La Chanson de Sainte Foi d’Agen

Introduction

Langue du poème

/XXVII/

B. – Traits dialectaux

I. – Dans la phonétique.

1. – C initial. – C initial (ou appuyé) devant a reste c dans tous les cas: camp, canczon, cantar, carnz, etc. (environ 75 ex.). On trouve, il est vrai, la graphie ch dans clocher, Conchas, eschar (à côté de escaraz) et rocha; mais les nombreux exemples de cette graphie dans les formes du démonstratif (achel, achest, etc. à côté de aqel, aquel, aqest, etc.) et de l’adverbe de lieu (achi, à côté de aqi) nous interdisent de lui attribuer le son chuintant qu’elle représente dans les textes de la région septentrionale de la /XXVIII/ langue d’oc. Les mots d’origine germanique qui ont un k primitif le rendent par c devant a (causir, escaz), par ch devant e, i (eschiti, ischern): la graphie ch doit y être interprétée comme dans les mots latins.

2. – C intervocalique devant a. – Il est rendu par g (environ 17 ex.), sauf dans mija [lat. mica]. Il y a là un fait particulier difficile à expliquer, qui trahit (soit dans la prononciation, soit dans la graphie) une influence septentrionale. Mais comme le g étymologique, en toutes positions, est fidèlement conservé (destrenga, engan, gaudir, esmag, pagan [lat. paganum], etc.), nous pouvons tenir pour certain que notre texte appartient foncièrement à la région méridionale du provençal.

2. – Groupe çt. – Le groupe étymologique çt, qu’il soit d’origine latine ou romane, est toujours représenté par it: aguait, coita, dreitura et dreitureira, fait et forsfait, fraitura, fruit, jointura, noit, peintura, saint, traitor [lat. tractorem, substitué à traditorem]. A ces exemples, on peut joindre, par assimilation, le nom plur. masc. tuit, où l’i long, du type latin toti [lat. vulg. *totti] a été incorporé dans la syllabe accentuée et s’y est comporté comme le c vocalisé des mots qui avaient originairement le groupe ct.

Il n’y a pas de trace dans notre texte du passage de ce groupe au son chuintant ch.

3. – N intervocalique. – N intervocalique en latin, suivi d’une voyelle finale qui tombe, est toujours maintenu, même devant s flectionnel: fan [lat. fanum] et fans, ven [lat. venit] et gens [lat. genus], pin [lat. pinum] et Licins, canczon et canczons, un et uns. Les exemples sont innombrables; la seule exception est razo au v. 15 (contre razon au v. 558, et razons au v. 26), que l’on doit vraisemblablement attribuer à une distraction du scribe1.

Torna su ↑

[Note a pag. XXVIII]

1. On peut assimiler au n intervocalique, envisagé ici, le m latin final rendu par n: ren [lat. rem], seun [lat. vulg. *seum, analogique à meum], son [lat. sum]. Re 363 est douteux, par suite de la correction qui parait nécessaire; quant a res (sing. suj. et pluriel), il doit remonter directement au latin et être antérieur à la forme rens, refaite sur le cas rég. ren. Con atteste peut-être l’existence en latin vulgaire d’une forme abrégée *quom, pour quomodo. Torna al testo ↑