Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Premier

/493/ Latino →

XXXII.

De celui à qui sainte Foy apporta un marteau pour briser ses fers.

Les moines furent également unanimes pour me rapporter le trait que voici.

Un prisonnier gémissait depuis longtemps au fond d’un cachot et ne cessait d’invoquer le secours de sainte Foy. Un jour, en pleine veille, la sainte lui apparaît. Il lui demande son nom; elle lui répond qu’elle s’appelle sainte Foy et lui présente un marteau portant les marques de la plus grande vétusté et couvert /494/ d’une rouille épaisse. Elle lui ordonne de briser ses entraves avec cet instrument, de se rendre en toute hâte à Conques et d’y porter les tronçons de ses chaînes. Il s’empresse d’obéir; la porte de la prison s’ouvre d’elle-même, sans intervention humaine; le prisonnier s’échappe et se rend directement à Sainte-Foy; là, plein de reconnaissance, il offre les plus vives actions de grâces à Dieu et à sa sainte pour ce bienfait signalé.

Le marteau demeura suspendu environ trois ans en ex-voto, pour être, aux yeux des pèlerins, comme un mémorial de ce grand prodige. J’ai vivement regretté qu’on l’ait employé à la matière des portes. Chose étonnante! D’où la sainte a-t-elle pu tirer un marteau matériel! Mais nous ne devons pas avoir la prétention d’approfondir les œuvres de Dieu avec notre faible intelligence; contentons-nous de donner notre croyance à ce fait certain.