Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Premiere partie
Sainte Foy

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Chapitre VII
Le corps de Sainte Foy à Conques

Nous avons maintenant à raconter la dramatique et singulière translation du corps de sainte Foy dans l’abbaye de Conques. Mais auparavant, il importe de se rendre compte des mœurs et de l’état des esprits, à cette époque. La translation furtive, selon l’expression de la Chronique de Conques, ou plutôt l’enlèvement du corps de sainte Foy, doit figurer au milieu de son cadre historique pour être bien vue et équitablement appréciée.

Le ixe siècle était une époque de commotion sociale. Vers le milieu de son cours, l’empire de Charlemagne s’était abîmé dans des luttes fratricides et dans des guerres civiles. A la faveur de ces discordes, les Normands étendaient leurs ravages, leurs destructions sur les plus belles provinces. Les peuples, instruits par ces malheurs et pleins d’ailleurs des traditions fortement religieuses du règne du grand empereur, recouraient avec /48/ ferveur à la protection des saints; la dévotion à leurs reliques atteignit même l’enthousiasme. Autour d’elles, des pèlerinages se fondaient de toutes parts; les peuples, attirés par les bienfaits de leurs protecteurs, se précipitaient de tous côtés auprès d’eux et y établissaient leur demeure. Des bourgs, des villes mêmes se formaient ou se reformaient de la sorte. L’enthousiasme toujours croissant pour les reliques des saints suggérait des moyens naïfs et barbares de se les procurer; on ne se faisait aucun scrupule de les enlever, soit par la violence, soit par la fraude. Les Francs surtout, pressés par une ardente convoitise, se signalaient par maints exploits de ce genre. Les Vénitiens, dit Baronius, effrayés de la cupidité des Francs pour les saintes reliques, mirent celles de saint Marc à l’abri de leurs entreprises.

Ces moyens étaient illégitimes. Mais devons-nous les juger avec toute la rigueur avec laquelle on les flétrirait aujourd’hui? Il faut se reporter à ces âges lointains où, par suite de l’ébranlement causé par les barbares, les bases et les principes de la société chrétienne étaient encore comme en formation. Ces peuples, à peine sortis de leur barbarie originelle, se persuadaient, dans leur naïveté, que les saints étant les protecteurs de tous les fidèles, leurs reliques pouvaient difficilement être l’objet d’une stricte propriété et appartenaient à l’Église entière. Les moines, qui se piquaient de subtilité, ne pouvaient manquer de légitimer leur pieuse convoitise par des motifs de ce genre. En tout cas, on ne peut douter de leur bonne foi, devant la candeur de leurs propres aveux. Le récit de la translation de sainte Foy, écrit par un moine de Conques, loin de dissimuler l’irrégularité des moyens employés, ne laisse pas même percer la pensée de l’atténuer. Il nous montre naïvement la responsabilité des chefs du monastère qui ont tout commandé, la longue préméditation de l’entreprise, le choix de l’émissaire chargé de l’enlèvement: c’était un religieux de grand mérite, d’une vertu éprouvée; il édifia pendant dix ans les clercs de Sainte-Foy d’Agen. En un mot, le récit ne nous laisse ignorer aucun détail de l’enlèvement et ne songe pas un seul moment à fournir l’ombre d’une excuse, ni à formuler le plus léger blâme (1). La bonne foi y brille dans toute sa candeur.

Le ciel lui-même semblait sourire à cette simplicité et témoignait de l’indulgence pour ces pieux larcins. Il opérait des miracles dans le cours de ces translations furtives, particulièrement dans celle dont nous allons faire le récit. Ne nous montrons donc pas plus impitoyables que Dieu lui-même pour ces /49/ pratiques étranges, qui du moins ont l’excuse de la bonne foi et des pieuses intentions. Élevons même nos vues et ajoutons que la Providence, qui fait tout servir, jusqu’à nos ignorances et nos fautes, aux desseins de sa miséricorde, avait souvent un but particulier en permettant, en semblant même favoriser ces enlèvements. Le plus souvent, ces reliques ainsi soustraites frauduleusement étaient transférées dans les monastères dont elles devenaient l’âme et comme le palladium, en y présidant à leurs destinées. Les merveilles qu’elles opéraient jetaient de l’éclat sur les abbayes et entraînaient aux pieds des saints les multitudes sanctifiées à ce contact. Il ne faut pas oublier que les monastères furent l’arche qui sauva du déluge de la barbarie les sciences, les lettres, les arts, et surtout les âmes et la société tout entière. Or ce résultat est dû, pour une grande part, aux reliques des saints qui, par leurs miracles, attiraient dans ces asiles de nombreuses et saintes vocations ainsi que les riches dons de la piété et de la reconnaissance. Nous verrons plus loin comment sainte Foy fut l’artisan de la prospérité et de la magnifique floraison de l’abbaye de Conques.

Et puis, où seraient aujourd’hui les vénérables dépouilles de sainte Foy, si elles n’avaient été transférées dans les gorges sauvages de Conques? Les Normands au xe siècle, les Albigeois au xiiie, les Protestants au xvie et surtout les vandales de 1793 n’auraient-ils pas détruit jusqu’au dernier vestige des glorieuses reliques de notre sainte? Dieu, qui s’est complu à couronner l’Agnès gauloise d’une gloire si éclatante a voulu aussi entourer ses reliques de la vigilance la plus merveilleuse. Il les a retirées de ces opulentes plaines de l’Agenais, trop exposées aux ardentes convoitises des ravageurs, et les a transférées dans les retraites presque inaccessibles de Conques. « Venez, semblait-il lui dire, venez, pure colombe, dans les anfractuosités des rochers, dans l’asile des murs impénétrables (1). »

Le récit des miracles si multipliés, si extraordinaires de sainte Foy était dans toutes les bouches. Ils fournissaient un thème inépuisable aux pieuses conversations dès religieux dans les monastères. Ici nous donnons la parole à l’historien du récit de la translation, qui écrivait du xe au xie siècle (2).

