Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Troisième

/552/ Latino →

XXIV.

D’un prêtre qui se saisit d’un pèlerin se rendant à Sainte-Foy.

Le miracle suivant clôturera dignement ce recueil.

Un chevalier nommé Régimbaud, du château de Turiès (2), dans l’Albigeois, se rendant au pèlerinage de sainte Foy, à l’approche des fêtes de Noël, fut rencontré en chemin et arrêté par un prêtre, nommé Hadimar, son ennemi, qui le jeta dans les fers. Ayant engagé sa parole de se reconstituer prisonnier à son retour, il put continuer sa route. Arrivé à la basilique, il se prosterna aux pieds de la sainte, lui exprima sa douleur d’avoir été fait prisonnier, et la supplia instamment de lui venir en aide. Après avoir célébré les fêtes, il revint auprès d’Hadimar et reprit ses chaînes. Mais Celui qui relève les opprimés et délivre les prisonniers (3) frappa le prêtre, pour le forcer à rendre la liberté à son prisonnier, des pieds jusqu’à la tête d’un mal horrible, d’où s’exhalait une humeur d’une odeur insupportable à tous ses serviteurs.

Il se décida alors à rendre la liberté au captif, que la fidélité à son serment lui avait ramené, et entreprit le pèlerinage de Sainte-Foy. Ne pouvant l’exécuter à pied, il se servit d’une monture. Lorsqu’il fut arrivé, il confessa publiquement sa faute devant la sainte, et, devant tous les religieux, témoigna le plus vif regret, en se frappant violemment pour expier son péché. Après avoir adressé à là sainte les plus ardentes prières, il retourna dans son pays et fut exaucé par la divine miséricorde; dans un court intervalle, l’enflure disparut et il se trouva entièrement guéri. Quand il eut recouvré ses forces, il entreprit encore le pèlerinage de Jérusalem. Son voyage ayant été béni de Dieu, il se rendit de nouveau, à son retour, auprès de sainte Foy, se plaça sous son patronage et sous celui de tous les moines, et fut désormais l’un des plus fervents habitués du pèlerinage.

Mais c’est assez des récits qui précèdent pour fournir un aliment suffisant à l’intérêt du lecteur le plus studieux. Et puisque ce premier livre contient un nombre dejà bien considérable de miracles, nous réservons les autres prodiges pour un second, afin que ce recommencement renouvelle l’attention du lecteur. Dans lès deux livres, il aura ainsi trouvé le récit des merveilles étonnantes que le Tout-Puissant a daigné /553/ opérer par les mérites de sa glorieuse martyre, à l’honneur et à la gloire du nom ineffable et redoutable de Celui qui règne dans les siècles éternels. Ainsi-soit-il.

Ici finit le Livre troisième.

[Note a pag. 552]

(2) Le château de Turiès, Turusia, situé à un kilomètre de Pampelonne (chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Albi, Tarn), sur une crête de rochers enserrés par le Viaur. Il n’en reste qu’une tour à éperon, à demi ruinée; c’était le donjon. (Cf. E. Cabié, Les gorges du Viaur, p. 9-27.) Torna al testo ↑

(3) Ps. cxlv, 8. Torna al testo ↑