Desjardins
Cartulaire de Conques

État des domaines de l’abbaye de Conques

/cxv/

V.

Étranger.

Angleterre1.

Comté de Norfolk. — D’après la pancarte, dans le diocèse de Norwick: églises de Horsham et de Rodeham.

Le Monasticon Anglicanum2 contient le récit d’un vœu, fait à sainte Foi par Robert Fitz-Walter, qui, pour l’accomplir, donna à l’abbaye de Conques, de 1087 à 1107, l’église de Horsham avec ses dépendances. L’acte de donation était sans doute copié sous le no 516, mais le texte, d’ailleurs incomplet, a été effacé. Dans l’état actuel, on lit, au lieu de Horsham, Bonforno, mais il devait y avoir Horsham. — Dans les premières années du xiie siècle, Gautier Gifard, comte de Longueville, se rend à Conques avec sa mère Agnès et une nombreuse suite de seigneurs Normands, le vendredi de la deuxième semaine de Carême, et donne la dîme de Taverham, no 497. — Henri I, roi d’Angleterre, concède l’établissement d’une foire annuelle qui durera trois jours: la veille, le jour et le lendemain de /cxvj/ la fête de sainte Foi, de 1108 à 1119, no 520. — Le même approuve la donation des églises, terres et dîmes, que Robert Fitz-Walter et Sibille, sa femme, avaient faite à l’abbaye, no 5191. — Herbert, évêque de Norwick, accorde, 1094-1119, 40 jours d’indulgence à quiconque visitera l’église, à la fête de sainte Foi, no 521. — Ebrard, évêque de Norwick, après 1121, y ajoute 40 jours d’indulgence, pour le jour de la fête de la translation des reliques de la sainte, no 522. — Les archives de l’Aveyron possèdent un vidimus par Roger, évêque de Norwick, en 1276, de la charte d’Ébrard qui précède, et d’une décision de l’évêque Guillaume, accordant 40 jours d’indulgence aux visiteurs de l’église du prieuré, de la veille de la fête de sainte Foi à la Toussaint.

Espagne2.

La pancarte fournit les indications suivantes: dans le diocèse, de Vich d’Osona, église de Tagamanent; — dans le diocèse de Pampelune, prieurés de Caparroso, de Garituain et Barciagua, de Murillo el Cuende, et de Roncesvalles (Roncevaux). — Le même document met à tort dans le diocèse de Pampelune l’église de Sainte-Foi de Barbastro, qui était dans celui de Basbastro.

Aragon. — Barbastro. — Dom Sanche, roi d’Aragon, d’après une charte publiée dans le Gallia Christiana3, faisant le siège de Barbastro, avait promis, s’il prenait la ville, de donner à l’abbaye de Conques une mosquée pour en faire une église en l’honneur de /cxvij/ sainte Foi. Son fils Dom Pèdre la remet entre les mains des moines, de 1101 à 1104, no 466.

Catalogne. — Tagamanent. — L’église de Tagamanent était tombée en décadence, par suite de la simonie de ceux qui en étaient chargés. En octobre 1099, Foulques, évêque de Barcelone et vicomte de Cardonne, y appela des moines de Sainte-Foi et y établit un prieuré sous la dépendance de l’abbé de Conques, no 467.

Caparroso, Murillo el Cuende, Garituain et Barciagua. — Églises, données, en 1092, par Pierre d’Audouque, évêque de Pampelune, no 577. Barciagua, qui était une annexe de Garituain, a disparu.

Roncesvalles (Roncevaux). — Église donnée, de 1100 à 1114, par Sanche, comte de Erro, no 472.

Sanche Ramirez donna, vers 1092, son palais à Galiton, et décida que l’église paroissiale de ce lieu serait reconstruite. Galiton a disparu, no 576.

