Desjardins
Cartulaire de Conques

État des domaines de l’abbaye de Conques

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IV.

Provinces diverses1

Roussillon.

Département des Pyrénées-Orientales. — Comté de Fenouillède. — Sournia. — Vigne, donnée, à la fin du xie siècle, par Nifredus, sa femme Engantis et leur fils Oliba, qui se réservent l’usufruit leur vie durant, no 252.

Comté de Vattespir. — La Bastide en Vallespir. — Manse, donné par Bérenger-Eude de Castangers, fin du xie siècle, no 375. Castangers est aujourd’hui le mas Maler-Xatart, appelé ainsi du nom de ses propriétaires.

Comté de Pierrelatte. — Buscaros (Espagne). — Manse, donné par Guillaume Raimond au temps de l’abbé Odolric, no 351. Buscaros est ordinairement compris dans le comté de Besalu; mais comme il est sur l’extrême limite, il a pu, au moment où la charte a été rédigée, faire partie de celui de Pierrelatte.

Provence.

Département de Vaucluse. — Comté d’Avignon. — Avignon. A la fin du xie siècle, Bernard Vaisselleder donna une vigne, sise à Saint-Étienne-sous-Avignon, no 345. Le territoire de Saint-Étienne fut réuni au palais des papes, en 1316.

Une autre vigne fut donnée, à la même époque, par Ragambert, dans un lieu dit Julanius, no 344. A-t-on voulu mettre Insulanus, et s’agit-il de l’Isle?

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Comté d’Apt. — Rostan donna, en 1004, un manse à Casalis sous le château d’Auribeau, qui est peut-être Le Castellet, no 395.

Comté d’Orange. — Sérignan. — Vigne, donnée, le 25 septembre 1003, par Arnaud et sa femme, no 326.

Département des Basses-Alpes. — Comté de Sisteron. — Le moine Guillaume donna un manse dans le territoire du château de Roca Mardune, disparu, fin du xie siècle, no 327.

Dauphiné.

Département de la Drome. — Tricastin. — Géraud, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, donna, vers 1070, l’église de N.-D. de Gavilans, no 74. Gavilans ou Gavilaus a disparu.

Département des Hautes-Alpes. — Comté et diocèse de Gap. — Jarjayes. — Raimbert donne, le 31 octobre 928, pour le luminaire et le service divin, une vigne, dont il se réserve l’usufruit, mais sur laquelle il donnera, chaque année, à l’abbaye 8 setiers de vin, no 431.

Ventérol. — Bermond Cota Vaira donne un homme du nom de Humbert à Ventérol, dans l’évêché de Gap, sur le chemin de Rome, xie siècle, no 550.

Forez.

Département de la Loire. — Prieurés de Sainte-Foi du Châtelet et de Saint-Victor-sur-Loire, unis au xvie siècle.

Les églises de Sainte-Foi du Châtelet, commune de Chamble, et de Saint-Victor-sur-Loire furent données, de 1097 à 1106, par Hugues I, archevêque de Lyon, no 502. — Hugues Talabaz et consorts abandonnèrent, de 1121 à 1125, tous les droits qu’ils avaient sur l’église de Saint-Victor-sur-Loire et ses dépendances, no 506.

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Bourgogne1.

L’abbaye de Conques avait dans le diocèse de Langres le droit de nomination à une prébende de la Sainte-Chapelle de Dijon. Voici quelle était l’origine de ce droit: Conques possédait un prieuré à Sainte-Foi de Chevigny, dans la commune actuelle du Val de Suzon (Côte-d’Or), à la tête duquel fut placé, jusqu’à la fin du xve siècle, un moine de son obédience. En 1487, Guillaume Nachard, chanoine de la Sainte-Chapelle de Dijon, se fit nommer par le pape Innocent VIII prieur commendataire. L’abbé de Conques, Louis de Crevant, institua de son côté un prieur régulier qui, après une lutte de quelques mois avec le commendataire, finit par lui céder tous ses droits, moyennant 26 livres. Guillaume Nachard, qui n’était au fond qu’un agent de la Sainte-Chapelle de Dijon, remit à cette dernière le prieuré, sous la condition d’en conserver l’usufruit, et le pape Innocent VIII, ratifiant cet arrangement par une bulle du 22 novembre de la même année, incorpora le prieuré à la Sainte-Chapelle. Un procès surgit alors entre cette dernière et l’abbaye de Conques, et se termina par une transaction, en vertu de laquelle les deux établissements firent association de prières, se promirent l’hospitalité réciproque et s’engagèrent à célébrer solennellement chacun la fête du patron de l’autre2. Une prébende dite de Sainte-Foi fut créée à la Sainte-Chapelle et laissée à la nomination de l’abbé.

