Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Livre Quatrième

/576/ Latino →

XVII.

D’un chevalier qui, par suite d’une blessure, avait la main percluse (2).

Nous avons raconté précédemment la guérison miraculeuse opérée, par les mérites de sainte Foy, en faveur d’un chevalier blessé dans une bataille (3). Parlons maintenant d’un autre chevalier qui fut guéri d’une manière différente.

Celui-ci avait suivi l’un des plus illustres seigneurs du Rouergue, nommé Gérald, dans une expédition militaire en Quercy. S’étant jeté dans une mêlée pour apaiser une sédition, il eut le flanc percé d’un trait. Les médecins inexpérimentés cicatrisèrent prématurément la plaie et bouchèrent toute issue à la profonde suppuration déterminée par les lésions internes. Par suite, les organes intérieurs étaient menacés de gangrène, et les humeurs emprisonnées fermentèrent àu-dedans, en provoquant une tumeur au-dehors. Le jeune chevalier, en proie à de cruelles souffrances, ne cessait d’invoquer à grands cris l’intervention de sainte Foy. Une nuit que le sommeil accordait quelque repos à ses membres endoloris, il eut une vision dans laquelle il lui semblait être prosterné sur le pavé devant l’autel de la sainte, à Conques; là il implorait à grands cris l’assistance de sa puissante patronne. Pen- /577/ dant sa prière, ; il lui sembla voir la sainte martyre, une verge à la main. Il s’adressa à elle avec larmes:

« O miséricordieuse patronne, lui dit-il, vous dont le cœur est si compatissant, venez à mon secours, tandis que mes membres ne sont pas encore glacés et qu’il me reste un souffle de vie, avant que je ne sois plongé dans les ombres du trépas. Je n’ignore pas que vous savez faire reculer la mort et lui arracher ceux que vous protégez. »

La sainte, tournant vers lui son visage toujours radieux, toucha légèrement de sa verge la plaie du blessé. Ce contact fut si efficace, que de la plaie, rouverte comme par un tranchant, il s’échappa une humeur fétide qui souilla le pavé. Le chevalier, saisi par cette odeur, témoignait du dégoût. La charitable guérisseuse lui dit avec douceur:

« Ne te trouble pas, mon fils; pour nous, qui exerçons l’office de médecin, nous n’éprouvons point de répugnance pour les ulcères du corps humain, mais plutôt pour les puanteurs de l’âme pécheresse. Je suis venue pour t’accorder le bienfait de la guérison. Mais je te recommande, dès que tu te reconnaîtras guéri, d’entreprendre aussitôt le pèlerinage de Conques, de témoigner ta gratitude au saint Sauveur et de me rendre à moi-même, devant mes reliques, le tribut de louanges qui m’est dû. »

A ces.mots, elle remonta aux cieux et disparut. Le chevalier, revenu à lui-même, se réveille et repasse attentivement dans son esprit les paroles de la bienfaisante sainte. Dès que les humeurs se furent échappées à flots de sa blessure rouverte, il crut sentir que la tumeur se cicatrisait, il y porta la main pour s’assurer de la réalité du fait. Il constata ainsi, par le toucher, la vérité de ce qui venait de se passer. L’humeur s’étant évacuée par la blessure béante, la douleur se calme; le chevalier se trouve entièrement guéri. Aussitôt il se rend à la basilique de Sainte-Foy pour acquitter le juste tribut de sa reconnaissance.

[Note a pag. 576]

(2) Ce titre conviendrait mieux au chapitre X, et réciproquement. Torna al testo ↑

(3) Chap. X. Torna al testo ↑