Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Livre des Miracles de Sainte Foy
Supplément 1 – Manuscrit de Conques

/594/ Latino →

V.

XXXI. Des moissons des moines.

Voici une autre oeuvre récente de notre glorieuse martyre. Attestée par de nombreux témoins, elle mérite d’être sauvée de l’oubli.

La campagne qui s’étend autour de l’église dont nous venons de parler (1) abonde en fertiles pâturages et est favorable à l’élevage des troupeaux. Un chevalier nommé Aichard avait des possessions contiguës à cette église. Le nombreux troupeau de ses cavales ne cessait d’endommager les champs et les récoltes des paysans. Cédant enfin aux réclamations réitérées de ceux-ci, le chevalier fit conduire ses bêtes dans d’autres quartiers. Il garda cependant l’une d’elles, la plus remarquable de toutes par sa haute taille et sa superbe encolure; c’était son coursier favori. Or elle ne cessait de causer les plus graves dommages aux paysans. Ceux-ci en étaient exaspérés. Voyant que la bête ravageait comme à plaisir et des dents et des pieds les jeunes blés des moines, ils implorèrent à cris redoublés l’intervention de sainte Foy; ils suppliaient tous les jours leur puissante protectrice d’éloigner d’eux cette peste malfaisante.

Un jour, ô événement merveilleux! tandis que la bête broutait dans les champs, son ventre se rompit par le milieu et ses entrailles se répandirent à terre. Le cadavre entièrement vidé, comme jadis celui du misérable Arius, tomba lourdement sur le sol, par un coup de la justice divine. Ceux qui furent témoins de ce fait prodigieux y reconnurent la puissance vengeresse de la sainte martyre, qui ne laisse pas longtemps triompher la témérité de ceux qui l’outragent.

[Note a pag. 594]

(1) Notre-Dame de Belmont ou des Planques. Torna al testo ↑