« Parmi les plus célèbres monastères brillait dejà d’un vif éclat celui de Conques, pierre précieuse cachée au fond des montagnes du Rouergue (3), au sein d’une nature sauvage et inaccessible, dans un pays couvert d’épaisses /50/ forêts (1). Ce monastère, qui tirait son nom de la conformation des lieux (2), avait d’abord été détruit de fond en comble par les Sarrasins qui avaient anéanti ses archives. Peu de temps après, le solitaire Dadon, qui avait fixé sa demeure dans ces ruines, supplia l’empereur Charlemagne de le relever. Celui-ci chargea de ce soin son fils Louis le Débonnaire, roi d’Aquitaine, après avoir accordé de grandes faveurs à la nouvelle fondation. Le roi Louis reconstruisit entièrement le monastère et en fit un bel édifice qui s’étend aujourd’hui (au xie siècle) sur un développement de deux stades (360 mètres). Les moines qui l’habitent se montrent les dignes successeurs des fervents religieux qui les y avaient précédés; leur communauté édifie tous ceux qui la visitent par le spectacle de leur sainteté toujours croissante. »

Interrompons ici le récit du chroniqueur pour raconter par suite de quels événements les moines de Conques conçurent l’idée de se procurer le corps de sainte Foy.

« D’après le témoignage d’Aimoin (3), dit M. Desjardins, un moine de Conques, Audaldus, apprit, vers 855, d’un Espagnol nommé Berta, que le corps de saint Vincent de Saragosse était demeuré à Valence et qu’il était facile de s’en emparer. Audaldus eut l’idée d’enrichir son couvent de ces précieuses reliques. Il partit, arriva sans encombre à Valence, enleva les restes du martyr et reprit le chemin de la France. Il portait le corps dans un sac, afin de ne pas attirer l’attention. La nuit seulement, il rendait à ses reliques un hommage secret, en psalmodiant devant elles, à la lueur d’un cierge. Comme il séjournait à Saragosse, une femme le vit prier ainsi et le dénonça à l’évêque Sénieur. Celui-ci fit saisir le sac et arrêter le moine. Interrogé, Audaldus commença par déclarer qu’il emportait le cadavre d’un parent, pour lui donner la sépulture dans son pays. Mis à la torture, il finit par avouer que le corps était celui d’un saint; mais donnant aussitôt le change à ses bourreaux, il soutint que ce saint était un martyr du nom de Marin. On le relâcha alors, sans lui rendre les reliques. Revenu à Conques, il raconta ses aventures à ses confrères qui ne voulurent pas y croire, le traitèrent d’imposteur et le chassèrent. Renvoyé de Conques, il vint demander asile à l’abbé de Castres, Gislebert, qui le reçut, ajouta foi à ses paroles et le mit en rapport avec Salomon, comte de Cerdagne. Celui-ci obligea l’évêque Sénieur à restituer le faux saint Marin, /51/ et le martyr de Saragosse, quittant sa propre ville natale, vint illustrer de sa présence l’abbaye de Castres en 863. Les reliques de saint Vincent de Saragosse attirèrent bientôt à Castres un immense concours de pèlerins. Le Rouergue en envoya, comme les autres pays circonvoisins, et la chronique d’Ai-moin dit qu’ils furent récompensés de leur foi par des miracles éclatants. Les moines de Conques purent alors se repentir d’avoir laissé échapper un pareil trésor. Ils songèrent à le remplacer et jetèrent les yeux sur un autre saint Vincent dont le corps était déposé à Pompéjac, dans le diocèse d’Agen. Ils l’acquirent on ne sait de quelle manière (1). En allant chercher ces reliques, leurs émissaires apprirent qu’une église du faubourg d’Agen conservait celles /52/ d’une jeune martyre, la vierge Foy, dont la mémoire était en grande vénération (1). »

« Les moines de Conques, reprend le récit de la translation, s’entretenant des merveilles opérées par cette sainte martyre, conçurent le désir de se procurer son corps vénérable, pour le bien et le salut de leur patrie. Encouragés et excités dans leur dessein par des avertissements mêmes du ciel (2), ils se concertèrent sur les moyens à prendre pour sa réussite. A ce conseil ils appelèrent un de leurs confrères, nommé Aronisde ou Arinisde. Ce dernier était chargé jusque-là de la direction d’une paroisse et d’une église dépendante du monastère. Il avait eu l’occasion d’y déployer toutes les ressources d’un esprit délié. L’austérité et la sainteté de sa vie, unies à une prudence remarquable et à une habileté consommée dans le commerce de la vie, le désignèrent au choix de ses confrères pour l’exécution du dessein. Le choix était des plus judicieux. Un plan de conduite fut habilement concerté entre eux; toutes les éventualités furent prévues et discutées ainsi que les moyens les plus ingénieux d’y parer.

« Aronisde, ayant accepté sa mission et muni de toutes les instructions, échangea d’abord le froc monacal pour le costume du prêtre pèlerin et se rendit ainsi à Agen avec un guide qui fut désormais son compagnon. Là, vivant d’abord en pèlerin, comme il convient à un étranger et à un inconnu, il s’appliqua à s’effacer dans une existence humble et modeste. Puis il déclara avec une simplicité bien jouée son intention de se fixer pour toujours en ce lieu, et édifia tout le monde par la réelle honnêteté de sa vie et ses bons exemples. Peu à peu l’attrait de ses aimables qualités et la pureté parfaite de ses mœurs lui concilièrent entièrement l’affection des Agenais, qui le regardèrent comme l’un des leurs. Les clercs de Sainte-Foy eux-mêmes le prirent en amitié et finirent par lui offrir une place dans leur communauté. Là il se distingua aussitôt par la pratique de toutes les vertus, et devint le modèle de ses nouveaux confrères dans l’observation de la règle et de la loi divine, et par sa douceur, son humilité et son obéissance. Bientôt il se fut rendu si agréable et si estimable à tous que ses confrères, d’un accord unanime, lui confièrent l’emploi de gardien des trésors de l’église et du monastère.

