Desjardins
Cartulaire de Conques

Introduction

/xxxv/

Divisions territoriales du Rouergue aux ixe-xie siècles.

On relève dans le cartulaire de Conques des indications sur un assez grand nombre de circonscriptions territoriales à l’époque carlovingienne. Elles sont énumérées ci-dessous, avec quelques /xxiv/ additions fournies par des chartes des ixe et xe siècles que j’ai publiées, en 1863, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes1:

*2 Ministerium Amiliavense, Millau, en 912 et 920.

Aïce Arisito, vicaria Arisdensis, en 976 et vers 1000; le chef-lieu en était sans doute dans la ville qui fut le siège de l’évêché d’Arisitum, situé sur le plateau du Larzac, en partie dans l’arrondissement de Millau et dans celui du Vigan (Gard).

Vicaria Arjacensis, Arjac, commune de Saint-Cyprien, eu 968. Le cartulaire relate un plaid à Arjac3.

* Ministerium Aureliacense, Orlhaguet, commune de Sainte-Geneviève, en 877.

Ministerium Balciacense, Balzac, en 918, 927 et 948.

Aïce, vicaria Barrensis, au xie siècle, pays de Barrez, canton actuel de Mur-de-Barrez; cette vicairie est encore nommée dans un titre de 1060 à 1065.

Ministerium, pagus, vicaria Bedenensis, Beteniensis, Betonensis, Betonica, Bethonice, pays de Bedène ou Viadène, canton de Saint-Amans-des-Cots, au ixe siècle, nommé encore dans une pièce du temps de Henri I.

Vicaria Brobtaato, Brogmacensis, xe siècle, Brommat.

Grafia Cabniacensis, en 956, vicaria de Cabdenago, Cabtinacensis, Captinacensis, in pago Rutenico, Capdenac (Lot), xe siècle, nommé encore en 1061-1065.

Aïce, ministerium Calvomontense, Calmont d’Olt, 883, nommé encore sous Henri I.

* Ministerium Canaviliense, en 924, inconnu, paraît avoir été dans les environs de Saint-Rome-de-Tarn; Pianos Campos et Linares, qui sont dits in ministerio Canavitiensi, peuvent être Plescamps, commune de Viala-du-Tarn, et Linars, commune de Truel, qui ne sont pas éloignés l’un de l’autre.

/xxxvj/

Ministerium Candadense ou Condadense, 948, Candas, Candadès, commune de Montjaux.

Ministerium Carladense, Carlatense, placé à la fois in pago Arvernico et in pago Rutenico, xe siècle, Cariât (Cantal).

* Ministerium Catulense, peut-être Caylus (Tarn-et-Garonne), xe siècle; la villa de Montemiralio placée dans cette vicairie n’a pas son équivalent dans le Rouergue.

Ministerium, vicaria Dunensis, ixe, xe, xie siècle, Le Dunet, commune de Viviez.

Aice, ministerium, vicaria Ferrariensis, xe et xie siècle, La Ferrairie, commune de Conques.

Vicaria Flaidnago, xe, xie siècle, Flagnac.

Vicaria Goliniacensis, Golignac, xie siècle.

Vicaria Laiciazensis, Laissac, xie siècle.

Vicaria Luganiensis, Lugan, commune de Villeneuve, 1031-1065.

* Vicaria Lymancionensis, Lemençon, commune d’Aguessac, 937.

* Ministerium Mauriacense, Mauriac, commune de Saint-Lèons, 920.

Vicaria Maurontensis, Mauron, commune de Maleville, 966.

Aice, ministerium, vicaria Montiniacensis, Montignac, commune de Conques, ixe, xe, xie siècle.

Vicaria Neiracensis, Le Neyrac, 959.

Vicaria de Nova Villa, Nauviale, fin du xe siècle.

*Ministerium Petrelense ou Pétroleuse, Peyrdeau, en 922 et 924.

Aïce, vicaria Rocenacensis ou Roceznacensis, Roussennac, xe siècle.

Ministerium, vicaria Rutenulensis, Rodelle, ixe et xe siècle.

Ministerium, vicaria Rutinacensis ou Rutiniacensis, Rignac, xe et xie siècle.

/xxxvij/

* Ministerium sancti Georgii, Saint-Georges dit de Lavencas, canton de Millau, 924.

Vicaria sancti Gervasii, Saint-Gervais, commune de Saint-Symphorien, 932.

Vicaria Serniacensis, peut-être Senergues, xe et xie siècle.

Vicaria Severiacensis, Sèverac-le-Château, ixe et xe siècle.

* Ministerium de Valleserga, La Roque-Valzergues, commune de Saint-Saturnin, 909.

