Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Premier

/475/ Latino →

XVI.

Du miracle des colombes d’or.

Voici un miracle fort gracieux, qui fut opéré à notre époque, mais il y a dejà longtemps, au sujet de deux colombes d’or. Si le lecteur veut prêter à ce récit une oreille attentive et la simple croyance d’un cœur bienveillant, je vais commencer par la description de la statue de la sainte, qui est désignée par les habitants de ce lieu sous le nom de Majesté de sainte Foy.

Elle est faite d’or fin et ornée avec beaucoup d’art, aux bordures des vêtements, de pierres précieuses élégamment enchâssées. Sa tête est couronnée d’un riche diadème d’or constellé de pierreries. Des bracelets en or ornent ses bras d’or; ses /476/ pieds d’or reposent sur un escabeau d’or. Le trône disparaît sous les pierres précieuses et les riches plaques d’or qui le décorent. Les sommets de ses supports, qui font saillie en avant, sont surmontés de deux colombes d’or émaillées de pierreries, qui complètent gracieusement la décoration du trône. Elles furent l’objet du miracle dont je vais faire le récit.

Bernard, alors abbé de Beaulieu et plus tard évêque de Caliors (1), était possesseur de ces deux colombes d’or. Sainte Foy lui apparut en songe et les lui demanda. Il ne se rendit point à cet avis, mais la sainte revint à la charge une seconde et une troisième fois. Il comprit enfin que l’avis venait du ciel et il entreprit le pèlerinage de Conques, emportant un égal poids d’or. Mais, ne pouvant se résoudre à donner les deux bijoux demandés, il offrit seulement l’or qu’il avait apporté, persuadé que la sainte s’en contenterait. Or, à son retour, sainte Foy lui apparut de nouveau en songe, le pressa vivement de lui donner les deux bijoux et déclara que tout son or ne pouvait remplacer les colombes. Enfin il se vit forcé, malgré ses résistances, de restituer les deux colombes d’or qui n’étaient plus dans ses mains que comme un dépôt; il les plaça sur les sommets des appuis du trône, dont elles sont l’ornement signalé par tant de souvenirs.

Pourquoi donc sainte Foy quêtait-elle de l’or avec tant de sollicitude? Nous allons l’expliquer dans les chapitres suivants.

[Nota a pag. 476]

(1) Bernard, abbé de Solignac avant 979, puis de Beaulieu en Limousin, vers 984, fut élevé sur le siège de Cahors, sous te nom de Bernard II, vers 1005. En 1028, il avait un successeur. – Cf. Deloche, Cartul. de l’abbaye de Beaulieu, 1859, p. CCLII. – Gall. christ., I, col. 126. Torna al testo\ \↑