/53/ « Longtemps il remplit les devoirs de sa charge avec la plus scrupuleuse fidélité, longtemps il édifia ses confrères par la sainteté de ses exemples et de ses enseignements, et jamais, dans aucune circonstance, il ne laissa soupçonner le secret enseveli au fond de son cœur, le dessein qui l’avait amené. Il ne l’avait pas cependant perdu de vue. Mais, trop prudent pour en précipiter l’exécution, il ne voulut point en compromettre le succès et attendit à loisir une occasion entièrement favorable. Il demeura ainsi dix ans dans cette communauté sans impatience et sans ennui.

« Enfin, ayant mûri son projet et pris toutes ses mesures, il choisit le jour de l’Epiphanie. Après la célébration des offices, les clercs s’étaient réunis pour le repas qui devait se prolonger en l’honneur de la solennité. Aronisde avait demandé à n’y point prendre part et à exercer pendant ce temps ses fonctions de gardien, pour veiller, disait-il, à ce qu’aucun incident fâcheux ne se produisît à l’occasion de la fête. Ses confrères approuvèrent cette précaution et donnèrent des louanges à son zèle. Pendant que ceux-ci demeuraient à table, Aronisde, confiant, non dans ses propres forces, mais dans l’aide du Seigneur, se dirige sans bruit vers le tombeau de la martyre et, ne pouvant réussir à soulever la dalle de marbre qui le couvrait et qui était retenue au monument par de fortes ferrures, il la brise du côté des pieds, recueille avec soin par cette ouverture le corps de la sainte, le retire tout entier avec le plus grand respect et le renferme dans un sac précieux, en remerciant Dieu avec allégresse du succès de son entreprise. Dès que les ténèbres de la nuit recouvrent la terre de leur ombre propice, il appelle son compagnon, et tous deux, chargés de cet inestimable fardeau, reprennent joyeusement le chemin de leur pays.

« Le lendemain, dès l’aube du jour, les clercs cherchent en vain le gardien disparu. Ils courent au tombeau de leur patronne, et le trouvent brisé et vide de son précieux trésor. Aussitôt une agitation tumultueuse se répand dans la ville; le peuple accourt en désordre; peu à peu la foule grossit; j tous s’interrogent mutuellement sur l’événement. En un moment la triste nouvelle a fait le tour de la cité. La population entière se précipite vers le tombeau et, à la vue du désastre, elle fait éclater la plus violente désolation; rien ne peut apaiser cette grande douleur; il semble que la ville ait été prise d’assaut et anéantie par un impitoyable ennemi. Les clercs de l’église se désolent et s’accusent mutuellement d’être la cause de ce malheur. Le peuple les accable de récriminations et leur reproche avec violence d’avoir confié imprudemment à un étranger, à un inconnu, la garde du trésor, de préférence à tant de compatriotes d’une fidélité éprouvée.

« Le temps s’écoulait ainsi en tumultueuses et vaines récriminations et /54/ en stériles lamentations. Enfin ou délibéra, et on résolut de poursuivre les ravisseurs; les menaces les plus terribles éclataient contre les coupables; on décida, s’ils étaient repris, de les pendre ou du moins de leur crever les yeux. Les plus avisés n’avaient pas attendu ce moment pour agir; ils avaient dejà fait préparer des cavaliers pour les mettre à la poursuite des fugitifs. Ces émissaires furent dépêchés dans la direction de Conques. Mais, par une permission miséricordieuse de la Providence, qui protégeait là fuite des serviteurs de Dieu, les cavaliers, dans leur précipitation, firent fausse route, traversèrent môme là Garonne et s’égarèrent du côté de la Gascogne. Une si grossière erreur fut l’effet de la volonté divine, à qui il plut de préserver les fugitifs de la fureur des poursuivants. Reconnaissant enfin leur erreur, ils retournent désolés sur leurs pas et, arrivés dans la cité, ils racontent tristement leur mésaventure. Les Agenais dépêchent à leur place d’autres émissaires, montés sur des coursiers rapides, avec mission de rejoindre les ravisseurs à marches forcées. Les cavaliers se précipitent dans la direction de Conques.

« Or, un matin, arrivés près du bourg de Lalbenque (1), ils rencontrèrent par hasard deux étrangers qui se reposaient sous un grand arbre: c’étaient justement les deux fugitifs. La protection divine éclata ici merveilleusement; les cavaliers, comme aveuglés, ne reconnurent Aronisde ni à sa taille, ni à sa voix, malgré qu’ils l’eussent connu si longtemps lorsqu’ils habitaient la même ville et qu’ils eussent souvent causé avec lui. Ils s’approchèrent de lui et lui demandèrent des nouvelles du fugitif, dont ils lui firent le portrait. Aronisde répondit qu’il ne l’avait pas vu. Puis, tremblant d’effroi à la suite de cette question, il simula une extrême lassitude, s’étendit à terre, comme pour se reposer, et tourna son visage vers le sol, afin d’éviter d’être reconnu. Quand le danger fut passé, il se sépara de son compagnon pour donner le change, et reprit seul son chemin à travers le Quercy. Les cavaliers, de leur côté, poursuivirent leur route sans défiance et se dirigèrent sur Cahors. Ils s’arrêtèrent dans cette ville l’espace d’une journée, et là ils épuisèrent toute leur industrie à rechercher par tous les moyens les traces du fugitif, recueillant toutes les informations qui auraient pu parvenir dans ce centre et se tenant prêts à s’élancer dans la direction qui leur serait signalée.

