Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Quatrième

/571/ Latino →

XII.

D’une jeune fille percluse.

Dans un autre temps, une jeune fille paralysée de tous ses membres se fit transporter d’un village nommé Cayssac (4), afin d’obtenir de la miséricorde de Dieu le bienfait de la guérison par la puissante intercession de sainte Foy. Par l’insouciance des porteurs elle fut abandonnée sur la rive opposée du cours d’eau qui baigne le pied des rochers servant de base au bourg de Conques (5). Là elle demandait l’aumône aux passants. Souvent, dans la nuit, comme elle l’a raconté plus tard, les bêtes sauvages venaient s’attaquer à son visage et à ses membres dépourvus d’abri, et il lui était impossible de faire un mouvement pour les chasser avec la /572/ main ou avec son bâton. Elle demeura ainsi plusieurs jours dans cet état misérable, sans que personne lui fit la charité de la porter au monastère. A la fin, par la permission de Dieu, les magistrats du lieu, touchés de compassion, la firent transporter sur un grabat, devant le monastère. Là, étendue devant le premier vestibule, à la porte principale du temple, elle demanda longtemps l’aumône à ceux qui entraient pour prier, comme autrefois le boiteux guéri par saint Pierre (1). Enfin, du haut du ciel, la vierge sainte Foy fit l’œuvre de Pierre. Le soir du jour dont la solennité est caractérisée par la décoration des rameaux verdoyants et des palmes du triomphe (2), la percluse se lève de terre entièrement guérie, et, d’un pas assuré, elle se dirige vers le tombeau de la sainte. A la vue de ce miracle, les assistants, ivres de joie, font retentir des acclamations unanimes en l’honneur du Tout-Puissant, qui a daigné investir sa sainte martyre d’un pouvoir si fécond en merveilles.

[Note a pag. 571]

(4) Cayssac, Cassiacum, chef-lieu de paroisse (commune de La Loubière, canton de Bozouls), à 9 kilomètres nord-est de Rodez, était le siège d’un prieuré de la mense de l’abbesse de Nonenque (Pouillé de 1510). Torna al testo ↑

(5) Ce cours d’eau était ou bien le Dourdou (Dordo ou Dordonius), ou plus probablement la Louche, (Latacia d’après le Cartulaire, nº 108). La Louche ou l’Ouche est un torrent qui se déverse dans le Dourdou sous Conques. Torna al testo ↑

[Note a pag. 572]

(1) Act. iii, 2. Torna al testo ↑

(2) Le dimanche des Rameaux. Torna al testo ↑