Massaja
Lettere

Vol. 3

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Discorso di M.
Notre Dame des Victoires – Parigi

P. 48 A la page 30 du précédent bulletin, nous disions que nous avions eu le bonheur de recevoir, le 19 février, monseigneur Massaya, évêque des Gallas (Afrique centrale), et d’avoir, en ce jour, ce vénérable évêque pour président et prédicateur de notre réunion. Ceux qui ont vu monseigneur Massaya savent tout ce qu’il y a de noble dignité et d’imposante modestie dans les traits, dans le visage et dans la tenue de ce pieux prélat, dont les longs travaux ont, avant l’âge, blanchi le front et appesanti la marche. En chaire, il trouva un pathétique entrain, une voix animée, un élan de parole que nous n’aurions pu supposer. Bien que sa phraséologie fut mêlée d’italien et de cet accent étranger que lui a naturellement donné un séjour de 19 années dans l’Afrique centrale, son ton ému, ses gestes significatifs aidaient sa parole, et l’on comprenait aisément tout ce que voulait dire son âme, tous les sentiments qui animaient son cœur.

Tel fut son exorde:

Mes Frères, ce serait bien téméraire à moi, peu versé dans la langue française, et depuis 19 ans éloigné de l’Europe, de vouloir vous faire un discours. Non, je n’aurai pas cette témérité; c’est dans un autre but que je suis monté dans cette chaire. Je cède, en prenant la parole, à un besoin impérieux... Je dois tout à Marie et je veux le dire bien haut. Mais je suis ému: oui, je suis saisi d’une émotion extrême que je ne puis vous exprimer. Comment n’en serait-il pas ainsi, en me voyant au milieu de la famille chérie de la Sainte-Vierge, en face de son autel!... Je dois tout à Notre-Dame-des-Victoires; je lui dois la vie, elle me l’a plusieurs fois conservée. Je lui dois plus: la vie d’un homme, c’est peu de chose; je lui dois ma mission: c’est elle qui m’y a fait pénétrer, elle qui m’y a protégé. Je lui dois toutes les âmes que j’ai régénérées par le baptême, [p. 49] et dont plusieurs, au moment où je vous parle, sont, je l’espère, en paradis. Aussi, je le répète, je suis ici aujourd’hui pour remercier. Depuis mon arrivée dans la capitale, j’étais déjà venu dans ce sanctuai- /199/ re; j’y ai célébré la sainte messe, à Tautel de TArchiconfrérie. Mais ce n’était pas assez pour moi; je tenais à dire publiquement et à sa louange, toutes les grâces que j’ai reçues par l’entremise de Marie.

Nous ne pouvons reproduire ici tout le discours de monseigneur Mussava. Les derniers mots de l’exorde indiquent, d’ailleurs, tout ce qu’a été ce discours: une touchante action de grâce en l’honneur de la Très-Sainte-Vierge. Le pieux évêque raconta à ses auditeurs l’origine de la mission des Gallas et les principaux événements qui se succédèrent dans cette mission, depuis 19 années qu’elle est fondée, et il s’attacha à faire ressortir l’action de l’auguste Mère de Dieu dans tous ces événements. Durant ces dix-neuf années, monseigneur Massaya a subi toute espèce de persécutions: il a été emprisonné, dépouillé de ses biens, exilé, menacé dans son existence, et partout et toujours il a été sauvé: car il avait, pour nous servir de ses expressions, une tendre mère, Notre-Dame-des-Victoires, qui veillait sur lui et le protégeait contre tous ses persécuteurs.

La péroraison du discours de Mgr Massaya ne fut pas moins émouvante que l’exorde.

Voilà, mes Frères, ce que j’avais à vous dire sur mon histoire, sur ce voyage de dix-neuf ans dans le pays de l’Afrique, où la mission du prêtre est peut-être plus difficile. Il me reste à vous demander de prier pour moi et pour ma mission.

...Je suis père de ces pauvres peuples: quoique fatigué, vieux, sans force, mon cœur est avec eux. Je désire les revoir bientôt. Ma patrie, c’est l’Afrique; je voudrais mourir là. Vous, vous êtes les fils bien-aimés de la Sainte-Vierge; vous êtes toujours à ses pieds: n’oubliez pas ma mission, priez pour elle Notre-Dame-des-Victoires, et peut-être que Dieu, grâce à l’intercession de sa Mère, convertira mon malheureux pays.