« Frustrés dans leurs espérances, ils se dirigèrent vers Conques et parvinrent jusque dans cette localité. N’y trouvant aucune trace de celui qu’ils poursuivaient, ni de leur trésor, découragés et ne sachant plus quel moyen employer, ils se concertèrent et conclurent que le parti le plus sage était de rentrer dans leur pays: « Retournons, dirent-ils, peut-être le rencontrerons- /55/ nous sur le chemin, ou bien le trouverons-nous arrêté par la lassitude, car il a pu succomber sous la fatigue d’une telle entreprise; ou plutôt la vierge le retient par sa puissance, se refusant à être transportée dans un autre pays; elle attend notre passage pour nous permettre de l’emporter et pour rentrer avec nous (1). » Ils s’en retournèrent donc avec ce dernier espoir; mais ils furent déçus, et ils rentrèrent dans leur pays sans avoir rien trouvé.

« A la nouvelle de l’insuccès de tant de démarches, les magistrats d’Agen, voyant que la perte de leur trésor était consommée sans retour, ne trouvèrent rien de mieux que de recommander de tenir secret ce désastre lamentable, dans la crainte d’être taxés par le peuple d’impéritie et de négligence. Mais cet heureux larcin, si tou tefois ou peut le qualifier de la sorte, ne put rester longtemps ignoré; bientôt la renommée le publia jusqu’aux extrémités du monde.

« Aronisde, effrayé de plus en plus à la pensée d’être poursuivi, reprit sa route avec plus de célérité, peu rassuré d’avoir échappé, même par l’effet de la protection divine, aux mains de ses ennemis. Tourmenté par cette anxiété, il arriva au bourg de Figeac, dont le monastère est dépendant de celui de Conques. Là il vit venir à lui un aveugle qui avait eu, en songe, connaissance prophétique du passage des reliques de sainte Foy /56/ et la promesse de sa guérison par leur vertu. L’aveugle se présenta au moine avec assurance, lui demanda instamment de lui laisser toucher son trésor, l’appliqua avec confiance sur ses yeux et recouvra aussitôt la vue. Ce miracle ne fut pas le seul opéré; d’autres se produisirent sur le passage des reliques; ils auraient été même plus nombreux si le moine, tremblant pour son précieux fardeau, n’eût précipité sa marche vers le but désiré. Ces manifestations ne firent qu’augmenter les appréhensions d’Aronisde. Il recommanda à l’aveugle le silence pour un court délai, jusqu’à ce qu’il fût arrivé au terme du voyage. L’aveugle guéri, rendant grâce avec allégresse à Dieu et à sa grande sainte, n’eut point de peine à promettre le secret.

« Le moine, pressant la marche, acheva rapidement ce dernier parcours, qui est de douze milles (1), et arriva enfin près de Conques. Dès que les religieux de ce monastère eurent connaissance de l’approche des saintes reliques, ils firent éclater la plus vive allégresse. Aussitôt ils déployèrent des plus grandes solennités. Moines et fidèles se rangèrent en toute la pompe procession à la suite de la croix, avec les encensoirs exhalant leurs plus délicieux parfums et tous les autres ornements de fête, et se portèrent bien loin au-devant de la sainte martyre. »;

Le monastère de Conques était suspendu, comme une ruche de miel sauvage, sur les flancs d’une montagne abrupte vis-à-vis de laquelle se dresse, vers l’ouest, une montagne plus abrupte encore. C’est du sommet de cette dernière que l’on dut descendre pour gagner le fond du ravin où gronde le Dourdou. Le sentier escarpé par lequel on dévalait, et par lequel les reliques opérèrent la descente, a gardé jusqu’à nos jours le nom de côte de Sainte-Foy. On montre encore une source qui aurait jailli miraculeusement au lieu où, d’après la tradition, stationna le corps saint (2). Un oratoire, élevé depuis peu, signale cette station aux pèlerins. C’est là sans doute que la procession rencontra les vénérables reliques.

« La vierge martyre, reprend le chroniqueur, fut saluée par d’unanimes acclamations et accueillie avec de grands honneurs et les démonstrations de la plus vive allégresse. Après les cérémonies d’usage et la célébration des gloires de la sainte, la procession reprit sa, marche pour le retour, au chant des hymnes et des litanies. Le corps très saint de l’illustre vierge fut transporté, /57/ avec les plus magnifiques honneurs, dans l’église du monastère dédiée au Saint-Sauveur. Il fut déposé au lieu le plus honorable; il y est gardé avec un soin jaloux et une vigilance des plus sévères. – C’était le 14 janvier, de l’an 877 environ à l’an 883 (1).

« Ce jour de la translation, conclut l’historien, est célébré chaque année depuis cette époque jusqu’à nos temps, dans tous nos pays, avec la plus grande pompe et la solennité la plus joyeuse. On y déploie toutes les splendeurs du culte, on y goûte les délices célestes, on y fait concourir toutes les magnificences matérielles, pour ajouter à l’éclat de la fête. »

Nous avons dejà vu que le corps de saint Vincent d’Agen avait été pareillement enlevé, vers la même époque, et porté au monastère de Conques, où on le trouve mentionné avec celui de sainte Foy dans une charte de l’an 883 (2). L’exemple devint contagieux. D’autres enlèvements finirent par priver la ville d’Agen; de la plupart de ses reliques. « La ville d’Agen, écrivait Bernard d’Angers au xie siècle, brillait jadis à la tête de toutes les plus illustres cités d’Aquitaine par les nombreuses reliques qui faisaient sa richesse. J’ignore pour quel crime elle est aujourd’hui veuve de presque tous ses trésors; ils lui ont été enlevés, les uns par la force, les autres par quelque larcin. Si jamais vous voyagez en Aquitaine, vous trouverez, comme souvent j’ai trouvé moi-même, diverses églises, où l’on vous dira: Voici le corps d’un martyr d’Agen; ici c’est celui d’une vierge, là celui d’un confesseur ou bien une partie d’un corps saint (3). »

« Depuis le jour de la translation, reprend le récit interrompu, des multitudes innombrables de pèlerins accoururent, de toutes les contrées vers la basilique pour vénérer les saintes reliques de la glorieuse martyre. Leur concours est parfois si empressé que l’édifice ne peut les contenir; un grand nombre doivent se contenter de contempler celui-ci du dehors. On aurait de la peine à croire le nombre, à se figurer le mouvement des pèlerins arrivant ou s’en retournant en troupes compactes; les bâtiments du monastère, qui pourtant sont immenses, se trouvent parfois trop étroits pour les contenir. Ils ont coutume de faire, durant toute la nuit, la sainte veille devant les reliques, avec des cierges à la main, et, après la célébration des offices et des saints mystères, ils s’en retournent satisfaits et joyeux.

