La Chanson de Sainte Foi d’Agen

Introduction

/XIX/

VI. – Langue du poème.

Je ne me propose pas de faire ici une étude intégrale, répartie entre les cadres grammaticaux usuels, de tous les phénomènes linguistiques que présente le texte de notre poème1. Je relèverai seulement ce qu’il contient d’intéressant pour compléter ou contrôler les textes antérieurement connus, et sur lesquels seuls reposait jusqu’ici notre connaissance de l’ancien provençal. Telle que je l’ai conçue, cette étude offre un double aspect: l’un mettra en évidence le caractère archaïque qu’on doit s’attendre à trouver dans un monument du xie  siècle; l’autre s’efforcera d’y discerner ce qui peut servir à en déterminer le lieu d’origine, et, par suite, la patrie de l’auteur. De là deux divisions: A. Traits archaïques; B. Traits dialectaux 2.

Mais une question préalable se pose. Y a-t-il lieu de distinguer entre la langue du scribe et celle de l’auteur en faisant deux exposés successifs ? Je ne le pense pas. Malgré les fautes qui déparent le texte qui nous est parvenu3 – et dont le nombre est relativement peu considérable, – ce texte s’impose à nous à défaut de l’original. On se figure volontiers qu’un auteur, transcrivant lui-même son œuvre, est impeccable; c’est oublier l’axiome: errare humanum est. Qu’un auteur puisse être moins sujet aux distractions graphiques qu’un copiste de profession, il y a lieu de le présumer; mais la critique a prise sur l’un comme sur l’autre. Le philologue peut faire bloc de l’exemplaire perdu et de celui qu’il a sous les yeux, comme il fait bloc des ressources intellectuelles dont il dispose, pour séparer l’ivraie du bon grain et retrouver la pensée de l’auteur sous les scories qui la masquent, d’où qu’elles proviennent.

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[Note a pag. XIX]

1. Cette étude a été faite, tellement quellement, par Gröber dans le mémoire cité ci-dessus, p. xiv. Torna al testo ↑

2. Le lecteur voudra bien excuser quelques chevauchements d’une des parties sur l’autre, qu’il était difficile d’éviter. Torna al testo ↑

3. Voir ci-dessous la remarque sur la séparation défectueuse des tirades (p. xxxi) et lés Notes sur les vers 35, 40, 41, 77, 91, 101, 104, 119, 151, 159, 160, 174, 177, 293, 335, 363, 371, 384, 456, 481, 553, 556, 574, 587, 590. Torna al testo ↑