Massaja
Lettere

Vol. 4

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Al padre Geremia Leonardi da Tuenno OFMCap.
prefetto apostolico – Aden

[Liccé, 11 giugno 1873]

[F. 1r] J’ignore à qui parviendra la lettre que j’écris présentement. Le P. Louis de Gonzague est parti pour l’Abyssinie et d’après des nouvelles assez dignes de confiance, il est parvenu jusqu’à Gondar. Le P. Emmanuel paraît être rentré en France, pour cause de santé – La maison d’Aden a reçu un nouveau supérieur que nous n’avons point l’honneur de connaître. Dans le cas où le P. Emmanuel /238/ continuerait à résider à Aden, qu’il prenne connaissance de cette lettre et la communique au nouveau supérieur – Monseigneur et moi avons regretté que nos deux Pères n’aient pas cru devoir se mettre en route. Je ne crois point me faire illusion ni sur la nature du voyage, ni sur le caractère des individus qui servaient de guides: pourtant je ne pense pas qu’il y eut un danger sérieux. Il est vrai qu’il fallait à temps et en vue du but général, éviter toutes les discussions irritantes – L’affaire du domestique renvoyé justement ou injustement par Abba Michael, pouvait être l’objet d’un conseil, mais il ne fallait pas prendre tellement au vif cette affaire qu’elle devint l’occasion d’une rupture. Abba Mikael n’est point, à proprement parler, notre [f. 1v] envoyé. C’est celui du roi, que Monseigneur avait accompagné de ses recommandations et qu’il avait chargé de ses lettres. Il importait de le traiter convenablement, sans lui donner trop accès: tenir compte du caractère et des habitudes de son pays, afin de tout ménager pour l’avenir – Voici qu’il retourne à Aden avec Mohamed fils d’Abubeker; je ne crois pas qu’il doive aller plus loin: du reste tout est entre les mains de Monsieur César Tian – Quand il viendra à la mission nous vous prions de le bien accueillir – Mais à inoins d’ordres contraires, toute question d’argent est entre les mains de Monsieur Tian qui a reçu pour cela les ordres et les marchandises du roi. Du reste je pense que le T. R. P. Dominique, commissaire apostolique le transportera de sa personne à Aden, pour conférer avec Monsieur Tian et au besoin avec Mahomed ou son père, et juger de la situation. C’est à lui qu’il appartient de vérifier l’état de nos fonds engagés dans la mission d’Aden – Si rien ne vient ruiner nos espérances nous avons besoin dans un temps déterminé de faire appel à ces fonds pour fonder de œuvres qui, dans l’intérieur, servent au développement de l’œuvre de Dieu.

D’après les nouvelles reçues, quelques uns de nos enfants sont partis avec le P. Louis de Gonzague – Il est à présumer que ce sont les mieux disposés, ceux qui donnent espoir pour l’avenir. Les autres demeurés à Aden entrent nécessairement dans une autre catégorie. Il ne faut point oublier, le but [f. 2r] de l’institution du collège – Ce n’est point un asile créé pour des vieillards où l’on doive rester jusqu’à la mort. C’est une maison d’éducation où des enfants grandissent et s’éprouvent. Une fois grandis, ceux qui donnent espérance d’être utiles à notre œuvre, qui sont humbles, dociles, qui ne craignent point les privations naturelles à leur pays – nous viennent – les autres arrivés à l’âge de gagner leur vie doivent être placés aussi charitablement que possible, mais ne doivent plus être à la charge de la mission – Il est de plus interdit en dehors du Vicariat Apostolique d’en élever d’autres – L’expérience est totalement contraire à cette éducation des indigènes hors de leur pays. Monseigneur écrit au Reverendissime Père Procureur Général et au T. R. Père Dominique, les priant de faire exécuter sa volonté expresse à cet égard. Sa Grandeur n’entend plus reconnaître d’aucune façon une institution d’éducation quelconque en dehors de son Vicariat. Je prie instamment les Pères chargés de la mission d’Aden d’user d’une grande charité /239/à notre égard. Eloignés de l’Europe, n’ayant que des communications entravées de mille manières nous ne pouvons user que très-imparfaitement de nos frères qui par la charité de Jésus-Christ, ne se fatiguent point de nos demandes, de nos plaintes, de nos redites, mais cherchent à pourvoir à toutes [f. 2v] avec affection. Dans l’incertitude où je suis sur les religieux qui desservent la Mission d’Aden, pour ne point augmenter sans raison leurs embarras, je donne à Monsieur Tian la liste des objets que je le charge au nom de Monseigneur de faire venir d’Europe pour nous et de nous expédier avec obligation de votre part de payer tous les frais suivant la facture.