Je mentionne seulement pour mémoire les vicairies citées par le baron de Gaujal dans les Etudes historiques sur le Rouergue1, sans indication de dates ni de sources: Bruscensis, Brusques; — Camarensis, Camarès, à moins que ce ne soit Hamarus, château dans la commune de Flavin; — Curiensis, dans la région de Vabres; — Nantensis, Nant; — Regoniensis dans les environs de Salmiech; — Sanctus Anianus, dans la vallée du Lot; — Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne); — Ranaveliensis; — Lugamensis pour Luganiensis. Lugan; — Serviacensis pour Serniacensis. — Quant à Germanensis, c’est Serniacensis défiguré; ce qui le prouve, c’est que M. de Gaujal indique, comme étant dans cette vicaria Germanensis, le lieu de Liciongas, que le cartulaire de Conques met in vicaria Serniacensi. — Bosc nomme encore Ayssène et Najac, mais dans une énumération des juridictions royales et féodales d’une époque relativement récente.

Le pagus Rutenicus, autant qu’on en peut juger, d’après les renseignements fournis par le cartulaire et les chartes du chapitre de Rodez, avait à très-peu près la même étendue que l’ancienne province de Rouergue. A l’ouest, Capdenac en faisait partie. Au nord, ses limites étaient incertaines. Nous voyons quelques localités dites tantôt in pago Rutenico, tantôt in pago Arvernico. Le Carladez était à cheval sur les deux pagi.

Dans le principe, il y a eu sans doute une différence entre le /xxxviij/ ministerium, la vicaria et l’aïce. Le ministerium paraît avoir eu la circonscription la plus étendue; elle comprenait la vicaria et l’aïce. Ainsi la vicaria Arpajonensis, Arpajon (Cantal), est placée in ministerio Carladense1; de même l’aïce Ruilhia, Rulhe, comm. d’Auzitz, est indiqué comme étant in ministerio Serniacense2. Ailleurs c’est une vicaria qui est mise dans l’aïce3. L’aïce ne dut pas être d’abord l’équivalent de la vicaria, car Rulhe n’a jamais été une vicaria. Dans presque tous les autres cas, cependant, ministerium, vicaria, aïce paraissent synonymes.

Il résulte de plusieurs exemples assez caractéristiques que les limites de quelques-unes au moins de ces circonscriptions et leurs chefs-lieux n’avaient rien de fixe. On remarque fréquemment que les mêmes localités sont placées tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre. Ainsi Conques est mis dans la vicaria Dunensis et dans la vicaria Ferrariensis. D’un autre côté, La Ferrairie est aux portes mêmes de Montignac, autre chef-lieu de vicairie; les deux localités se trouvent à une très-faible distance de Conques. De plus, la vicaria Montiniacensis semble se confondre avec la vicaria Semiacensis, dont le chef-lieu indéterminé est peut-être Senergues, commune limitrophe de Conques. On pourrait croire à la rigueur que le chef-lieu de la circonscription a été transporté successivement de La Ferrairie à Montignac et de Montignac à Senergues; la supposition tombe devant ce fait que les trois vicairies sont nommées dans des documents contemporains.

Ces divisions ont répondu à une juridiction réelle jusqu’au temps du roi Robert; on trouve des plaids devant le vicaire à la fin du xe siècle. Elles se conservent à titre de souvenir pendant le xie; et même au xiie, le mot vicaria ayant disparu, on dit encore in Rotinacense, in Serniacense, etc. De nombreuses /xxxix/ chartes prouvent que, au milieu du xie siècle, leur constitution était devenue tout-à-fait féodale1. Il est à remarquer que, au chef-lieu d’un grand nombre de ces vicairies, on trouve des restes de châteaux-forts souvent considérables.

Parmi les ministeria, il en est un qui est qualifié de pagus en 8762. Il était divisé lui-même en vicairies, du moins on en cite une: vicaria Aureliacensis in pago Bedenense, Orlhaguet, dans le pays de Bédène. Plusieurs localités dans le canton de Saint-Amans-des-Cots sont encore aujourd’hui dites en Bédène ou Viadène.

Le diplôme de Louis le Débonnaire cite un petit pays qui ne fut jamais ni ministerium, ni vicaria, ni aïce: c’est le Cicerniacum (cicer pois, ers en roman), pays des Ers. On trouve encore aujourd’hui Saint-Geniez-des-Ers, dans la commune de Vérières, canton d’Estaing.

[Note a pag. xxxv]

1. Évéques de Rodez aux ixe, xe et xie siècles. Torna al testo ↑

2. Les noms de vicatries empruntées au travail précité sont marqués d’un astérisque. Ceux qui n’ont pas ce signe sont tirés du cartulaire. La table générale renvoie aux chartes qui les citent. Torna al testo ↑

3. No 293. Torna al testo ↑

[Nota a pag. xxxvij]

1. 2e édition, t. I, p. 489. Torna al testo ↑

[Note a pag. xxxviij]

1. No 6. Torna al testo ↑

2. No 230. Torna al testo ↑

3. No 325. Torna al testo ↑

[Note a pag. xxxix]

1. Voir la table au mot Viguerie. Torna al testo ↑

2. No 580. Torna al testo ↑