Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Troisième

/527/ Latino →

Ici commence le prologue du Livre troisième.

Bien que cet ouvrage soit d’une médiocre étendue, il renferme cependant plusieurs prologues. Que nul n’en soit étonné et ne se perde en recherches minutieuses: le motif qui a rendu ces prologues nécessaires, c’est que cet écrit se compose de livres divers et qu’il est l’œuvre de plusieurs auteurs. Si toutes les parties de l’ouvrage eussent été composées par le même écrivain, il suffirait d’un seul titre sous lequel seraient rangées toutes les matières qui suivent. Mais la nécessité, ayant imposé un changement d’écrivain, a imposé par là même un prologue pour la nouvelle œuvre. Par cette disposition, conforme à l’usage, on évite l’incertitude au sujet des auteurs, et l’on établit ce qui appartient à chacun. Faute de cette précaution, l’on aurait jeté une ténébreuse et irrémédiable confusion dans l’esprit du lecteur, et celui-ci, égaré et découragé, n’attribuerait aucune autorité à cet ouvrage. C’est afin de préserver d’un sort si ignominieux ce pieux livre que nous déclarons avoir pris la plume après la mort de Bernard, ce docteur si accompli dans la double science théorique et pratique, et avoir entrepris d’écrire et de publier les miracles qui ont été opérés après son passage. Quant à la Passion de la sainte, composée sans art, à l’époque même de son martyre, et rédigée, sans goût avec une concision excessive et pleine d’obscurité, il a été de notre devoir d’en redresser, d’en corriger, d’en polir la forme. A la suite nous ajoutons la relation d’un petit nombre de miracles choisis au milieu, d’une multitude dont nous avons cueilli la fleur, et nous nous proposons de donner au recueil tout entier le titre de Panaretos, c’est-à-dire le livre de toutes les merveilles. Enfin, par crainte de jeter quelque déshonneur sur cet ouvrage, en affirmant notre personnalité, nous n’y apposons pas notre nom dépourvu d’autorité, et nous nous contentons de lui donner le titre qu’il portera désormais à travers les siècles (1)

Fin du prologue.

[Note a pag. 527]

(1) On lit au bas de la page, dans le manuscrit, en écriture cursive du xvie siècle: Panaretos autoris innominati. Torna al testo ↑