Massaja
Lettere

Vol. 4

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Al padre Domenico Gouttes da Castelnaudary OFMCap.
ministro provinciale – Tolosa

[Liccé, 1 luglio 1870]

[F. 1v] Je [p. Taurino Cahagne da Heubécourt] viens maintenant à trois opérations que Monseigneur et moi faisons de concert. 1º Demande de missionnaires, il est nécessaire, d’en envoyer quatre ou cinq suivant l’explication plus longue que je donne au T. R. P. Provincial; suivant la [f. 2r] position qui vous est faite, appuyez directement ou indirectement, la nomination de bons missionnaires de notre nationalité: comme je n’ai aucun détail sur la Province, pas même le nom des T.T. R.R. Pères définiteurs, je ne puis m’adresser à personne: je vous prie, de me suppléer en cela suivant votre prudence. Nous sommes ici dans une situation, mêlée autant d’espérance que de crainte: si l’hostilité du parti copte ne prend point le dessus avec quelques confrères nous ouvrons un établissement ou deux pour les jeunes gens des deux races et nous avons immédiatement une base d’un bien réel et durable.

La 2e opération est le rappel de tout le personnel du collège de Marseille – Par Rome nous avons appris qu’on songeait à le mettre à Alger: c’était une mauvaise combinaison. Les circonstances sont assez favorables pour que nous ayons désormais ces jeunes gens /183/ auprès de nous. Un trop long séjour en Europe [f. 2v] du reste ne leur était point utile – L’établissement de Marseille a donc cessé d’exister. Monseigneur n’ayant point l’intention d’en envoyer désormais. Le rappel des jeunes gens met aussi à la disposition de la mission les deux prêtres employés, jusque là. La troisième chose est le retrait des fonds déposés chez M.r l’abbé Michel et restés intacts je suppose – Mgr. écrit à M.r Michel, j’écrirai moi-même pour que les fonds soient remis entre vos mains, pour être confiés aux missionnaires qui viendront ici – Nous avons besoin ici de secours importants, pour l’entretien de cette nombreuse communauté. Au nom de Monseigneur, j’écrirai même à la Propagation de la foi pour faire connaître le véritable état des choses. Car je dois vous dire que depuis notre entrée au Chewa, nous n’avons reçu aucun secours ni de France ni d’aucune procure. Mgr. avait laissé entre les mains du P. Alfonse d’Aden un dépôt de 700 Talaris – Mgr. par billet a demandé une portion de cette somme [f. 3r] d’après ce que nous dit ici le fils d’Abubeker, il y a eu refus – J’avais demandé q.[quel] q.[ques] objets qui pouvaient nous être utiles, nous n’avons rien reçu – Si le roi n’était point venu ici à notre secours, je ne sais ce que nous serions devenus. Quand viendront les missionnaires, si vous pouviez venir vous même à Aden et vous informer prudemment de la situation, sans bruit sans éclat, vous nous rendriez ainsi compte de tout. Je dis si vous pouvez: j’ignore en effet quelle est la situation qui vous est faite et jusqu’à quel point vous pouvez maintenant vous occuper de nos affaires. Monseigneur n’a point encore pris de décision pour le terrain de S.t Barnabe – Comme procureur c’est vous qui en êtes civilement chargé – mettez en les revenus en mains sûres ou qu’ils restent entre les mains de Monsieur Michel pour être adjoints au fond [f. 3v] de la mission. Mais il n’est point à douter que dans un temps qui ne peut point être fort éloigné, Monseigneur disposera de ce terrain, dont le prix nous servira ici à développer nos oeuvres ou à en fonder de nouvelles. Veuillez vous concerter avec le T. R. P. Provincial pour la bonne exécution de toutes choses. Je vous écris avec grande confiance, car je sais que vous n’avez point cessé d’être affectionné à la mission et que si par la force des circonstances vos pieds sont retournés en arrière, votre coeur est avec nous. Nous avons maintenant deux maisons ouvertes à l’apostolat, une à Aman sur la limite des pays Galla et Amhara où demeure Monseigneur, et l’autre à Birbirsa Finfinni, où je suis avec le P. Ferdinand. L’une et l’autre maison compte un certain nombre d’enfants et de grandes personnes qui suivent les catéchismes – Dans l’une et [f. 4r] dans l’autre, il y a eu quelques baptêmes, premières communions, mariages etc – La grande difficulté actuelle vient du parti hérétique de l’évêque Copte, Abba Atanasios qui demeure dans le Tigré et qui fait tous ses efforts pour entraver la bonne disposition de plusieurs. Il est vrai que jusqu’ici, les intrigues n’ont servi qu’à en rapprocher plusieurs de nous et à réveiller plusieurs âmes endormies. Mais bien que tout doive tourner finalement à la gloire de Dieu, nous ne savons pourtant si [le] Satan ne cherche point à nous cribler. Priez pour nous et dans /184/ la crise qui peut suivre soutenez-nous par vos pieux suffrages et par ceux des maisons religieuses avec lesquelles vous êtes en rapport.

Monseigneur se rappelle à votre souvenir, et vous donne sa bénédiction, il vous remercie de tout ce que vous avez fait pour notre oeuvre et vous prie de ne pas cesser de nous aider.

Monseigneur désirerait que vous lui fissiez envoyer une pièce de mérinos croisé couleur capucine, puis une [f. 4v] crosse et des mitres. – Si par la charité de quelques personnes vous pouviez nous procurer une couronne royale en argent léger orné de pierreries factices, sans que le prix en fut trop considérable ce serait un présent très convenable que nous ferions au roi à la venue des missionnaires – Pour le départ des Enfants et des missionnaires, outre le passage gratuit ordinaire – informez vous si on n’obtiendrait pas une plus grande économie par les compagnie[s] de navigation marchande qui ont pénétrés dans la mer rouge – M.r Armand et Bergasse – Frayssinet – Bazin – où les transports de l’Etat, qui vont à la nouvelle colonie fondée dit-on près d’Aden.

Un messager du roi attend les missionnaires à Aden, mais il faut qu’ils soient à Aden au moins fin novembre, afin de partir en janvier. L’Envoyé du roi Ato Workié a déjà fait le voyage avec nous, c’est un ami – et je crois qu’il se montrera très serviable pour les missionnaires.