte Foi (sancta Fides) d’Agen, probablement celle dont on ne connaissait jusqu’ici que deux tirades, publiées au xvie siècle par Fauchet, d’après un manuscrit que lui avait prêté Pithou. Le manuscrit de Leide pourrait bien être le manuscrit de Pithou lui-même »1. Je ne me trompais pas. Leite de Vasconcellos, qui avait dejà quitté Leide quand il reçut ma lettre, obtint que le précieux manuscrit fût prêté à la Bibliothèque de l’Université de Paris (Sorbonne), où il put l’étudier à loisir et préparer l’editio princeps qu’il publia dans le fascicule d’avril-juillet 1902 de la Romania, t. XXXI, p. 177-200.

Le retentissement de cette publication est attesté par les comptes rendus qui en furent faits dans les années suivantes, et dont voici les principaux2:

Antoine Thomas, La Chanson de sainte Foi, dans le Journal des Savants, 1903, p. 337-345.

C. Appel, Zur Metrik der Sancta Fides, dans les Mélanges Chabaneau, Erlangen, 1906 (Romanische Forschungen, t. XXIII, p. 197-204).

Pio Rajna, La patria e la data della Santa Fede di Agen, même recueil, p. 469-478.

G. Gröber, Zur provenzalischen Verslegende von der heiligen Fides von Agen, même recueil, p. 397-620.

Après une assez longue période de silence, l’attention du public a été de nouveau attirée sur notre poème.

/XV/ Dans le nº de janvier 1933 de la Romania (t. XLIX, p. 63-72), Pio Rajna a inséré un article intitulé: « Per la datazione della Sancta Fides d’Agen », où il signale une nouvelle donnée qui lui parait confirmer la date proposée par lui en 1906; cf. ci-dessous, p. 62, note sur le v. 491).

La Revue historique du Rouergue (Rodez, impr. catholique), imprime, par petites tranches, depuis le 15 avril 1923 (nº 4), un travail de l’abbé Augustin Fabre, intitulé: « La Chanson de Sainte Foy, poème du xie siècle en langue d’oc », où l’auteur commence par reproduire, en le traduisant au fur et à mesure en vers libres assonances, le texte de Leite de Vasconcellos. Il promet de compléter la courte introduction qu’il a placée en tête et de « proposer quelques timides variantes dans des notes philologiques qui serviront à justifier et à compléter sa traduction »; mais, au bout de la 15e tranche (février 1925), les « notes philologiques » n’ont pas encore paru.

Au dernier moment, mon confrère C. Couderc me communique deux articles de M. Prosper Alfaric, publiés dans les Procès-verbaux des séances de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron (Rodez, 1924), p. 192-204 (La chanson de sainte Foy et les Croisades) et p. 214-217 (La chanson de Roland et la chanson de sainte Foy). Pour se prononcer sur les idées surprenantes qui y sont exposées, il faut attendre un volume annoncé comme devant paraître prochainement dans la collection de la Faculté des lettres de Strasbourg, avec la collaboration de M. E. Hoepffner, et où M. P. Alfaric promet qu’il les exposera « avec plus de détails en les étayant de leurs preuves » (p. 216).

Je dois rappeler ici, avec quelque confusion, que mon ami Leite de Vasconcellos, se souvenant de la modeste part que j’ai eue à sa découverte, a renoncé à donner l’édition définitive qu’il avait fait espérer, et m’a exprimé le désir de me voir prendre sa place. C’est un honneur dont je sens tout le prix et tout le poids. Et je ne puis que souhaiter qu’un troisième éditeur me succède bientôt et réussisse à résoudre les énigmes qui subsistent encore dans ce texte vénérable.

[Note a pag. XIII]

7. Il est juste de rappeler que cette découverte a été provoquée par le zélé avec lequel le Dr C. Molhuijsen, conservateur de la Bibliothèque, /XIV/ prié par Leite de Vasconcellos de lui signaler non seulement les manuscrits portugais, mais tous ceux qui pouvaient intéresser l’Espagne (au sens large), a mis à sa disposition, entre autres, le manuscrit en question, où le Catalogus imprimé en 1716 mentionnait (par suite d’une méprise) l’existence d’un opuscule d’Auzias March (opusculum Ausiae Marchionis (sic) scriptum sermone Catalanico), qui n’est autre que notre chanson; cf. ci-dessous, p. xvii. Torna al testo ↑

[Note a pag. XIV]

1. Cf. Noticia bibliographica do poema provençal de « Santa Fé » p. pelo Dr J. Leite de Vasconcellos (Coimbra, 1902; tir. à part de O Instituto, t. 49), p. 4-5; cf. Romania, XXXI, 177. Torna al testo ↑

2. Notons aussi que, peu après la mise au jour du texte retrouvé, V. Crescini en inséra cinq extraits (vers 1-44, 65-75, 301-313, 327-350 et 364-401) dans la deuxième édition de son Manualetto provenzale (Vérone et Padoue, 1905). Torna al testo ↑