« L’essaim pieux et recueilli des religieux du monastère ne pouvait longtemps supporter le tumulte occasionné par l’affluence populaire qui troublait /58/ la régularité du service divin et des observances établies par notre père saint Benoit. Tous les jours croissait l’affluence et s’aggravait l’importunité. C’est alors que, sur l’avis et les instances pressantes d’Etienne, évêque de Clermont (1), prélat des plus actifs et des plus entreprenants, on éleva avec rapidité une basilique d’une grande beauté, entièrement construite à neuf depuis les fondements et adossée au monastère. Elle était destinée à renfermer le corps de l’illustre vierge, et devait être à l’usage particulier des pèlerins, afin de la mettre plus à portée des exigences du pèlerinage et de l’affluence croissante des visiteurs.

« Lorsque l’édifice saint eut été entièrement terminé, il fut consacré par l’abbé (2), selon les rites usités. L’on avait convoqué, dans cette occasion, les hommes de la contrée les plus distingués par leur rang et par leur mérite, un grand nombre de moines de tous les monastères et une multitude d’autres personnes, pour célébrer la translation de la sainte martyre dans la nouvelle église. On fit choix des hommes les plus recommandables par leur dignité et leur sainteté pour leur confier l’honneur de soulever le corps saint de sa place et de le porter à son nouveau séjour; nul mieux qu’eux ne pouvait accomplir cet acte religieux avec une profonde vénération et une piété fervente. Ces personnages vénérables s’approchent de la dépouille sacrée avec un respect mêlé de crainte et réunissent leurs efforts pour la soulever. Mais, ô prodige de l’intervention souveraine de Jésus-Christ! le corps saint devient aussi pesant et aussi ferme qu’une montagne et ne peut être ébranlé par aucune force. Les délégués, attribuant cet effet à leur indignité et à quelque manquement dans le maniement de ce tombeau vénérable, recourent au jeûne et à la prière et font une nouvelle tentative, mais sans plus de succès. Rejetant toujours cet événement sur leurs péchés et leur fragilité, ils multiplient encore et prolongent plus longtemps leurs macérations; puis ils tentent l’entreprise une troisième fois; mais leurs efforts sont toujours déçus.

« On n’osa pas aller au delà d’une troisième tentative; on craignit d’exposer ces personnages illustres, chefs vénérés du monastère, à être accusés partout d’impéritie et d’ineptie, ou bien de témérité. On reconnut enfin que cette entreprise n’était pas agréable à Dieu, qu’il la réprouvait même; on renonça donc définitivement à tirer de sa place le corps sacré et à le transférer dans la nouvelle église. On se borna à confectionner, sur la face postérieure /59/ de l’autel du Saint-Sauveur, un monument (1) d’un travail merveilleux, étincelant d’or et de pierreries et sous lequel repose, scellée avec soin, la dépouille de la glorieuse vierge qui jouit de la félicité du Christ. C’est là qu’elle reçoit la visite et les hommages d’une multitude de pèlerins. C’est là que le Seigneur glorifie ses mérites éclatants par des miracles sans nombre.

« L’intervention salutaire de la sainte s’exerce en faveur de toutes sortes de malades; les maux les plus divers lui sont soumis; sa gloire émanée du ciel croît tous les jours et, de splendeur en splendeur, monte vers son apogée. Les gestes et les prodiges admirables de cette très pure vierge sont si multipliés et si variés qu’il est impossible de les recueillir; nous ne tentons pas de les j résumer; d’ailleurs ils sont rapportés dans un écrit Spécial; aussi nous n’en dirons rien. Mais si quelque lecteur curieux désire en connaître le récit, qu’il prenne en main le Livre des miracles de la sainte. ».

D’après ce qui précède, on voit que le corps de sainte Foy avait élé déposé sous la face postérieure de l’autel du Saint-Sauveur, c’est-à-dire du maître-autel, car la basilique, et par conséquent aussi l’autel principal, était et demeura, quelque temps encore, dédiée au Saint-Sauveur. Pour se rendre compte de la position de la vénérable relique, il faut se rappeler que les autels, à cette époque, étaient de simples tables supportées par des colonnes et surmontées d’un baldaquin appelé ciborium. L’autel était posé dans l’abside de la basilique et entouré d’un cancel du côté de la nef et des fidèles. Du côté opposé, c’est-à-dire au fond de l’abside terminée en hémicycle, se trouvaient jadis les sièges du clergé; le trône episcopal occupait l’extrémité de l’abside et était surélevé. Mais les basiliques monastiques avaient modifié en partie cette disposition; le plus grand nombre des religieux, à Conques, occupait la nef (2). /60/ L’autel était assis sur un gradin qui en faisait le tour, et, détail à remarquer, le prêtre célébrant, contrairement à l’usage moderne, était tourné vers la nef et vers le peuple; en sorte que la face antérieure de l’autel était celle qui regardait le fond de l’abside, et la face postérieure celle qui regardait la nef. La châsse renfermant le corps de sainte Foy étant placée sous cette dernière face, avec le splendide monument qui la couvrait, se trouvait donc exposée aux regards et à la vénération des pèlerins qui affluaient dans la nef.