Département de la Côte-d’Or. — Le Val De Suzon (dans la commune de), Sainte-Foi. — Guy de Grancey, comte de Saulx, Tavannes, donne, en juillet 1086, les lieux de Chevigny, aujourd’hui Sainte-Foi, et de Goix. Ce dernier a disparu, son nom s’est /cxij/ conservé dans celui d’une combe, no 445 et 458. — Robert de Bourgogne, évêque de Langres, confirma cette donation, no 446. — W., moine de Conques, en annonçant, par une lettre missive insérée au cartulaire, à l’abbé Étienne, la donation précitée, lui fait savoir qu’il est sollicité par deux abbés du voisinage, Gérante et Raoul, peut-être abbés de Flavigny et de Saint-Bénigne, de venir à leur obédience, no 447. — En 1110, la comtesse Ligiarde, veuve de Guy, et son fils Eblon, confirment la donation faite par le père de ce dernier, no 488. — Odon de Vantoux, à la même époque, donne un manse à Goix, no 489. — Mainfray cède la vieille église abandonnée de Goix, no 490. — Gui, comte de j Saulx-Tavannes, et son frère Ebale reconnaissent, 1163-1179, que la seigneurie de Chevigny appartient à l’abbaye, à l’exception de la haute justice, de la mairie, du manse du maire, de la garde du lieu et de la famille d’un homme du nom de Gui, no 539. — R. de Verrey donne, au xiie siècle, un des trois hébergements, auxquels il avait droit avec une suite de trois chevaliers, à Chevigny, et un terrain autour de l’église de Rore, ancien nom probablement du Val de Suzon, no 483.

Département de la Haute-Saône. — Broye-les-Loups (dans la commune de), Verfontaine. — Hosfridus de Beaumont-sur-Vingeanne donne, vers 1090, le lieu de Verfontaine et la forêt de Vava, sans doute l’un des cantons de la forêt d’Autrey, no 484.

Champagne.

Département de Seine-et-Marne. — Dans le diocèse de Meaux, prieuré de Sainte-Foi de Coulommiers-en-Brie.

Thibaut III, comte de Blois, fils d’Eudes, vint en pèlerinage à Sainte-Foi de Conques, et donna l’église de Coulommiers à l’abbaye. Revenu en Champagne, il révoqua cette donation et substitua les moines de Rebais à ceux de Conques. Ceux-ci récla- /cxiij/ mèrent et un procès s’engagea. Henri, fils de Thibaut, en partant pour la croisade, enjoignit à Adèle, sa femme, fille de Guillaume, roi d’Angleterre, et de Mathilde, de le terminer. Adèle soumit l’affaire à une réunion d’évêques et de seigneurs qui donnèrent satisfaction aux moines de Conques, le 28 janvier 1101, no 4701.

Le 5 juillet 1107, après la mort de Henri, Adèle confirma, en l’augmentant, la concession faite d’abord par Thibaut, no 485. Dans le tome II des Documents historiques inédits publiés par Champollion-Figeac2 on lit une charte, datée de la même année et du même jour, qui amplifie encore cette donation et note que ces additions furent faites par Adèle, lors de la consécration de l’église. Cette charte est reproduite d’après une pièce tirée des archives du prieuré de Coulommiers. La copie insérée dans le cartulaire a été faite sur l’original emporté à Conques par l’abbé Boniface. Il est évident que la consécration n’avait pas eu lieu à ce moment, puisque le texte de Conques n’y fait aucune allusion. Le duplicata venant de Coulommiers a donc été interpolé. On s’en convainc, en jetant les yeux sur une autre pièce, émanée de Thibaut IV, en 1132, et publiée plus loin dans le même volume, p. 14, où l’on retrouve l’une des deux phrases, insérées après coup dans le titre provenant des archives du prieuré3.

/cxiv/

Gérard de La Tour donne, vers la même époque, un verger voisin du monastère de Sainte-Foi de Coulommiers, no 487. Pour arrondir leur propriété, les moines se firent céder par le même Gérard de La Tour et Robert, son frère, un aleu à Saints et achetèrent le bois de Tremlet, probablement sur le territoire de Coulommiers. Adèle confirma ces acquisitions vers 1108, no 486.