Le no 453 se rattache au rôle joué par l’abbaye de Conques en Navarre. Il constate que Pierre d’Audouque, voulant partir pour Jérusalem, avait confié une somme d’argent à l’abbé B., sans doute Boniface. Ce dépôt était sorti des mains de ce dernier pour passer entre celles d’un moine et de son frère qui paraissent en avoir abusé, car l’évêque de Pampelune les fit excommunier par le pape Pascal II. Plus tard, ils en restituèrent une partie et furent absous. Au concile de Toulouse, probablement celui de 1118, Guillaume-Gaston, successeur de Pierre, réclama la somme à l’abbé, qui prouva qu’il ne devait rien. Néanmoins, Boniface, étant venu, vers 1120, à Pampelune pour une consécration (la /cxviij/ pièce ne dit pas de quel édifice il s’agissait), se vit de nouveau interpeller sur le même fait par l’évêque Sanche III. Mais sur les explications qu’il donna, Sanche lui-même reconnut que Boniface n’avait aucun tort, et l’acte inséré au cartulaire fut dressé pour décharger l’abbé de toute responsabilité.

Les prieurés que l’abbaye de Conques possédait en Navarre étaient trop éloignés pour que son autorité sur eux fût efficace. Aussi, dès le xiiie siècle, voyons-nous les rois d’Aragon reprendre une partie de leurs biens, et les évêques d’Espagne nommer les prieurs. En 1242, Guillaume, abbé de Conques, trouvant ainsi établi, sans sa participation, un prieur à Caparroso, est réduit à réclamer de lui le serment d’obédience, Doat 144, fo 6.

En 1312, Hugues, abbé de Conques et chapelain du pape, fit la visite de Caparroso et de Murillo el Cuende et constata que les prébendiers vivaient avec des femmes. Il réforma l’abus, mais à peine fut-il parti que les prébendiers retombèrent dans leur faute. Lors d’une seconde visite, en 1316, Hugues priva les coupables de leurs bénéfices jusqu’à ce qu’ils se fussent séparés de leurs concubines. En même temps, il infligea une pénitence à un vicaire qui s’était laissé instituer par l’évêque de Pampelune, Doat 144, fo 77 et 79.

Le pape aussi, de son côté, nommait directement à ces prieurés. En 1484, la reine Catherine de Navarre en appelait à l’autorité de l’abbé de Conques, pour l’aider à évincer un Aragonais qui voulait s’introduire à Caparroso par l’influence de la cour de Rome, Doat 144, fo 271.

On trouve dans la collection Doat 144, fo 285, une lettre adressée, en 1542, à l’abbé de Conques par un de ses agents nommé Turbide ou Iturbide, qui fournit des renseignements sur la valeur et l’état des prieurés d’Espagne. Barbastro valait 1000 ducats; Ronceaux, 30001; Murillo el Cuende, 100; Garituain et Barciagua, 20. « Il n’y a quasi personne qui sache ici que ces bénéfices soient à la collation de M. l’abbé de Conques et /cxix/ ceux qui le savent aiment plutôt aller au pape à cause de la distance qu’il y a de la maison de Conques à la Navarre. »

Il y a en Navarre, au nord de Pampelune, une localité d’Ozlix, dont le nom est semblable à celui d’une église et d’un domaine, donnés, au temps du roi Robert, par Ebon, fils de Raoul, no 73. A cette époque, Ermengaud, comte d’Urgd, léguait, d’après Marca, cité par Mabillon, à Sainte-Foi de Conques, gradales duos de argento. L’abbaye avait donc dés lors des relations avec le nord de l’Espagne. Quoi qu’il en soit, si l’Ozliz du cartulaire est le même que celui qui est situé en Navarre, il faut croire qu’il sortit des mains des moines de Conques, puisqu’il n’est pas compris dans la liste des prieurés du diocèse de Pampelune1.

Minorque. — Un pèlerin venu du comté de Minorque donna, en novembre 1065, des vignes dans le voisinage de Minorque même, no 389. Je me suis vainement adressé à Minorque pour avoir des renseignements sur les noms de lieux cités dans la pièce.

Italie.