Nous savons par le Livre des miracles, écrit de 1010 à 1020, quelle était la dimension exacte de la table de l’autel du Saint-Sauveur. « Elle a une longueur de sept pieds et deux pouces; la mesure dont il s’agit ici n’est pas le pied normal [de 33 centimètres] mais celle que les paysans ont coutume de déterminer de leurs deux mains étendues en justaposant l’extrémité des pouces [deux empans qui font ensemble 45 centimètres] (1). » L’autel avait donc une longueur de 3 mètres 20 centimètres.

De plus, chose merveilleuse, cette table d’autel était tojute d’or massif, ornée d’une multitude de pierreries et artistement ciselée (2). Voici à quelle époque et dans quelle occasion fut exécuté cet autel incomparable. « De nos jours (3), dit l’historien des miracles, le prodige inouï opéré en faveur de Guibert, dit l’Illuminé(4), ayant eu un immense retentissement dans l’Europe presque entière, une multitude de fidèles lèguent à sainte Foy leurs terres et leurs biens. Le monastère, pauvre jusque-là, commença dès lors à acquérir une grande célébrité et à s’enrichir... d’une quantité considérable d’or, d’argent et de pierres précieuses, dons des pèlerins. Les religieux, â la vue de ces trésors, conçurent le dessein de faire confectionner une table d’or pour le maître-autel. On se mit à l’œuvre; mais une telle entreprise eut bientôt absorbé toute la réserve de métal précieux; il manqua tout autant d’or et de pierres précieuses. Alors sainte Foy elle-même, se chargeant de l’office de quêteuse, apparaissait de tous côtés en songe, sous la forme d’une jeune et tendre vierge d’une éclatante beauté, à ceux qui, dans la province, étaient possesseurs d’anneaux précieux, de fibules, de bracelets, d’aiguilles de tête ou d’autres bijoux... Elle s’adressait aussi aux pèlerins dont l’affiuence était immense. On confectionna ainsi l’une des plus belles et des plus grandes tables d’autel que j’aie jamais vues en aucun lieu (5). » C’est dans cette table d’autel que furent /61/ enchâssées les pierres précieuses qui décoraient les bracelets incomparables, ou plutôt les manches d’or, de la comtesse de Toulouse (1).

Voici maintenant, d’après le même historien contemporain, la description de la basilique, telle qu’elle existait en 1010-1020, et qui a précédé l’église actuelle dont la construction n’a pas commencé avant 1030. « La basilique offre à l’extérieur, par la diversité de ses toitures, l’apparence d’un triple édifice; mais à l’intérieur les trois parties, par l’ampleur de leurs communications, ne forment qu’un seul vaisseau. Cette trinité dans l’unité offre, à mon avis, de toute manière, l’image de la Sainte-Trinité. Le côté droit est dédié à l’apôtre saint Pierre, le gauche à la très sainte Vierge Marie, et la nef du milieu au Saint-Sauveur. Mais, comme cette nef est plus fréquentée, à cause de la célébration de l’office divin, on y a transféré des reliques insignes de la sainte martyre, extraites du local spécial qu’elles occupent (2). »

Ce triple patronage, sous lequel le monastère lui-même avait été fondé (3), était déterminé ou justifié par les trois insignes reliques vénérées dans le monastère avant l’acquisition du corps de sainte Foy. En effet une charte datée de l’an 801 nous assure que le monastère de Conques est « cher et illustre par les reliques du divin Sauveur Jésus-Christ, de sainte Marie sa mère, et de saint Pierre, prince des apôtres (4) ».

La première relique était un double fragment de la chair sacrée de l’enfant Jésus (5), don de l’empereur Charlemagne qui l’aurait tenu lui-même de son oncle (le prince Carloman, moine du Mont-Cassin), d’après la Chronique de Conques. La magnifique châsse où l’on conservait cette inestimable relique existe encore; mais ce n’est plus celle que l’historien des miracles attribuait à Charlemagne (6). Quelque peu postérieure à l’époque du grand empereur, elle renferme j encore des fragments mérovingiens, et l’on y a retrouvé un fragment de pellicule desséchée avec un bref ou parchemin portant l’inscription: ex charne Christi(7). Une bulle du pape Alexandre II (1061-1073) (8), et une autre de Paul III, de l’an 1537 (9), mentionnent la présence de la /62/ célèbre relique dans l’église de Conques. Les reliques de la très sainte Vierge, signalées par la charte de 801 et par un bref ou bande de parchemin d’écriture mérovingienne, existent encore: ce sont des cheveux de couleur blonde ou jaunie. Quant à la relique de saint Pierre, mentionnée aussi par la charte et par un bref d’écriture mérovingienne, on a cru la retrouver dans un autel du xie siècle de l’église de Pomiès, voisine et dépendante du monastère. On y a découvert un fragment assez notable d’ossement avec une plaque de plomb portant l’inscription: Reliquiae S. Petri apostoli.

Nous avons vu que « l’on avait transféré dans la nef de précieux gages de la sainte martyre extraits du local spécial qu’ils occupent ». Quels étaient ces gages? Ce mot, d’après le langage de l’époque, signifie une relique insigne; et la suite du récit de l’historien nous apprend que cette relique était le chef même de la glorieuse décapitée, et qu’on le renferma dans une châsse qui avait la forme d’une statue; c’est la célèbre statue d’or qui joua un rôle si merveilleux dans l’histoire des miracles, et que l’on conserve encore aujourd’hui avec sa précieuse relique. Nous en parlerons plus loin en détail.

