Massaja
Lettere

F. 10rMonsieur

Aden (côte d’Arabie) 25 Mars 1867

Monseigneur Massaja récemment arrivé à Aden de la côte de Zeila, me charge de vous présenter ses respects comme aussi de vous donner de ses nouvelles.

Je le jais d’autant plus volontiers que je connais personnellement l’intrérêt que vous portez à notre oeuvre. Monseigneur après avoir passé l’été et l’hiver à Moncullu près Massawa, envoyé quelques secours à ses Missionnaires de l’intérieur et cherché inutilement à frayer une route à ses Missionnaires par l’Abyssinie, s’est résolu à examiner de nouveau la route aux Pays Galla par Zeila et le Choa. Il est donc allé chez Abubekr sultan de Zeila et s’est rendu compte de la vraie situation du pays. Les tribus de la côte Somaulis et Dankali sont en guerre. Tajoura a été incendiée. On s’attend toutefois F. 10r au rétablissement prochain de la paix.

/30/ Monseigneur à écrit a Menelik le roi de Choa, qui a plusieurs fois témoigné le désir de voir Sa Grandeur. Si le roi de Choa le veut il peut ouvrir la voie qui serait le chemin régulier de la mission: il n’y manquerait qu’une occupation française au point où la route aboutit à la mer. Ce sera l’oeuvre du temps.

Monseigneur revient pour ses affaires en Europe: pour nous, nous continuons notre voyage et allons à Massawah pour étudier la langue, et suivre en même temps les modifications politiques qui seraient favorables: la réponse du roi de Choa se fera nécessairement attendre.

Quant à l’Abissinie, la situation de Théodore devient de plus en plus précaire. Son autorité n’est vraiment reconnue que dans le Bëyemdïr – Les intendants du Tigray du Godjam se maintiennent: le roi du Choa est présentement le prince le plus puissant sans l’appui moral duquel Théodore serait en grand danger. Rien de nouveau relativement aux prisonniers.

Agréez, Monsieur, l’expression toute particulière de mon respect et dévouement.

F. Taurin
Cap. V. préfet apost. des Gallas