Diocèse de Forli. — La pancarte indique, comme appartenant à l’abbaye de Conques, un prieuré de Saint-Victor ou Saint-Siméon de Currelis ou Turretis, sur lequel il m’a été impossible de trouver aucun renseignement. Il est probable qu’il s’agit là d’une de ces églises que l’éloignement avait fait perdre de vue aux abbés et dont le nom a été estropié par les scribes du moyen âge, de manière à devenir méconnaissable.

Diocèse de Casal. — D’après la pancarte, Conques possédait, dans le diocèse de Verceil, un prieuré qu’elle dénomme ainsi: prioratus Sanctœ Fidis de Visterno seu Cavancholio ou Cavanholio. Visterno était un château très-ancien, situé dans la commune de Cavagnolo, sur la rive droite du Pô. Cavagnolo fait partie, depuis le xve siècle, du diocèse de Casal-Montferrat, /cxx/ formé d’une fraction de celui de Verceil. Près du château de Visterno, se trouvait un prieuré de Bénédictins qui avait sainte Foi pour patronne. L’église subsiste encore; elle a donné son nom à un quartier de Cavagnolo. Le prieuré était, au xviiie siècle, uni à la mense épiscopale1.

Domaines dont la situation est inconnue. — De 930 à 935, Anastase donne un manse dans le val Sinay, situé dans le territoire de Montbrison, compris lui-même in comitatu in Sestergo, no 319. Quel est ce comté? Où faut-il chercher ce Montbrison? A l’époque où la charte a été rédigée, l’abbaye n’avait de possessions qu’en Rouergue, en Quercy, en Auvergne et en Provence, sur la rive gauche du Rhône, in Romano itinere. S’agirait-il du comté de Sisteron?

Dans plusieurs chartes, les noms de lieux ne sont pas indiqués: no 365, Girard ou Gairard donne une vigne, en février 985; —  no 412, Ictor, en janvier 1008, vend un manse et un bois; —  no 309, Guigue Guarin et sa femme Florence donnent un manse, au temps de l’abbé Odolric; —  no 379, Arnaud, clerc, donne une vigne, xie siècle.

Rôles. — Au xiie siècle, les moines firent dresser l’état des revenus qu’ils avaient à percevoir dans les diverses contrées où ils avaient des biens, nos 87, 372, 386, 457, 529. — Le cartulaire contient en outre le rôle de la mense conventuelle et des propriétés qui lui étaient affectées, no 478; — celui du blé pour la paneterie, nos 555, et 564; — des poules, no 528, — et du miel dû à l’abbaye, no 537. On trouvera la traduction des noms de lieux que ces rôles contiennent à la table générale.

[Note a pag. cxv]

1. M. Léopold Delisle, membre de l’Institut, a bien voulu m’aider pour les chartes de provenance anglaise et normande. Torna al testo ↑

2. Nouv. édition, t. III, p. 636. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxvj]

1. Le texte porte à la 2e ligne vicario au lien de vicecomitibus. Il contient des termes en langue anglaise, dont Du Cange fournit l’explication dans le glossaire de la basse latinité. Torna al testo ↑

2. Sur l’indication de notre confrère, M. Raymond, archiviste des Basses-Pyrénées, je me suis adressé, pour l’Espagne, à Don Juan Itturralde y Suit, membre correspondant de l’Académie de Pampelune, qui a résolu toutes les difficultés que je lui si soumises avec un empressement et une compétence auxquels je me fais un devoir de rendre ici hommage. Torna al testo ↑

3. T. I, Instr., p. 54. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxviij]

1. Il dit du prieuré de Roncevaux: que le pape le donnait, ou l’empereur pour lui. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxix]

1. Voir une autre propriété, sise en Espagne, sons la rubrique Roussillon. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxx]

1. Giovanni Moriondo. Monumenta Aquensia, Pars II, Taurini, 1790. — Je doit ces renseignements à la bienveillance de Mgr l’archevêque de Verceil et à l’érudition de M. le chanoine Pierre Canetti, archiviste du chapitre métropolitain de Verceil. Torna al testo ↑