Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Deuxième

/521/ Latino →

XI.

Comment un voleur rendit un olifant qu’il avait volé.

Nous ne devons pas dédaigner de publier le trait suivant où brille la bonté de sainte Foy qui voulut bien rendre à l’un de ses pauvres serviteurs un objet perdu.

Le lecteur se souvient du synode convoqué sous la ville de Rodez (4) et devant lequel, entre bien d’autres reliquaires, l’on avait déposé la châsse de sainte Foy, qui fut glorifiée par des miracles éclatants. Nous avons raconté quelques-uns de ces prodiges. Joignons-y le récit du trait suivant qui fut regardé comme miraculeux par les assistants et qui souleva leurs applaudissements.

L’un des familiers du monastère, chargé de sonner de l’olifant pendant la procession, selon l’usage dejà signalé plusieurs fois, perdit, pendant son sommeil, cet instrument dont il avait la garde et qui était des plus précieux. Ne l’ayant point trouvé à son réveil, malgré ses recherches, auprès de la foule qui l’environnait, et /522/ ne possédant aucune ressource qui lui permît de racheter l’objet perdu, il entra dans le pavillon où reposait la statue de sainte Foy et fit éclater tout haut sa douleur et ses plaintes. Durant tout le jour, il ne donna aucun relâche à ses cris et à ses gémissements, jusqu’à ce qu’elle eut fait connaître le voleur.

Celui-ci, le lendemain, venait de la ville et accourait vers le lieu du synode, comme pressé par quelque affaire; chemin faisant, il ne cessait de sonner de la trompette volée. Les éclats retentissants de l’instrument attirent vivement l’attention de la foule; le voleur vient tomber aveuglément au milieu des serviteurs de sainte Foy. Au son de l’instrument, à sa forme, ils reconnaissent l’olifant de la sainte; on l’arrache au voleur qui n’oppose ni réclamation ni résistance. Celui-ci, revenu de sa surprise, se trouve couvert de confusion devant le public. On ne lui infligea point d’autre châtiment; la honte est parfois aussi amère que la mort.

[Nota a pag. 521]

(4) Liv. I, ch. XXVIII. Torna al testo ↑