Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Premier

/474/ Latino →

XIV.

De celui qui souhaita la chute de la statue.

Aux éclaircissements que nous venons de présenter à l’occasion de la vénérable statue, ajoutons le récit d’un autre miracle opéré grâce à elle.

A l’occasion d’un fléau au sujet duquel un jeûne avait été ordonné, la sainte statue, dépositaire du chef de la sainte, fut portée au dehors en procession, au milieu d’un immense concours de peuple. Or l’on fit la rencontre d’un voyageur qui, venant du côté opposé, passa tout près de la statue. A la vue de cette châsse étincelante d’or et de pierreries, cet homme, aveuglé par une vile cupidité, se mit à dire:

« Oh! que je souhaiterais que cette statue glissât des épaules des porteurs et tombât maintenant à terre! Je recueillerais aussitôt, et plus abondamment que tout autre, les pierreries détachées et les lames d’or brisées. »

L’insensé murmurait encore ces paroles, lorsque le mulet qui lui servait de monture, baissant profondément la tête entre ses jambes de devant et lançant bien haut ses pieds de derrière, se redressa sur son cavalier, le renversa sous lui et, après l’avoir précipité dans la boue, se roula sur lui et l’écrasait du poids de sa croupe. Le malheureux aurait péri étouffé, si les assistants ne s’étalent empressés de voler à son secours et de l’arracher à cette pression mortelle. Tous rendaient grâces à Dieu qui vengeait de la sorte sa sainte contre un simple propos offensant.