Le local spécial assigné aux reliques, au tombeau de sajnte Foy, était, comme nous l’avons vu, le maître-autel lui-même. Mais, comme l’approche de cet autel, réservée aux moines, était peu accessible aux fidèles, et comme la dévotion populaire demandait que l’objet de son culte fût plus rapproché, plus sensible, la statue-chasse fut exposée à la vénération des pèlerins dans un recoin de la nef et garantie de l’accès immédiat des indiscrets par une porte de fer. « A notre arrivée dans le monastère, dit l’historien des miracles, il se rencontra que l’on venait d’ouvrir le lieu réservé – locus secretus – où l’on conserve la vénérable statue de sainte Foy; l’espace était resserré, la foule prosternée sur le sol était pressée; il nous fut impossible de tomber à genoux (1). »

Il semble qu’il y ait eu un autel dans ce sanctuaire où l’on conservait la statue de sainte Foy. La sainte, en effet, apparaissant à l’aveugle Guibert, lui dit: « Tu offriras deux cierges, l’un à l’autel du Saint-Sauveur et l’autre à celui où repose ma dépouille mortelle (2). » Nous savons que le corps de la sainte était déposé sous l’autel du Saint-Sauveur; le second autel – ubi gleba corporis mei condita est – ne pouvait être que celui où l’on vénérait la statue d’or renfermant le chef de la sainte martyre; car l’on ne peut admettre qu’il y ait eu, dans le sanctuaire, deux autels juxtaposés, l’un celui du Saint-Sauveur, l’autre celui de la châsse de la sainte.

« Sainte Foy, reprend l’historien des miracles, avait délivré merveilleuse- /63/ ment un nombre si prodigieux de prisonniers que leurs chaînes ou entraves, nommées en langue vulgaire bodies et offertes en ex-voto, encombraient le monastère. Les moines firent forger cette immense quantité de fers et l’employèrent à la confection de toutes sortes de portes destinées à fermer les diverses issues de l’église... Tous les passages, à travers les mille détours de la basilique sont clos au moyen de ces portes, dont les chaînes ont fourni la matière (1). »

L’une de ces portes de fer était désignée sous le nom de crates ferrea, la grille de fer. Elle formait séparation entre le sacrarium, et les dépendances de la basilique (2). Un autre texte mentionne les portes intérieures qui clôturent le sacrarium reliquiaram, le sanctuaire des reliques (3). Ce sanctuaire était probablement situé au fond de l’abside latérale de droite, c’est-à-dire du côté où l’église communiquait avec le monastère. – Les portes intérieures qui ferment, pour plus de sûreté, le sanctuaire – sacrarium – des reliques, ne sont jamais ouvertes que par le seul gardien; nul n’est admis à les franchir que les personnages notables jugés dignes de cette faveur (4). »

Nous avons vu que la principale de ces portes de fer était désignée sous le nom de crates ferrea, grille de fer, – crates ferrea dicitur(5), – tandis que les autres étaient mentionnées sous l’appellation commune de januae ferreae, portes de fer.

« Le gardien laïque de la cire couchait dans la salle voûtée que l’on voit encore appuyée au mur qui forme le côté droit de l’église (6). »

Le clocher renfermait de nombreuses cloches – signorum classem, dit le Livre des miracles. – C’était une sorte de carillon très considérable, que l’on mettait en branle dès qu’il s’opérait un miracle, c’est-à-dire fréquemment (7). On y accédait par l’escalier de la terrasse qui formait la toiture de l’église gradus solarii, – et cet escalier, placé à l’entrée du monastère, c’est-à-dire adossé à la façade méridionale de l’église, comme aujourd’hui, s’élevait au-dessus de la voûte d’une chapelle dédiée à saint Michel (8).

[Note a pag. 48]

(1) En un seul endroit, un petit reproche semble échapper à l’historien, mais il est enveloppé dans un plaisant ménagement: « Pour enlever le corps saint, Amnistie usa, s’il est permis de s’exprimer ainsi, de tout l’artifice de sa ruse; – Quare, si fas est dicere, omni studens versutiae, tumbae pedes marmoreae ausus fuit collidere.. Torna al testo ↑

[Note a pag. 49]

(1) Cantic., II, 14. Torna al testo ↑

(2) Il existe deux récits de la translation, l’un en vers, l’autre en prose: voir, plus loin, la discussion de ces textes dans les Etudes critiques, p. 419 et suiv. – Nous donnons ici une version presque littérale. Torna al testo ↑

(3) Rouergue, pagus Ruthenicus, pays des Ruthènes, dont la capitale était Rodez, Ruthenae, aujourd’hui chef-lieu du département de l’Aveyron. Torna al testo ↑

[Note a pag. 50]

(1) Les montagnes de Conques ne sont pas bien élevées, mais très abruptes et très resserrées. Le monastère était situé sur le penchant de l’une de ces collines, à l’exposition du midi. L’altitude du Dourdou, qui coule au pied, étant de 226 m., et celle du monastère d’environ 320 m., le climat y est très doux. La localité occupe la pente de la colline, depuis le bord du Dourdou jusque au-dessus de l’abbaye. Torna al testo ↑

(2) Ad instar conchae, en forme de conque, c’est-à-dire de dépression entourée de tous côtés par des montagnes abruptes. Torna al testo ↑

(3) Acta SS. Bened., saec. IV, part. I, p. 643. Torna al testo ↑

[Note a pag. 51]

(1) Acta SS., 6 oct. – La liturgie d’Agen (Propre d’Hébert) et celle de Conques (Offic. fest. Conch-, 1609) se bornent à dire: diuino nutu in collegium Conchense translatum. Y eut-il enlèvement? Ou bien y eut-il accord entre les moines de Conques et les habitants de Pompéjac ou Mas d’Agenais? La première alternative est la plus vraisemblable. – Quant à l’époque de cette translation, ce ne fut ni avant 863, date de la translation de saint Vincent de Saragosse à Castres, ni après 883, date où nous trouvons dejà la présence /51/ de ce corps dans l’abbaye de Conques, (Cartul., Nº 4.) Or, comme la présence du corps de sainte Foy dans l’abbaye est mentionnée à la même date, et que le transfert de ce trésor avait demandé dix ans de préparation, il s’ensuit que les reliques de saint Vincent d’Agen, arrivées à Conques avant que l’on eut songé à se procurer celles de sainte Foy, s’y trouvaient dejà en 873. La date doit donc être fixée entre 863 et 873. – (Cette note n’est pas de M. Desjardins.) Torna al testo ↑