Le volume des Documents inédits cité plus haut contient en outre trois chartes d’Henri, comte de Champagne, de 1152, 1154 et 1172, et une quatrième de Marie, sa veuve, 1189, relatives au prieuré de Sainte-Foi de Coulommiers1.

Savoie et pays de Genève.

Au xie siècle, Guillaume de Genève donna, en s’en réservant l’usufruit, à l’abbaye de Conques, tout ce qu’il possédait à Cormières, commune de Ville-la-Grand, Paconiage, commune de Juvigny, et Romagny, commune d’Annemosse (Haute-Savoie), ainsi qu’à Meinier (canton de Genève), no 289.

Alsace.

D’après la pancarte, dans le diocèse de Strasbourg, l’abbaye possédait, à Schélestadt, sous le vocable du Saint-Sépulcre et de saint Jean ou de sainte Foi, un bénéfice, qualifié de prévôté.

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L’église de Schèlestadt et un domaine composé de terres, vignes, bois, avec les serfs des deux sexes et tous les droits seigneuriaux, furent donnés, le 23 juillet 1095, par Othon de Hohenstaufen, évêque de Strasbourg, Frédéric, duc de Souabe, Louis et Gautier, tous quatre frères, pour accomplir la volonté de leur mère, qui avait commencé la construction d’une église en l’honneur du Saint-Sépulcre et de sainte Foi, no 575.

[Note a pag. cix]

1. J’ai eu recours pour ce chapitre à l’obligeance de MM. Alart, archiviste des Pyrénées-Orientales, Duhamel, archiviste de Vaucluse, Lacroix, archiviste de la Drôme, l’abbé Ducis, archiviste de la Haute-Savoie, Guigue, archiviste du Rhône, Chaverondier, archiviste de la Loire, Long, archiviste des Hautes-Alpes, Lemaire, archiviste de Seine-et-Marne, et Lhuillier, chef de bureau à la préfecture du même département, que je prie d’agréer ici mes remerciements. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxj]

1. C’est grâce aux recherches de M. Garnier, archiviste de la Côte-d’Or, que j’ai pu reconstituer l’histoire du prieuré de Sainte-Foi de Chevigny en Bourgogne. Arch. dép. de la Côte-d’Or, 6, 246. Torna al testo ↑

2. Sainte Foi et saint Jean l’Évangéliste. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxiij]

1. On trouve cet acte publié dans le Gallia Christiana, t. I, Instrumenta, p. 53. Torna al testo ↑

2. Paris, 1843, in-4º. Texte des Documents, p. 5. Torna al testo ↑

3. La première interpolation se place à la ligne 23, après les mots possessum est: « Dono et illos septem hospites in Franca villa (Francheville, Seine-et-Marne) quos prius habuit Willelmus Normandus magister filii mei; et in dedicatione ecclesiæ, auxi alios tres hospites, cum omni consuetudine in eadem villa et XL solidos omni anno de censu Lavenne (peut-être pour avenæ) et XX de censu pontis Treiaci ».

Voici le texte correspondant de la charte de Thibaut IV: « Concedo preterea illos septem hospites in Franca Villa, quos prius habuit Willelmus Normandus, magister fratris mei, et tres alios hospites, quos in dedicatione prædicte ecclesie, mater mea auxit, cum omni consuetudine in eadem villa, et XL solidos, singulis annis, de censu Lavenne ». On voit qu’à part la dernière phrase relative an péage du pont de Troyes, il est identique.

Seconde interpolation, ligne 30, après les mots ad victum illorum committo: « ita tamen ut Rainaldus partem suam quamdiu vixerit teneat; post mortem vero ejus, omni contrarietate ablata et omnt impedimento, ad monachos /cxiij/ redeat. Insuper concedo predictis monachis in supradicta ecclesia et in ecclesia de Sens, jus patronatus, ut authoritatem habeant in prenominatis ecclesiis sacerdotes instituendi, et episcopo, in cujus diocesi constructe sunt, presentandi. »

Le texte de la charte de Thibaut IV n’est pas le même ici: « concedo, dit-il, et eis quoddam meum feudum in terra de Sauzi (c’est Sans on Sainz) fevalis come feodalis (Du Cange) cum fevalibus meis, Girardo videlicet et Roberto de Turre, et filiis eorum qui eamdem terram de matre mea tenentes, ducti amore Dei et matris meæ beate Fidi concesserunt. Cette dernière donation, approuvée par Adèle, est insèrée dans le cartulaire sons le no 486. Torna al testo ↑

[Note a pag. cxiv]

1. Texte des Documents, p. 34-41 et 42. Torna al testo ↑