Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Deuxième partie
Conques

Chapitre II
L’église et le cloître

II. L’Église de Conques

/147/

III. Extérieur.

L’extérieur de notre église offre la sévère simplicité que nous avons remarquée à la façade. L’abside seule, avec sa couronne de chapelles rayonnantes indiquées par leurs absidioles, présente une certaine élégance. Cependant ce n’est plus l’élégance qui donnait aux constructions de l’école auvergnate une grâce si riante. L’ordonnance générale est la même, sans aucun doute, mais il manque l’ornementation multicolore des absides de Notre-Dame du Port et de Saint-Paul d’Issoire. Néanmoins cet ensemble d’absidioles, de toitures, de contreforts, de corniches à modillons et d’arcatures plaît à l’œil et le satisfait.

Le soubassement des absidioles est buté par des contreforts plats qui, à la hauteur de la base des fenêtres, se terminent carrément pour supporter une colonne semi-circulaire engagée. Celle-ci, couronnée par le triple rang de billettes qui cerne les archivoltes, porte la corniche du toit par l’intermédiaire d’une colonnette et de son chapiteau. Disposition qui se retrouve à l’abside de Saint-Sernin, où, ainsi qu’à Conques, les fenêtres ont un double retrait. A Notre-Dame du Port et dans plusieurs autres églises purement auvergnates, les /148/ colonnes superposées reposent sur un soubassement continu, et portent aussi directement la corniche du toit.

Cependant, dans les angles rentrants formés par le mur des absidioles et celui du déambulatoire, à Conques comme à Toulouse, la colonnette isolée monte d’un seul jet du contrefort carré à la base du toit. Plus haut, une muraille semi-circulaire, sans aucune ouverture, indique la galerie en demi-berceau annulaire qui continue autour du chœur la galerie du triforium. Il en est de même à Saint-Semin. C’est une différence de plus à constater avec les églises auvergnates, où le triforium s’arrête à la naissance du chœur et où, par suite, le toit qui couvre le déambulatoire n’est guère plus élevé que les toitures des absidioles (1).

De nombreux modifions, la plupart à copeaux, plusieurs à figures grimaçantes, tous d’une exécution soignée et d’un galbe élégant, portent les corniches des toits des chapelles, du triforium et de la nef haute. Cette dernière présente une haute arcature, dont les arcs sont supportés par des colonnes engagées, à chapiteaux ornés de feuilles d’eau. A la partie inférieure de chaque arcade se voit une ouverture en plein cintre: quatre d’entre elles sont aveugles; les autres, ajourées, forment les trois fenêtres qui s’ouvrent sur le choeur.

La corniche du triforium, au-dessus des modifions, est ornée de billettes, interrompues de distance en distance par des figures d’anges et d’animaux fantastiques.

Des deux chapelles qui s’ouvrent sur chaque bras du transept, la plus rapprochée du chœur est seule apparente à l’extérieur. Son toit, plus bas que celui des absidioles du rond-point, est supporté par des modifions, sans billettes, /149/ et des contreforts semblables à ceux des absidioles butent sa muraille. L’autre chapelle, pratiquée dans l’épaisseur du mur, est épaulée par des contreforts carrés.

Aux extrémités du transept, de robustes contreforts correspondent aux divisions intérieures.

Au sud, un de ces contreforts est remplacé par une tourelle cylindrique dans laquelle est pratiqué l’escalier qui donne accès dans le triforium, puis dans les combles, et de là dans la tour centrale. Celle-ci s’élève au-dessus du dôme intérieur. Elle est octogone, selon les traditions auver-gnates, à deux étages, percés chacun d’une ouverture en plein cintre sur chaque face. Les ouvertures de l’étage inférieur éclairent l’intérieur de l’église; celles de l’étage supérieur, dépourvues de fenêtres, donnent sur le beffroi. Une flèche basse à huit pans couronne le tout. Elle est en charpente, couverte en ardoises.

A l’ouest de chaque bras du transept s’ouvre une large porte. Deux colonnettes, placées dans les angles rentrants de l’ébrasement, supportent de chaque côté la retombée des archivoltes, ornées de vigoureuses moulures. D’élégants chapiteaux, formes d’entrelacs et de feuillages, surmontent les colonnettes. Des rangées de billettes complètent l’ornementation.

Quant à l’extérieur de la nef, son ordonnance est simple. Des contreforts carrés, à ressauts, épaulent le mur du collatéral et accusent les travées intérieures. A chacune de ces dernières correspondent deux fenêtres superposées, dont l’une appartient au bas côté, l’autre à la galerie du triforium. Le toit du /150/ bas côté et celui de la nef haute sont supportés par une rangée de modillons; ils appartiennent à la reconstruction contemporaine (1).

Au bas de la tour de droite s’ouvrait autrefois une porte aujourd’hui murée. Elle a conservé cependant son archivolte et les deux colonnes qui la supportent. L’archivolte est ornée de dix petits fleurons. Sur chaque chapiteau est sculpté un ange qui déploie une banderole; derrière lui est une sorte de palme.

Torna su ↑

[Note a pag. 148]

(1) A Santiago de Compostelle, la muraille semi-circulaire existe aussi, mais elle est ornée d’une arcature. Torna al testo ↑

[Note a pag. 150]

(1) En s’inspirant seulement des exemples que lui fournissaient les autres parties de l’église, l’architecte qui a dirigé les travaux de restauration eût pu, sans se mettre en frais d’imagination, donner plus de variété à ses modillons et ne pas se borner à répéter les trois mêmes. On retrouve la même pauvreté de conception dans les modillons et les chapiteaux des clochers de la façade. Pourquoi aussi avoir donné, pour amortissement à ces derniers, des pommes de pin, au lieu de croix? Torna al testo ↑