[Note a pag. 52]

(1) G. Desjardins, Cartul. de Conques, p. vii-ix. Torna al testo ↑

(2) Comme le disent avec candeur les Boliandistes, si le ciel leur suggéra la pensée de se procurer le corps de sainte Foy, il ne leur inspira pas le moyen qu’ils employèrent. Torna al testo ↑

[Note a pag. 54]

(1) Chef-lieu du canton de l’arrondissement dé Cahors, situé à mi-chemin d’Agen à Conques. Torna al testo ↑

[Note a pag. 55]

(1) Cette phrase est tronquée et inintelligible dans le texte publié par les Boliandistes. La voici telle qu’elle est rétablie par le manuscrit de Schlestadt: Agennum recidivare proficuosius intra se elegerunt, dicentes: Revertamur ergo, forsitan in reditu obviam nobis habebimus aut fatigatum in via inveniemus, quia vim tanti laboris ut non ineundo periret sufferre praevaluit, aut, quod certius creditu, licitum sibi pro virginis meritis abire non est, quae a nobis auferri et aliorsum transferri non patitur. Torna al testo ↑

[Note a pag. 56]

(1) La distance de Figeac à Conques est en réalité de 40 kilomètres environ. Torna al testo ↑

(2) D’après une légende populaire, le moine qui apportait le corps de sainte Foy, étant parvenu à cet endroit, s’assit et s’endormit de fatigue. Pendant son sommeil, la sainte lui apparaît et lui annonce qu’elle va faire jaillir une source en ce lieu. « La fontaine donnera du vin pour un jour ou de l’eau pour toujours, dit-elle; je vous donne le choix. – Mieux vaut de l’eau pour toujours, répondit le moine. » Aussitôt la source jaillit, et elle coule encore; on lui attribue une vertu miraculeuse. Torna al testo ↑

[Note a pag. 57]

(1) Pour la discussion de cette date, voy. les Etudes critiques, p. 420. Torna al testo ↑

(2) Cartul., nº 4. Torna al testo ↑

(3) Bouillet, Lib. miracul. S. Fidis, p. 208. Torna al testo ↑

[Note a pag. 58]

(1) Evèque de Clermont depuis l’an 937, plus tard abbé de Conques en même temps qu’évêque (942-984), mais avec la coadjutorerie d’un abbé régulier. – Cf. Cartul. Torna al testo ↑

(2) Vers le milieu du xe siècle. Cet abbé était ou Bégon II ou Hugues, qui tous les deux en même temps étaient les coadjuteurs d’Etienne dans le gouvernement de l’abbaye. – Cf. Cartul. Torna al testo ↑

[Note a pag. 59]

(1) Thecam mirificae machinae. D’après le contexte, il ne s’agirait pas d’une châsse, puisque la sainte n’y fut pus renfermée; son corps reposait au-dessous de cet objet, sub qua virgo quiescit. C’était donc probablement comme un coffre artistique et précieux placé au-dessus de la châsse pour le recouvrir. Quant à la châsse elle-même, on a vu qu’elle n’avait pas été déplacée. Torna al testo ↑

(2) Lib. miracul. S. Fidis, Lib. I, cap. XXXI, p. 77. Torna al testo ↑

[Note a pag. 60]

(1) Liv. I, c. xvii. Torna al testo ↑

(2) Praecipui altaris tabula aurea... Sanctus Martinus Turonensis duas habet majores, sed non melius, gemmis et caelatura insignes. Id. Torna al testo ↑

(3) Vers l’an 1010. Torna al testo ↑

(4) Dont les yeux violemment arrachés avaient été rétablis et rendus à lu lumière, vers 980, par sainte Foy. Torna al testo ↑

(5) Liv. I, c. xvii. Torna al testo ↑

[Note a pag. 61]

(1) Liv. I, c. xix. Torna al testo ↑

(2) Liv. I, c. xxxi. Torna al testo ↑

(3) Cartul., charte de l’an 883, nº 4. Torna al testo ↑

(4) Cartul., nº 1. Torna al testo ↑

(5) Umbilicum et circumcisionem, dit la Chronique de Conques dont nous parlerons plus loin. Torna al testo ↑

(6) Liv. II, c. iv. Torna al testo ↑

(7) Voir la description détaillée et raisonnée de cette châsse, à la II partie, p. 211 et suiv. Torna al testo ↑

(8) Cette bulle, à l’occasion de la reconstruction de l’église, ecclesiae gloriosae virginis Fidis inceptae ad faciendam magnam, accorde des indulgences à ceux qui contribuent à cette œuvre et invoque, entre autres motifs, le suivant: ob reverentiam circumcisionis quam scimus et credimus ibi esse. – Cf. Confér. diocés. de Rodez, 1892, Hist. ecclés., p. 347. Torna al testo ↑

(9) Varia documenta ex archivo Vaticano, par M. l’abbé P. Calmet, p. 57. Voici le texte du titre: Indulgentia pro eccl. collegiaia S. Fidis de Conchis in qua inter reliquias SS. preputium Domini Nostri custoditur. Torna al testo ↑

[Note a pag. 62]

(1) Liv. I, c. xiii. Torna al testo ↑

(2) Liv. I, c. i. Torna al testo ↑

[Note a pag. 63]

(1) Liv. I, c. xxxi. Torna al testo ↑

(2) Lib. miracul., Append. Torna al testo ↑

(3) Liv. II, c. xii. Torna al testo ↑

(4) Liv. II, c. xii. Torna al testo ↑

(5) Cette dénomination rappellerait-elle l’instrument de supplice, craticula, sur lequel la sainte fut étendue pour être brûlée? Tirerait-elle son origine de ce souvenir, et cette porte grillée en affectait-elle la forme? Torna al testo ↑

(6) Liv. II, c. v. Torna al testo ↑

(7) Universam signorum classem exagitant. Liv. II, c. i. Torna al testo ↑

(8) Liv. II, c. i. Torna al testo ↑